Echo de la marchandisation : Confo envoie des salariés-mercenaires manifester contre le repos dominical.
« C’est la première fois que je vois ça : la direction aide les manifestants et ferme les dépôts ». D’après ce salarié de Confo, la direction se serait montrée « très compréhensive », en laissant à disposition des manifestants des camionnettes siglées Conforama, pour les amener à la manifestation de ce jeudi 6 septembre au siège de FO, à Cergy.
Motif indiqué par l’un des manifestant-mercenaire, confinant à l’absurde : « « si on travaille le dimanche, c’est qu’on en a besoin. C’est important d’avoir le choix. » (Gael, cité par le Parisien du 7/9). Dans la première de ses affirmations, ce salarié dit qu’il travaille le dimanche par besoin, et dans la seconde, il affirme que ce n’est pas par besoin, mais par choix. Subtil…
Autre motif indiqué par une autre manifestante-mercenaire : « Mais si je perds mes primes du dimanche, ma vie va être bouleversée : comment est-ce que je vais payer mon loyer, et le crédit que j’ai pris pour ma voiture ? » dit Marie-Aurore. Voila une gentille salariée de chez Fly, qui a trouvé un emploi illégal qui lui rapporte, et qui au mépris total des autres salariés (et des autres directeurs d’enseigne qui eux, respectent la loi), entend défendre son crédit auto personnel contre le repos dominical de tous les salariés de France ? Bel exemple d’égoïsme à courte vue, Marie-Aurore aura du souci à se faire pour sa prime misérable quand le travail du dimanche sera devenu la règle.
Il est attristant que Conforama recoure à des boucliers humains mercenaires pour protéger ses intérêts marchands : « on réalise près de 20 % de notre chiffre d’affaires ce jour-là « , selon Maurice, responsable des approvisionnement au Confo de Saint Brice. Il est aussi attristant de trouver des salariés qui, pour une prime de 70 euros par dimanche, s’avèrent prêts à défendre leur crédit auto au mépris de tous les autres salariés.
Sur le lien lire la suite : l’article du Monde, celui du Parisien, celui de Libération.
Des salariés de Conforama manifestent pour travailler le dimanche
LE MONDE | 07.09.07 | 14h49 • Mis à jour le 07.09.07 | 14h49
Environ 200 employés de Conforama ont manifesté, jeudi 6 septembre, devant la Maison des syndicats de Cergy-Pontoise (Val-d’Oise). A l’origine du mouvement, l’association de salariés « Génération Confo IDF », qui milite pour l’ouverture des magasins le dimanche. Il est rare de voir des employés reprocher aux syndicats de vouloir les protéger. Pourtant, en manifestant, ces salariés entendent faire pression sur Force ouvrière (FO). Le syndicat a en effet attaqué devant la justice la décision du préfet du Val-d’Oise, qui a autorisé en juin l’enseigne de distribution à ouvrir ses magasins le dimanche. L’audience devait se dérouler vendredi devant le tribunal de grande instance de Cergy.
« Sarkozy nous dit « travailler plus pour gagner plus », on veut le faire, explique Valérie Barreiros, salariée depuis vingt ans chez Conforama. C’est moi qui demande à travailler le dimanche, je veux avoir le choix et n’oblige personne. » Elle refuse la fermeture dominicale car « sinon on sera obligé de travailler au moment de la pause de midi et on devra faire des nocturnes. Si demain il faut qu’on milite avec les clients, on le fera« , affirme-t-elle.
« C’est à nous de venir voir les syndicats et leur dire : on a un problème« , renchérissent Guy, Alain et Abdel, employés au Conforama de Colombes (Hauts-de-Seine). La prime de 70 euros par dimanche travaillé est au centre de leurs préoccupations et les aide à boucler les fins de mois.
D’autres sont plus sceptiques à propos de ce mouvement. « On ferait mieux de se battre d’abord pour la revalorisation des salaires, et ensuite parler du travail le dimanche« , estime un salarié proche des syndicats, qui souhaite garder l’anonymat. Celui-ci affirme que la direction aurait été « très compréhensive », en laissant à disposition des manifestants des camionnettes siglées « Conforama ». « C’est la première fois que je vois ça : la direction aide les manifestants et ferme les dépôts », ironise-t-il.
FO s’en tient aux principes et à la loi : « Celle-ci est claire : le travail le dimanche est interdit, on ne fait que la respecter. Le cadre est en train de changer, il faut s’organiser pour arriver en position de force », explique Me Lecourt, l’avocat du syndicat. La décision du tribunal est attendue en début de semaine prochaine.
Gabriel Vedrenne
Article paru dans l’édition du 08.09.07
Les salariés de Conforama veulent ouvrir le dimanche
Pour les employés de Conforama, travailler le dimanche est un droit. C’est en tout cas ce que sont venus crier plusieurs centaines d’entre eux, hier matin, devant le siège départemental de Force ouvrière, à la maison des syndicats de Cergy. A la veille d’un jugement du tribunal de grande instance de Pontoise qui doit entériner l’obligation, sous peine d’astreinte, de fermeture dominicale pour les trois magasins Conforama du département (à Garges, Herblay et Saint-Brice), les manifestants sont venus demander à la centrale syndicale de retirer sa plainte pour travail illégal, avant d’être reçus à la préfecture du Val-d’Oise.
