Attali, nouvel expert du dimanche ?

Nicolas Sarkozy n’est pas un jour sans étonner : voici qu’il vient de nommer Jacques Attali, ancien conseiller de François Mitterrand, à la tête d’une commission d’évalutation sur les freins à la croissance. Une nomination qui n’est pas sans faire grincer des dents, à gauche mais aussi à droite.

La commission doit rendre un rapport vers la fin novembre, mais après avoir abordé notamment le travail le dimanche, en préalable à un éventuel projet de loi, selon le journal « Challenges ».

Si l’objectif général est louable, on ne voir absolument pas pourquoi la question du travail du dimanche fait partie des attributions de la future commission Attali.

L’impact économique de la question du travail du dimanche est en effet une bouteille à l’encre comme on en fait peu : comment chiffrer sérieusement un impact qui se joue à la marge, en tenant compte à la fois de l’augmentation des ventes de certains grands groupes, et la diminution des ventes des autres, la disparition des milliers d’emplois évoqués en son temps par Renaud Dutreil (avant qu’il ne s’en satisfasse), tout en y ajoutant le coût du mal-être social qui en découle : pendant que les parents passent leurs dimanches au Confo, comme clients ou comme salariés, que font les enfants ?

L’impact économique du travail du dimanche est sans aucun rapport avec par exemple l’impact de la lourdeur des prélèvement sociaux en France, la sur-administration, la sur-réglementation, la perméabilité des frontières, etc. Quel autre but, pour mettre ces deux missions dans le même panier, que celui d’entériner un choix déjà fait dans les coulisses ?

Si Nicolas Sarkozy nous a habitué à des méthodes tambour-battant, il est des domaines dans lequel on ne peut pas se permettre de jouer à l’apprenti-sorcier, et une réforme de ce genre, qui touche un rythme datant de l’Empire Romain, ne peut pas être bousculée à la va-vite par une commission de « sages » qui plancherait pendant l’été, entre plage et yacht.

Lire la suite : l’article du journal Challenges

Attali rassure sur sa mission confiée par Matignon
Challenges.fr | 25.07.2007 | 16:55

L’ancien conseiller de François Mitterrand présidera la commission sur les freins à la croissance, à la place de Philippe Séguin.

Jacques Attali, qui a accepté une mission du gouvernement Fillon, agira en “intellectuel libre“, a-t-il fait assuré mercredi 25 juillet.

Matignon a annoncé mardi que l’ancien conseiller du président François Mitterrand présiderait la commission sur les freins à la croissance, une proposition faite par le Premier ministre.

Interrogé sur France Inter, Jacques Attali a expliqué que « le président de la République et le Premier ministre m’ont demandé de composer à ma guise et de présider une commission de réforme sur les conditions de la libération de la croissance en France (…)“. « Je le ferai comme un intellectuel libre qui proposera des réformes au pays », a-t-il ajouté.

Il a ensuite précisé que la commission devait être « opérationnelle début septembre“.

Nicolas Sarkozy avait annoncé la mise en place de cette commission le 20 juin, et l’avait chargée de  » recenser tous les obstacles à l’expansion », notamment « l’amoncellement des réglementations ».

Le travail le dimanche au cœur des discussions

La commission doit rendre un rapport vers la fin novembre, après avoir abordé notamment le travail le dimanche, en préalable à un éventuel projet de loi.

Le chef du gouvernement s’est tourné vers Jacques Attali après le refus de Philippe Séguin, qui devait à l’origine présider cette commission. C’est le ministère de l’Economie qui a fait savoir mardi que le premier président de la Cour des comptes Philippe Séguin avait renoncé à cette mission.

Changement de doctrine?

Mi-mai, l’ancien conseiller de François Mitterrand avait évoqué la possibilité d’accepter une mission de la nouvelle équipe au pouvoir, précisant néanmoins qu’il voulait limiter son éventuelle contribution au domaine international

Il avait défendu les personnalités de gauche participants au gouvernement de Fillon dans une interview à Europe 1. A condition toutefois qu’elles n’interviennent que sur la diplomatie ou la défense.

A l’inverse, ajoutait-il, « si l’un ou l’autre devient ministre d’un sujet de politique intérieure, je dirai qu’ils ont changé complètement leur doctrine ».

Fondateur de la Berd

Cet économiste et écrivain a été le conseiller spécial de l’ancien président Mitterrand de 1981 à 1990. C’est un ancien élève de l’ENA, qui a fondé la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), et préside PlaNet Finance depuis 1998.

Il a également écrit de nombreux ouvrages, dont les trois tomes de « Verbatim », « C’était François Mitterrand » et « Une brève histoire de l’avenir ».

 

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