Un article paru sur Yahoo France
PARIS (AFP) – L’ouverture des magasins le dimanche, que le Sénat veut étendre aux magasins d’ameublement, est un sujet que Nicolas Sarkozy abordera lors de la conférence sociale mercredi prochain avec des syndicats généralement hostiles à une généralisation du travail dominical.
Le Sénat a adopté dans la nuit de jeudi à vendredi un amendement au projet de loi sur la consommation, visant à autoriser l’ouverture le dimanche des « établissements de commerce de détail d’ameublement ».
Le secrétaire d’Etat à la consommation, Luc Chatel, qui prépare une loi sur l’ouverture des magasins le dimanche pour début 2008, a fait valoir qu’il y avait « urgence », des enseignes ayant été condamnées pour avoir ouvert le dimanche. Il s’agit notamment de Conforama, Casa, Fly et Atlas, sur assignation de FO dans le Val d’Oise.
Selon M. Chatel, il y a dans ce secteur une « conjugaison » entre « la volonté des consommateurs qui veulent faire leurs achats le dimanche, des professionnels qui veulent faire des affaires, et des salariés qui veulent travailler plus pour gagner plus ».
A deux reprises en septembre, plusieurs centaines de salariés de Conforama en Ile-de-France avaient manifesté en ce sens, avec l’assentiment de leur direction qui leur avait fourni des camionnettes. Durant l’été, des salariés de la zone commerciale de Plan-de-Campagne (Bouches-du-Rhône) avaient fait de même.
Plusieurs syndicats contestent cependant la réalité de ce volontariat, sondages à l’appui. D’après l’Ifop début décembre, 53% des Français ne seraient pas prêts à travailler le dimanche, et 26% le seraient.
Pour FO, « les salariés ne sont jamais volontaires car ils sont toujours contraints économiquement ». De même, selon la CGT, « le volontariat est une illusion, tant le rapport salarié employeur est inégalitaire ».
Aux yeux des syndicats, la liberté laissée aux enseignes d’ameublement est une brèche annonciatrice d’autres atteintes au repos dominical. « Et demain à qui le tour? », s’interroge la CFTC.
Le travail dominical est en effet un des quatre thèmes au menu de la conférence sociale prévue mercredi à l’Elysée, qui doit fixer l’agenda social 2008, et doit aussi faire l’objet le même jour d’un débat au Conseil économique et social.
Le président Nicolas Sarkozy avait indiqué fin novembre qu’il voulait que les salariés souhaitant travailler le dimanche « puissent le faire sur la base de l’accord, du volontariat, qu’ils soient payés le double ».
La CFTC se demande pourquoi l’amendement sénatorial a précédé la conférence sociale et le débat au CES : « peut-on encore parler de dialogue avec les partenaires sociaux? » La confédération envisage même un recours en justice pour imposer ce dialogue.
CFTC, FO et CGT sont à la pointe du combat contre une extension des ouvertures le dimanche, qui seraient « destructurantes » aux plans économique et social et menaceraient notamment les commerces de proximité.
Le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, dont la confédération a lancé une campagne de cartes pétitions, a déjà annoncé que ce ne sera pas pour lui « un sujet de négociation » en 2008.
« Les conditions de travail et de vie des salariés du commerce (sont) déjà fortement dégradées suite aux ouvertures de plus en plus tardives, et au travail du samedi », note FO.
Pour la CGT-commerce, « accorder davantage de dérogations » contribue à « une déréglementation générale des horaires hebdomadaires, permettant plus facilement la remise en cause de toutes les durées légales » du travail.
Par Anne-Pascale REBOUL