Un article paru dans le Journal de la Haute Marne, 13/1/08
L’ouverture des magasins de meubles le dimanche a été validée par les sénateurs le 14 décembre dernier et autorisée par la loi Chatel du 4 janvier 2008. La mesure ne fait pas forcément l’affaire des « petits ». Visite dans les commerces concernés.
« Cinq dimanches par an, c’était très bien. Ouvrir tous les dimanches n’a pas d’intérêt. Banaliser comme ça le dimanche fera qu’à terme la fréquentation de nos magasins baissera ». En cette époque de baisse du pouvoir d’achat, le propos de Claude Lefebvre (Monsieur Meuble) semble frappé au coin du bon sens : « Si on n’ouvre pas, les gens ne viennent pas ». Ouvrir tous les dimanches ? Les magasins de meubles ont désormais le droit. La loi Châtel* les y autorise. La tolérance de l’Etat ou du maire pour ouvrir n’est plus requise.
L’opposition des petits magasins
Dans les faits, peu nombreux sont les commerces à vouloir appliquer une telle disposition rapidement. Mais quelques grandes surfaces qui, auparavant, ouvraient cinq dimanches par an grâce aux dérogations préfectorales, sont sur le point de franchir le pas. Alors que dans les petits magasins, on se montre sceptiques. Ouvrir le septième jour signifie : embaucher du personnel en plus. La plupart n’ont pas les reins financiers pour le faire, d’autant que rien ne prouve qu’une nouvelle clientèle franchira la porte d’entrée ce jour-là. A l’heure des 35 heures – pas encore supprimées ! -, beaucoup de consommateurs ont le temps, soit le vendredi après-midi ou le samedi, pour effectuer leurs achats. Une réalité plus visible dans les petites villes de province que dans les grandes métropoles où les temps de transport sont bien plus longs. Alors, « oui aux cinq dimanches dont un en janvier et un autre en juillet pendant les soldes, à l’occasion d’événements exceptionnels, festifs, genre dates d’anniversaire ou sur des thèmes précis », déclare le patron de l’enseigne précitée qui ne voit pas l’intérêt de changer les habitudes dominicales. D’autant que la marge est toujours bénéficiaire à l’occasion d’ouvertures exceptionnelles.
« Je suis heureux d’accompagner mon fils »
Philippe Janin (Meubles Janin), qui n’a à ses côtés qu’un collaborateur à temps partiel, ne dit pas autre chose que son confrère. On peut ouvrir de temps en temps, en particulier dans la période des fêtes de fin d’année. « L’artisan-commerçant-secrétairelivreur », comme se définit Philippe Janin, va même plus loin : « Ma philosophie est d’être contre. Ça décale la vie personnelle. Je suis heureux d’accompagner mon fils au handball le dimanche. La loi nationale ne tient pas assez compte des réalités provinciales ». Pourtant, Luc Chatel connaît bien la province ! Questionné, le directeur de But- Saints-Geosmes, M. Chevreau, n’a pas désiré répondre à nos questions. Présenté, en principe, au printemps par la ministre des Finances, Christine Lagarde, le texte de loi sur “la modernisation de la vie économique” doit traiter la question du travail dominical. Magasins de meubles ou pas, le sujet n’a pas fini de faire couler de l’encre. E. P.
*Sur le développement de la concurrence au service des Consommateurs, publiée au Journal officiel, le 4 janvier 2008.