Soutenus par leur direction « Il faut qu’ils nous entendent, on réalise près de 20 % de notre chiffre d’affaires ce jour-là », témoigne Maurice, responsable d’approvisionnement au Conforama de Saint-Brice. Inquiet pour les résultats de son entreprise, ce salarié l’est aussi pour ses fins de mois : « pour moi, ne plus travailler le dimanche ça veut dire 300 € de primes en moins chaque mois, c’est 20 % de mon salaire. » « Moi c’est la moitié de mon loyer ! » renchérit un autre manifestant, qui brandit rageusement sa corne de brume face au local syndical.
Largement soutenus par leurs directions respectives, les employés d’autres magasins ouverts le dimanche sont venus grossir la troupe des manifestants : « Notre enseigne est également poursuivie par Force ouvrière témoigne Marie-Aurore, assistante caissière chez Alinéa, à Herblay. Mais si je perds mes primes du dimanche, ma vie va être bouleversée : comment est-ce que je vais payer mon loyer, et le crédit que j’ai pris pour ma voiture ? » Même discours chez Gaël, vendeur au magasin Fly d’Herblay : « si on travaille le dimanche, c’est qu’on en a besoin. C’est important d’avoir le choix. » Et de critiquer le syndicat, « des gens dans leur bulle, qui n’écoutent même pas ce que veulent les salariés. »
Du côté de FO, on assure « comprendre la détresse financière » des manifestants. Pourtant, le syndicat a refusé de revenir sur les poursuites engagées, malgré les demandes des salariés de Fly, Alinea et Conforama. « Force ouvrière a une vision plus globale que celle de salariés pris en otage par leur employeur, plaide Maître Lecourt, l’avocat du syndicat. Ces salariés se trompent de combat : ils feraient mieux de demander des revalorisations de salaire à leur entreprise, qui dégage des marges confortables tout
en les payant au smic, et les utilise comme boucliers humains pour éviter une sanction inéluctable. »
Aurélien Perol
Le Parisien , vendredi 07 septembre 2007
Conforama s’active contre le dimanche chômé
Emploi. Des salariés de l’enseigne ont manifesté contre une recommandation syndicale.
Par Laureen OrtiZ
QUOTIDIEN : samedi 8 septembre 2007
Travailler le dimanche pour gagner plus. L’idée est défendue contre les syndicats, non par Nicolas Sarkozy ou l’un de ses fidèles, mais par des salariés de l’enseigne d’ameublement Conforama de la région parisienne. Regroupés au sein de l’association Génération Confo IDF (Ile-de-France), ils ont manifesté jeudi pour dire «non à la fermeture du dimanche».
Main dans la main. Rejoints par des employés de marques voisines telles Fly et Alinéa, ils se sont retrouvés à 250 à Cergy (Val-d’Oise) grâce à des navettes mises à disposition par la direction de Conforama, qui voit d’un très bon œil ce genre de lutte sociale. «Les salariés sont conscients de la réalité économique : nous réalisons 22 % de notre chiffre d’affaires le dimanche, affirme Philippe Achalme, responsable des ressources humaines du groupe. En plus, ceux qui travaillent ce jour-là bénéficient d’une prime de 70 euros.» Désormais, salariés et dirigeants attendent, main dans la main, la décision du tribunal de grande instance de Pontoise, prévue vendredi et reportée à la fin de la semaine prochaine.
Car le syndicat Force ouvrière (FO) a attaqué Conforama devant la justice administrative, après que l’entreprise a obtenu, en mai, l’autorisation de la préfecture du Val-d’Oise d’ouvrir ses trois magasins dans le département. En vertu de cette procédure et en attendant la décision du tribunal administratif, Conforama est censé suspendre ses ouvertures dominicales. Il n’en est rien. «On a toujours ouvert sans autorisation, comme beaucoup d’enseignes. L’Etat ferme les yeux», avoue une collaboratrice de Conforama. FO contre-attaque alors en civil, d’où l’importance du jugement de la semaine prochaine qui dira, en cas de réponse négative, de quel montant sera l’astreinte à payer. Mais Conforama n’a cure de ces menaces. En janvier déjà, à l’initiative de la CFTC, les trois magasins avaient été condamnés par le tribunal de Pontoise à payer 40 000 euros d’astreintes par ouverture dominicale. Cela n’a pas empêché le groupe d’ouvrir sans payer son dû.
«Obsolète». Pourquoi tant d’acharnement à faire fi de la loi française ? «Cette législation du repos dominical obligatoire est obsolète au regard d’une directive européenne de 2002. Ces ouvertures sont donc légales à nos yeux, et nous aurons recours à la Cour de justice des communautés européennes si nous perdons», résume Philippe Achalme. Ce dossier cher à Sarkozy, fait justement partie des thèmes de travail de la commission Attali sur la croissance. Selon Achalme, la demande d’assouplissement des règles se limite à l’ameublement, où «les achats se font en famille», et à la région parisienne, où «les rythmes de vie imposent parfois de faire ses courses le dimanche».
Membre de Génération Confo IDF, Valérie Barreiros, responsable de caisse dans un magasin d’Orgeval (Yvelines), estime que «c’est important humainement de pouvoir travailler le dimanche. On ne veut pas travailler plus, mais avoir le choix. Quand on gagne à peine plus du Smic, percevoir jusqu’à 300 euros de plus par mois, ça permet d’accéder à la propriété, de partir en vacances…»
Au contraire, «ces employés feraient mieux de manifester pour être mieux rémunérés», dit FO, dont la démarche est soutenue par la CGT, syndicat majoritaire à Conforama. Condamnant la manifestation de jeudi, Manuel Marini, délégué syndical central de la CGT, estime que travailler le dimanche, sur la base du volontariat est un leurre. «Celui qui dit qu’il n’est pas d’accord ou pas disponible, quelle chance a-t-il d’être embauché ?»
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