Et tu travailleras le dimanche !
Une jolie chronique parue sur Points Communs, 14/10/08
Le septième jour, Dieu se reposa. Les six jours précédents, il avait crée le monde. Il venait d’inventer le dimanche.
Longtemps en notre douce France, terre chérie de Dieu et comblée de tous les bienfaits, le travail fût noble, le repos dominical sacré. Le paysan lorrain traçait son sillon, l’artisan ciselait son ouvrage, l’ingénieur construisait un monde meilleur, le financier fluidifiait les rouages, le soldat veillait.
Le hussard noir de la République et le Curé pensaient se combattre ; ils se complétaient. La morale laïque et la morale chrétienne avaient le même enracinement, Péguy aimait d’un même cœur l’Eglise et la République.
Et puis, le Curé se débarrassa de sa soutane. Le hussard noir fût envoyé au rencard, l’Etat avait d’autres soucis que l’instruction publique et l’éducation civique.
Un nouvel hédonisme regroupa sous l’étendard du libéralisme les contempteurs de la morale traditionnelle et les idolâtres du marché.
Les partisans de l’une, les adversaires de l’autre allèrent séparément au combat. Ils furent vaincus, faute d’avoir compris que sur l’homme, sa nature sociale, sa place dans le monde, leurs conceptions étaient plus proches qu’ils ne le croyaient.
Alors Dieu s’écria : « Et tu travailleras le dimanche ! »