Commerces : l'ouverture du dimanche divise la droite

Le Figaro Judith Waintraub – 29/10/2008.


Jérôme Chartier, député UMP du Val d'Oise.

Relancée par Nicolas Sarkozy dans le cadre de la lutte contre le chômage, l'idée est contestée par une partie de la majorité.

En théorie, toute la majorité devrait défendre le droit de travailler le dimanche. L'idée, relancée par Nicolas Sarkozy, mardi, dans le cadre de l'arsenal antichômage que le président a déployé à Rethel, correspond à une promesse du candidat, sur le thème «travailler plus pour gagner plus». Les parlementaires ne peuvent donc pas se plaindre d'être pris par surprise. En pratique, la discussion s'annonce tendue autour de la proposition de loi de Richard Mallié, qui vise à autoriser de nouvelles dérogations à la fermeture dominicale des magasins.

L'examen du texte a déjà été reporté, en juin, pour cause d'encombrement de calendrier. Il est actuellement programmé pour la mi-janvier, mais depuis le discours de Rethel, le ministre des Relations avec le Parlement, Roger Karoutchi, s'efforce de dégager un créneau d'ici à la fin de décembre. Ce coup d'accélérateur en réponse à l'injonction présidentielle n'est pas fait pour apaiser les esprits, dans un contexte où les couacs se multiplient entre l'exécutif et sa majorité.

Héritage chrétien

«Le meilleur moyen de les éviter, c'est d'avoir une majorité qui participe», fait valoir Jean-François Copé. Le patron des députés UMP va créer la semaine prochaine un groupe de travail sur la situation économique. L'ouverture des magasins le dimanche figurera au menu des discussions. «Pendant la crise financière, il fallait agir dans l'urgence et dans l'unité, et on l'a fait, explique Copé. Mais la crise économique, elle, est malheureusement appelée à durer et réclame qu'on réfléchisse à une stratégie.»

Le président du groupe UMP a beau assurer que ses troupes «cherchent à aider le gouvernement», le travail dominical constitue un thème porteur pour les élus de la majorité qui veulent faire entendre leur spécificité. Et au premier chef, pour ceux qui se réclament de l'héritage chrétien, comme le député des Yvelines Jean-Frédéric Poisson, suppléant de Christine Boutin, farouchement opposé à la généralisation de l'ouverture des magasins le dimanche. Pierre Méhaignerie est également réservé, comme la plupart des élus de l'Ouest, mais aussi comme Jérôme Chartier, député du Val-d'Oise. Peu suspect d'antisarkozysme, ce jeune Turc de l'UMP refuse que «le dimanche soit considéré comme un jour ordinaire». «Au-delà de la référence aux racines chrétiennes, que j'assume, le débat est historique et culturel avant d'être économique, plaide-t-il. Je ne veux pas que l'autorisation du travail le dimanche soit, un jour, invoquée comme une justification de la disparition de la vie familiale. Il faut limiter le nombre de dimanches travaillés par salarié.» Jérôme Chartier trouve néanmoins de grands mérites à la proposition de Richard Mallié : «Elle évite de laisser la justice trancher, ce qui pourrait conduire à de nombreuses fermetures, notamment dans la grande distribution spécialisée, et elle ne se contente pas de valider des situations acquises ou des particularismes régionaux».

Ces «particularismes régionaux», qu'ils s'exercent en faveur des grandes surfaces ou, au contraire, du petit commerce, risquent aussi de compliquer le débat parlementaire.

 

Attention, le CAD ne soutient pas la proposition de Jérôme Chartier, qui prévoit de « limiter » le travail des salariés à 23 dimanches sur l'année, soit un dimanche sur deux ! Et si les députés commençaient par monter l'exemple ?
Le rapport de Jérôme Chartier est toujours disponible sur ce lien.
Par ailleurs, Jérôme Chartier avait défendu le point de vue des « contre le dimanche » dans l'émission à laquelle il avait participé surFrance Inter, le 2 août 2007.

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