Suite au sondage bidonné du JDD, et à la croisade de MM Sarkozy, Bertrand, Chatel, Mallié (dans l’ordre d’importance d’apparition à l’écran !) entreprise contre le repos dominical, le journal Le Monde a lancé un appel à témoignage. Voici les témoignages sélectionnés par le journal. |
« Laissons le dimanche tranquille ! »
- Une rupture du lien social, par Sylvie Dupuis
Je suis infirmière, je travaille le dimanche, la question ne se pose pas. Par contre, ce n’est pas parce que les magasins seront ouverts le dimanche que les gens auront plus d’argent à dépenser. N’oublions pas le problème des gardes d’enfants : les crèches seront-elles ouvertes le dimanche ?
Le problème majeur que je vois au travail du dimanche est la rupture du lien social .Je peux vous assurer que le fait de travailler le dimanche complique la vie pour voir ses amis. Le ministre dit que les personnes travaillant le dimanche doivent être payées double, qu’ils montrent l’exemple dans les hôpitaux , on en reparlera après (comme pour les 35 heures !!).
- Je suis contre, par Olivier Beucher
Que cela soit pratique de temps en temps, j’en conviens, mais laissons le dimanche tranquille, libre pour d’autres activités que le shopping ! Quand j’entend des gens dire que ça leur permet d’occuper leurs dimanches, je suis horrifié ! N’y a-t-il donc rien à faire d’autre que de traîner dans les galeries marchandes ? Et pourquoi pas un peu de sport, de balade, de tourisme, de visites et musées, du calme !
- Ma fille, par Mélanie Moulin-Iung
Ma fille, Célestine, a 6 mois. Depuis deux mois, j’ai repris le travail et je ne la vois que 45 minutes le matin et entre 20 minutes et 1 heure le soir. Parfois, s’il y a des embouteillages sur la route du retour, je ne la vois même pas du tout le soir. Si je travaillais le dimanche en plus, quand est-ce que je la verrais grandir ?
- Famille recomposée, par Laurent Gould
Dans le cadre de ma situation personnelle, le travail le dimanche représenterait une véritable machine de destruction. Etant divorcé, mon ex-femme remariée, les enfants de cette famille recomposée risquent de ne plus voir leurs parents le week-end si ceux ci travaillent le dimanche. La possibilité de refuser le travail dominical est un leurre. Les employeurs ont suffisamment de moyens de pression pour [forcer] un salarié contre sa volonté, et je sais que mon employeur ne se priverait pas de me forcer la main. Ce serait pour moi la fin des week-ends avec mon fils.
- Surtout pas, par Sylvain Tricoit
Je travaille sur cinq jours (au « forfait »), ma compagne n’a pas trouvé un emploi à temps plein. Elle a pris l’initiative de travailler à mi-temps loin de la maison et d’occuper le reste de la semaine avec quelques contrats de quelques heures (dont le samedi) pour un total de 36 h (et plusieurs centaines de kilomètres par semaine).
Compte tenu de cette situation, il nous arrive de nous croiser en soirée la fin de la semaine (elle loue un logement pour la première moitié de semaine), et la seule journée que nous pouvons partager est le dimanche. Il lui arrive d’ailleurs de passer plusieurs heures à dormir ce jour-là. Nous envisageons difficilement d’avoir un enfant. Aujourd’hui on nous demande déjà en entrant dans le monde du travail d’être disponible et souple, peu exigeant en terme de rémunération, mobile géographiquement, de ne pas avoir l’ambition d’être un jour enceinte, le tout avec sourire et motivation. Même en étant payé davantage pas question de sacrifier cette seule journée.
- Moins de vie de famille et sociale par Nicolas
La première chose qui choque est le soit-disant volontariat : en cette période dite « de crise », quel salarié pourra dire non au travail le dimanche et espérer garder son poste ? Sans compter la pression de ces collègues qui, eux, devront plus tourner pour compenser son absence. Avec le travail le dimanche, le salarié possède des repos en semaine… quand personne, ou presque, n’est de repos : comment participer aux réunions d’amis, de famille le week-end alors qu’on embauche tôt et comment voir ses amis la semaine quand ils travaillent ?
- Une catastrophe pour la vie associative, par Patrice L.
Personnellement, je travaille dans une société de services et je ne suis jamais sollicité le dimanche. Mon épouse travaille dans l’agroalimentaire et elle travaille exceptionnellement le dimanche, pour Pâques et Noël. Nous ne serions donc, dans un premier temps, pas directement concernés par cette mesure. Cela étant, les conséquences à terme en cas de généralisation pourraient être plus importantes. Je suis impliqué dans diverses associations. Si le week-end est travaillé, nous aurons les plus grandes difficultés à trouver des journées en commun pour nos activités puisque chacun aura un jour de disponibilité différent ! Ne restera-t-il pour seule activité que les activités solitaires, comme la télé, la console, la lecture ou le shopping ?