Bientôt Noël tous les dimanches dans les magasins de meubles

La République du Centre : Publié le 20 décembre 2007 – 08:04

Alors que les vendeurs de meubles du Loiret estiment insuffisantes les deux ouvertures dominicales autorisées et en réclament cinq, voilà que le Sénat, leur en offre cinquante-deux. Un cadeau qui ne fait pas l’unanimité.
 

Comme de nombreux spécialistes de l’ameublement et de la décoration, le magasin Bois et Chiffons était ouvert à l’occasion de Noël.
Comme tant d’autres spécialistes de l’ameublement et de la décoration intérieure, le magasin Bois et Chiffons, à Saran était ouvert en ce dimanche précédant Noël.

Mais cette ouverture exceptionnelle liée à Noël pourrait bien se répéter plus fréquemment à l’avenir.

La semaine dernière, le Sénat a adopté un amendement autorisant l’ouverture des magasins de meubles le dimanche. Dans le Loiret, un département atypique où ces commerces ne peuvent obtenir que deux dérogations par an à la fermeture dominicale contre cinq dans la plupart des autres régions, la mesure fait, certes, « du bruit », mais suscite davantage de critiques et d’interrogations que d’applaudissements.

« Cette décision, ce n’est même pas un cadeau empoisonné. C’est un coup de poignard dans le dos du petit commerce et des familles », estime, contre toute attente, Jérôme Ricou, le président de la chambre régionale de l’ameublement et de l’équipement de la maison du Centre, qui fédère la plupart des enseignes du Loiret, du Loir-et-Cher et d’Eure-et-Loir. Pour le responsable patronal, en effet, une ouverture dominicale généralisée serait à la fois une erreur économique et socioculturelle.

« Des dimanches qui marchent, c’est rare, poursuit le propriétaire de Sicomob à Olivet. Cinq, c’est largement suffisamment. Les gens ont davantage de temps depuis le passage aux 35 heures et viennent plus facilement dans nos magasins le vendredi ou le lundi, voire le mercredi. Cette mesure qui va nuire à la cellule familiale est complètement inadaptée et ne générera pas de chiffres d’affaires. Il faudra pourtant ouvrir les magasins, les éclairer et embaucher. On ne pourra pas demander à nos salariés de travailler sept jours sur sept ! »

« Ce n’est pas une bonne mesure, estime aussi Nathalie Perineau, la responsable du magasin « Bois et Chiffons » de l’agglomération orléanaise. Pour nous, cinq dimanches comme dans les autres secteurs, seraient suffisants. On reste ainsi sur de l’événementiel qui génère des ventes exceptionnelles sur des périodes fortes : Noël, soldes… Mais en mai, qu’est ce qu’on va faire ? Nous sommes déjà un secteur qui a du mal à recruter. Le travail du dimanche va accentuer ces difficultés. (…) Et puis, on a pensé à ce que ça va générer comme pollution des commerces ouverts 7 jours sur 7 ? »

« Brèche pour les hypers »

À titre personnel, Jérôme Ricou pense que cette décision est le résultat des pressions de deux lobbies : celui de la grande distribution « pour récupérer des parts de marché sur le petit commerce qui a retrouvé des couleurs et qui est ouvert le dimanche matin » et celui des promoteurs immobiliers « pour obtenir le développement plus rapide des centres à thème mêlant activités commerciales et ludiques et nécessitant obligatoirement d’être ouverts le dimanche ».

Une simple « hypothèse » mais partagée, au moins en partie, par d’autres responsables de magasins, certains que « cette décision ouvre une brèche pour les hypermarchés ». Le gouvernement ne cache pas qu’il étudie un assouplissement général du travail du dimanche. Or, le secteur de l’ameublement – où le travail du dimanche est strictement encadré – vit une situation tendue en région parisienne avec la condamnation à de fortes amendes de plusieurs grandes enseignes ayant ouvert leurs portes au-delà des cinq dimanches autorisés.

Reste que si l’ouverture dominicale peut s’avérer pertinente (et rentable) à Paris, elle ne l’est pas forcément dans le Loiret !

Sandrine Séon

 

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