Touchez pas au dimanche !
Chrétiens et laïques doivent ensemble résister à la transformation des citoyens en bêtes économiques.
Depuis maintenant plusieurs siècles, le dimanche est jour chômé en France comme dans beaucoup d’autres pays. Le christianisme y est bien sûr pour quelque chose puisqu’il s’agit du jour qui commémore la résurrection du Christ
Les chrétiens, toutes confessions confondues, se rassemblent pour célébrer l’eucharistie, écouter l’Ecriture sainte, prier. A cela il faut ajouter aussi, dans de nombreux endroits, l’enseignement du catéchisme. Car l’ancienne République laïque de 1905 avait concédé le jeudi, qui était strictement respecté par les établissements publics, pour que l’enseignement religieux soit dispensé dans les paroisses. Notre actuelle République l’a remplacé par le mercredi qui, dans bien des cas, est loin de laisser aux Eglises les disponibilités de l’ancien jeudi. C’est dire l’importance du dimanche pour les chrétiens.
Un article du Père Michel Viot, curé du diocèse de Blois
De plus, supprimer le jour chômé du dimanche au profit d’un jour aléatoire, c’est rendre plus difficiles encore le regroupement des familles, les rencontres amicales ou associatives, c’est accroître encore la tension due à la nécessité de coordonner divers rythmes. Ce que tant de familles ressentent comme une épreuve de la vie commune tout au long de la semaine ne connaîtra même plus un répit de 24 heures ou de 48 heures comme c’est le cas aujourd’hui. Et au profit de quoi ? Du commerce ?
Qu’on n’invoque pas le pluralisme religieux de la France actuelle comme une raison de changement : juifs, chrétiens et musulmans savent chacun de leur côté l’importance de consacrer un jour à Dieu, et même si, dans l’idéal, chaque groupe pourrait souhaiter que ce soit le sien, aucun d’entre eux ne serait heureux de voir la société tourner encore plus le dos au principe d’une référence au Jour du Seigneur pour mieux adorer Mammon.
Je m’inquiète donc de voir le député UMP Pierre Lellouche et quelques sénateurs songer sérieusement à des lois qui finiront par ôter au dimanche son caractère de jour chômé. Une tentative analogue avait été faite outre-Rhin il y a plusieurs années. Elle a échoué grâce à l’union des chrétiens de toutes confessions et des syndicats. Une telle forme de résistance est donc possible en France et même souhaitable car il y a fort à parier que les chrétiens seuls ne seraient pas entendus dans notre pays, où l’on semble mépriser la sensibilité de deux Français sur trois qui se reconnaissent chrétiens.
Il importe donc que se mobilisent tous les hommes et toutes les femmes qui refusent d’être réduits à des bêtes économiques comme le voudrait l’ultralibéralisme que, je le signale au passage, condamne la doctrine sociale de l’Eglise. Sauvons donc notre dimanche, empêchant ainsi une régression spirituelle et aussi sociale.
Michel Viot