Un article de La Marseillaise du 3/3/08
Société. Alors que le débat fait rage en France quant à la déréglementation du repos dominical, les évêques dénoncent la banalisation de ce jour.
S‘il n’est pas inédit que la Conférence des Évêques de France intervienne dans le débat social, il est plus rare que son expression touche à des sujets sociaux qui font polémique. D’autant plus lorsque les dossiers opposent d’une manière aussi vive les forces de droite et de gauche. C’est pourtant le cas à propos du travail du dimanche et la déréglementation totale que semble vouloir engager la majorité présidentielle du président Nicolas Sarkozy, en particulier dans le secteur du commerce.
Dans un document préparé par les Évêques de Rouen, du Havre et du psychanalyste Jacques Arènes pour le compte du Conseil pour les questions familiales et sociales de la Conférence des Évêques de France, il apparaît que l’Église catholique française argumente en faveur du maintien du repos dominical. Non seulement en raison de la « signification chrétienne du dimanche », mais aussi car il est porteur de « précieux loisirs ».
Dans un long développement d’ordre théologique, anthropologique et social, les Évêques de France soulignent la nécessité que « chacun dispose du temps pour se reposer, vivre en famille (…) avoir une vie sociale et bénéficier des diverses propositions culturelles, sportives, etc., qui lui sont offertes ». Selon eux, « le dimanche laisse à chacun le choix de son emploi du temps (…) : il est en cela un espace de liberté et de détente, au contraire de la semaine. Le dimanche permet de se donner un équilibre de vie souvent mis à mal par le rythme de la semaine » insiste le document.
La Conférence des Evêques de France enfonce le clou en notant que « l’économie et le travail ne sont pas le dernier mot d’une vie sociale ».
En outre le document qui fait l’objet d’un numéro entier de la revue « Documents Episcopat » prévient des risques d’une telle réforme : « si le dimanche devient un jour comme les autres, on est en droit de penser que des pressions s’exerceront sur le personnel en particulier dans les conditions d’embauche, que les avantages salariaux consentis actuellement disparaîtront progressivement à moins que l’on ait recours à des emplois à temps partiel continuant à renforcer les situations de précarité de bien des familles ».
Plus largement, « élargir l’ouverture des magasins le dimanche reviendrait à banaliser ce jour et à faire passer les lois du commerce avant la dimension conviviale, familiale et spirituelle de l’existence. Ceci accentuerait l’atomisation de la société française » soulignent les Evêques.
Voilà une déclaration qui ne manquera pas d’alimenter le débat dans le Sud, notamment. Il est vrai qu’ici, la zone commerciale de Plan de Campagne, près de Marseille, la plus grande de France – fait figure de laboratoire à ciel ouvert dans les luttes relatives à l’ouverture ou non le dimanche.
PIERRE BASTIEN
Photo DR