Des salariés manifestent pour travailler le dimanche

Le Figaro, dans sa mission de soutien du parti au pouvoir, aborde le sujet du dimanche avec une tonalité disons… subjective !

Doit-on, par exemple, parler d’un « acquis social » qui serait constitué par un salaire normal faible au point qu’une surprime pour travail du dimanche soit nécessaire ?

Doit-on parler des « milliers d’emplois » qui seraient menacés si la proposition du député Mallié ne passait pas, sans mentionner les dizaines de milliers d’emplois qui disparaitraient si elle passait (selon les propos du ministre) ?

Doit-on taire que la proposition Mallié n’est que l’ajout d’une clause dérogatoire supplémentaire à la loi, pour y intégrer les centres commerciaux du département dont il est le député, et qu’être juge et partie n’est pas la meilleure garantie d’une loi impartiale ?

Doit-on, enfin, légender la photo en écrivant que les salariés « bénéficient de majorations de salaire quand ils travaillent le dimanche » tout en « oubliant » de mentionner l’amendement ConfoKea à la loi Chatel, qui permet à tout employeur du secteur de l’ameublement de faire travailler ses salariés sans aucune contrepartie salariale ?

Cela fait un peu beaucoup, tout de même, pour une journaliste professionnelle…

Le Figaro, 18/6/08 – Aliette de Broqua

Après Marseille mardi, des employés du commerce seront demain devant le Palais Bourbon.

Les salariés de Plan-de-Campagne bénéficient de majorations de salaire quand ils travaillent le dimanche. Crédits photo : Ian HANNING/REA 

Mardi, la CGT et la CFDT mobilisaient à Marseille pour la défense des retraites et des 35 heures. C’est une autre musique qu’ont fait entendre des salariés de la zone commerciale de Plan-de-Campagne, entre Aix-en-Provence et la Cité phocéenne. «La CGT et la CFDT sont en train de faire fermer Plan-de-Campagne le dimanche, explique Olivier Boveri, président de l’association de salariés Génération Plan qui revendique 1 200 adhérents. Ils menacent nos acquis, c’est-à-dire des majorations de salaire de 250 à 300 euros par mois grâce au travail du dimanche.»

Les douze enseignes condamnées à des amendes en cas d’ouverture dominicale ont cessé toute résistance. Dix d’entre elles baissent désormais leur rideau le dimanche. D’autres commerces ont obtenu des dérogations préfectorales mais celles-ci arrivent à échéance à la fin du mois. Le préfet a prévenu qu’il ne les renouvellerait pas si la législation ne change pas. 

Régime dérogatoire

Plan-de-Campagne a prospéré depuis plus de quarante ans grâce à un régime dérogatoire. Mais la CGT et la CFDT se sont battues pour y mettre fin. Les tribunaux ont toujours donné raison aux deux syndicats même si les salariés défendent ce travail dominical. Pour sortir de l’impasse, le député des Bouches-du-Rhône Richard Maillé a déposé une proposition de loi le 17 avril visant à instaurer des zones d’attractivité commerciale exceptionnelle où l’ouverture le dimanche serait autorisée. Le texte n’est toujours pas inscrit à l’ordre du jour du Parlement.

Après leur manifestation de mardi, les salariés rejoindront celle qu’organisent demain leurs collègues de la région parisienne devant le Palais Bourbon. Richard Mallié espère que son texte soit discuté avant la fin de la session. Il a convaincu 85 députés UMP de signer sa proposition de loi et il a aussi écrit au premier ministre pour souligner que dans cette affaire «des milliers d’emplois sont en jeu».

«L’objectif est de trouver un cadre national permettant de prendre des décisions au niveau local, c’est-à-dire au niveau du préfet, explique Richard Mallié. Certains craignent que la France entière soit concernée. Nous réfléchissons à un amendement instaurant un seuil nécessaire, par exemple une population de l’agglomération de plus de 500 000 ou un million d’habitants.» Ainsi, 5 à 10 zones seulement seraient concernées comme la région parisienne, Aix-Marseille, Lyon ou Lille.

Crédits photo : Ian HANNING/REA

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