Libre propos
Nicolas Sarkozy et Xavier Bertrand ont l’air bien décidés à faire travailler les français le dimanche, qu’ils le veuillent ou non : le premier est revenu sur cette intention au cours de son allocution du 29 novembre, tandis que le second lui emboitait le pas dans son entretien du 2 décembre au JDD.
Cela faisait suite aux vraies-fausses déclarations d’Attali : souvenons-nous, la commission pour la « libération de la croissance » qui déclarait qu’il fallait travailler le dimanche, juste le temps de mesurer les réactions, et qui reniait ensuite cette proposition.
On pourrrait s’étonner de l’acharnement à imposer cette mesure, dont il ne faut rien attendre en terme économique.
En effet, l’ouverture de tous les magasins le dimanche n’est pas un facteur de croissance, cela, tout le monde le sait bien : ce n’est pas parce que tout sera ouvert 7 jours sur 7 que nous allons acheter deux fois plus de télévisions, de lits, ou de voitures. Et l’impact sur le PIB de la possibilité offerte au touristes d’aller se jeter sur les valises, les sacs, ou les colliers à chiens chez Vuitton (rien que des produits culturels de première nécessité) reste anecdotique.
Alors, au final, à qui profite le crime ?
L’impact de cette mesure aura juste pour effet de modifier l’équilibre du mode de consommation : ce qui était consommé le dimanche matin chez le boulanger, le fleuriste, ou au marché, va être dépensé chez Ikea, Leclerc, Darty, Confo ou la FNAC.
Voilà une mesure qui ne sert qu’à une seule chose, à accroître encore le chiffre d’affaire des grandes enseignes.
Il est évident qu’avec un patrimoine équivalent à celui de 75.000 personnes, M Kamprad, patron d’Ikea est davantage entendu dans les allées du pouvoir que Monsieur Martin, libraire à Clamart, et que le temps ou les gouvernements veillaient à protéger les petits de la voracité des gros est révolu. Faut bien payer les affiches de la campagne et les conseillers marketing du parti, ma bonne dame…
Tout doucement, nous marchons vers le meilleur des mondes…
Thibault Mortier