Le tribunal de Pontoise a interdit à sept enseignes de l’ameublement d’ouvrir le dimanche. Elles ont décidé de passer outre, malgré les astreintes financières, et mettent en avant leur spécificité
Sept enseignes de l’ameublement, Conforama, Ikea, But, Fly, Crozatier, Alinéa et Atlas ont décidé de faire front commun pour demander au gouvernement de pouvoir ouvrir de plein droit le dimanche en Île-de-France. Le 14 septembre, le tribunal de grande instance de Pontoise les a condamnés à de lourdes astreintes, en cas d’infraction, à la suite d’une plainte déposée par Force ouvrière.
Conforama est ainsi sous la menace de devoir payer 50 000 € par dimanche travaillé pour chacun de ses trois magasins du Val-d’Oise. Comme les six autres, l’enseigne a décidé de passer outre et a ouvert depuis. La facture se monte déjà à 2 millions d’euros, mais les enseignes n’ont encore rien payé, puisqu’elles ont fait appel du jugement.
« Nous ne comprenons pas. Tous nos autres magasins de région parisienne ouvrent le dimanche, parfois depuis quarante ans. Pourquoi cette interdiction dans le Val-d’Oise, alors que d’autres grandes surfaces installées dans la même zone sont ouvertes », s’interroge Christophe Cuvillier, le PDG de Conforama.
Une association montée pour défendre le travail dominical
Il s’estime victime d’une « prise d’otage » et affirme avoir le soutien des salariés, tous « volontaires pour travailler le dimanche, dont la plupart des délégués syndicaux ». Sur les 1 800 salariés de Conforama en Île-de-France, 1 150 travaillent le dimanche.
Le lendemain du jugement, 400 salariés de Conforama ont manifesté à Herblay, en signe de soutien à la direction. Une association, Génération Confo, a même été montée pour défendre le travail dominical, qui permet de gagner au minimum 280 €, sans compter les commissions pour les vendeurs.
« Les salariés ont fait grève pour manifester, mais ils étaient payés pendant ce temps-là et utilisaient les camionnettes des entreprises. Si les gens veulent travailler le dimanche, c’est parce que les salaires sont bas. On fait de cette question, une affaire de principe », affirme Françoise Nicoletta, secrétaire fédérale de FO-commerce.
Le gouvernement a promis de légiférer l’an prochain
Christophe Cuvillier se défend de vouloir mener un combat national sur le sujet. « Je ne demande pas l’ouverture du dimanche pour nos magasins de province et je ne crois pas non plus que cela soit une bonne idée d’ouvrir tous les types de commerce ce jour-là », explique-t-il.
Il met en avant la spécificité de la région parisienne. « Les meubles se choisissent en famille et les gens n’ont pas le temps de venir la semaine », affirme le PDG de Conforama, qui réalise 23 % de son chiffre d’affaires en semaine.
Pour sortir de cet imbroglio, qui fait que certains bénéficient de dérogations et d’autres pas, le gouvernement a promis de légiférer l’an prochain. « Rien ne peut se faire sans les partenaires sociaux avec qui nous allons entamer des négociations », précisait jeudi 11 octobre l’entourage de Luc Chatel, le secrétaire d’État à la consommation.
Jean-Claude BOURBON