Manifestation contre l'ouverture sept jours sur sept du magasin Champion

Cela ressemble finalement à une histoire de cour de récréation. Un gamin transgresse sciemment un interdit. Il n’a droit qu’à une remontrance peu dissuasive. Un autre le voit et l’imite.

Dans le fond, c’est exactement ce qui se joue aujourd’hui entre deux enseignes dans le secteur de Marcq-La Madeleine. L’une était fermée le dimanche. Depuis janvier, ses trois magasins, à La Madeleine et dans ses environs, sont ouverts tous les jours. Certes, il y a bien cet arrêté préfectoral de 1966 et réactualisé au début des années 2000, selon lequel les commerces alimentaires doivent fermer un jour dans la semaine.

Perte de chiffre d’affaires

Oui mais voilà, l’enseigne en question conteste la validité dudit arrêté. Et en attendant une éventuelle décision en sa faveur, s’assoit dessus. «  Ils attendent d’être condamnés pour se mettre en conformité car la peine financière n’est pas dissuasive », confirme-t-on à la direction départementale du Travail, qui indique que des procédures sont en cours contre cette enseigne. En attendant, le chiffre d’affaires progresse.

Du côté du magasin Champion, la tendance, depuis janvier, est plutôt inverse le dimanche. Le commerce est ouvert ce jour-là (avec une rémunération majorée de 10 %) depuis sa création, en 1997, mais fermé le lundi. «  Avec l’ouverture de ces magasins le dimanche, nous avons perdu en moyenne, en début d’année, entre 15 et 25 % de CA », indique Jean-François Guillemant, le directeur madeleinois. Les chiffres se sont un peu rééquilibrés du fait de l’agrandissement de la surface de vente (de 1 100 à 2 500 m²) depuis le printemps. Mais visiblement pas suffisamment… « On ne peut pas laisser la concurrence grignoter le chiffre d’affaires », raisonne Jean-François Guillemant. Résultat : le magasin Champion est désormais ouvert le lundi. Le seul de l’enseigne dans la région.

«  Pour l’instant », grogne Franck Dutertre, délégué national CFDT chez Champion, venu de Calais.

Hier matin, ils étaient une quarantaine, CFDT, CGT et CFTC, à manifester à l’entrée du parking. «  Nous voulons qu’il respecte la loi », déclarent à l’unisson les syndicalistes. Un huissier a été dépêché de part et d’autre. «  Une action en référé est en cours », ajoute le syndicaliste, accompagné d’une déléguée du personnel du magasin madeleinois. La seule salariée du commerce local parmi les manifestants. «  Il y a eu une promesse d’heures supplémentaires chez les employés, c’est du chantage », évoque la délégation, comme une justification à l’absence des principaux intéressés. «  C’est faux, répond le directeur. L’ouverture le lundi nous a permis de passer pas mal de temps partiel en temps plein. Six postes (en temps partiel) ont aussi été créés ».

Certes, mais quid de l’illégalité d’ouvrir sept jours sur sept ? «  Ce que je sais à mon niveau, c’est qu’il y a plein de magasins qui ouvrent tous les jours et qu’il n’y a rien de fait pour les en empêcher. » •