Campagne nationale en faveur du repos dominical.
Ce vendredi 16 février 2007 a eu lieu à Paris la Conférence de Presse de lancement de la Campagne Nationale pour défendre le repos dominical.
Neuf responsables de syndicats et de fédérations patronales ont présenté à l’unanimité leurs arguments. Des arguments très variées, aussi bien sociaux qu’économiques. Le compte-rendu de l’envoyé spécial de www.travail-dimanche.com
|
Les intervenants : · Jacques Biancotto, CFE-CGC Fédération Nationale de l’Encadrement du Commerce et des Services Les participants à la campagne : Organisations syndicales : · CFTC, Fédérations patronales : · CNDL, · Fédération Française des Détaillants en Droguerie, Equipement du Foyer et Bazar Le site Internet : http://www.reposdominical.com/. |
1. Choix de Société : le souhait de la majorité des français est sans équivoque :
-
90% des Français en activité se disent attachés au dimanche;
-
80 % des patrons sont pour le repos dominical;
-
90 % des commerçants souhaitent que le repos hebdomadaire reste dominical.
2. Vie de Société : La société n’a pas seulement un espace marchand, mais a aussi une vocation familiale et communautaire.
En Espagne les commerçants sacrifient leur vie de famille, pas pour faire du bénéfice mais pour une question d’image. L’ouverture de dimanche a été imposée malgré l’opposition des commerçants et des consommateurs qui regrettent la multiplication excessive d’ouvertures.
Aux États Unis l’ouverture dominicale a entraîné la mort de villes, les magasins partent dans les zones commerciales, les villes deviennent des dortoirs sans âme, ce qui est encore plus grave pour des villes déjà défavorisées. Mais une fois dans le mur comment faire pour revenir ?
3. Richesse & Rentabilité : Le chiffre d’affaire reste inchangé, les dépenses de 6 jours seront repartis sur 7 jours. P>
En revanche, concurrence pour un CA limité oblige, les magasins seront obligés de rester ouverts le dimanche, donc un jour de plus de frais généraux.
Pour garder la rentabilité, l’inévitable réduction d’effectifs et la dégradation des conditions de travail. Beaucoup de petits commerces et de commerces de proximité fermeront. En Angleterre, dans le pays entier, il ne reste plus que 400 magasins de chaussure indépendants.
4. Emploi : l’ouverture du dimanche ne créera globalement aucun emploi, mais ne fera que déplacer l’emploi
Pire encore, les emplois CDI & qualifiés de la semaine transformeront en emplois précaires & non qualifiés du dimanche.
5. Volontariat : Et ceux qui veulent travailler le dimanche ? Aussi bien dans les faits que dans les contrats d’embauche, ce qui peut passer de prime abord pour une liberté termine fatalement en une obligation.
Le salarié travaille toujours à la demande de l’employeur, pas le contraire.
Des travailleurs qui veulent travailler le dimanche contre le syndicats qui ne le veulent pas ? Rien de nouveau, il a toujours eu de la concurrence entre salariés, entre ceux qui peuvent trouver un intérêt à court terme contre l’intérêt général à longue terme.
6. Salaires : la banalisation inévitable du salaire dominical.
Les salaires dans le commerce sont déjà très bas, la plupart de salariés ne touchent pas plus que le SMIC.
La Cour de Cassation en France a déjà tranché, la majoration pour travail du dimanche ne s’applique que si l’ouverture est exceptionnelle. Par exemple, dans l’hôtellerie et la restauration il n’y a pas de majoration.
A terme, les majorations pour travail le dimanche disparaitraient du fait de la banalisation des ouvertures.
7. Population concernée : l’effet domino
Dans un premier temps 2 million de travailleurs français sont directement concernés.
Après nous pouvons nous attendre à l’effet domino : les commerces ouverts le dimanche entraîneront de fil et aiguille les autres professions ex : transport, nettoyage, crèche, cantines, banques…
8. Précarité généralisée.
Les conditions de travail dans le commerce ont toujours été le laboratoire des conditions sociales françaises. La précarité liée au travail du dimanche ne manquera pas de s’étendre ensuite aux autres secteurs.
9. Disposition anti-européenne
La plupart des pays d’Europe restent attachés au repos dominical, ex : l’Allemagne, l’Autriche, le Danemark, la Grèce, la Belgique.
10. Les élections présidentielles 2007
Plus de 2 millions personnes directement concernés, plus leur familles, cela fait beaucoup d’électeurs.
Nous demandons donc au Gouvernement et aux candidats à la Présidence :
-
de faire respecter la Loi actuelle
-
de respecter les souhaits d’une large majorité de Français
-
des programmes qui reflètent le choix de société de la majorité des Français
11. Réglementation actuelle
La loi actuelle est souple et équilibrée, elle permet de poser le principe du repos dominical, tout en prévoyant les dérogations nécessaires aux situations particulières (ex. la possibilité d’ouverture des boulangeries le dimanche, ou le fonctionnement de certaines usines dont les processus ne peuvent être interrompus)
Mais il faut noter des abus, des manques de précisions qui entraînent des dérives :
-
La loi actuelle n’est pas appliquée correctement, certains centres commerciaux ouvrent illégalement depuis des années sans aucune réaction de la part de l’inspection du travail
-
Des dérogations abusives sont accordées, par ex : Louis Vuitton qui se présente comme un « espace culturel », ou Gonesse qui s’est déclaré zone touristique.
Vu sur le site http://www.reposdominical.com/ :
C’est un choix de société !
Le dimanche non travaillé doit être protégé !
La loi nous permet déjà d’ouvrir 5 dimanches dans l’année pour des événements comme les soldes.
Aller plus loin est inutile !
Il existe des enjeux à la fois sociaux, économiques et culturels.
La perte d’emplois à terme et l’accroissement de l’emploi précaire
L’étalement du chiffre d’affaires du lundi au dimanche ne permettra pas de créer des emplois.
Seule la masse salariale augmentera. Les prévisions du ministère du Travail montrent que l’ouverture de tous les commerces 7 jours sur 7 se traduira par une perte de 30 000 emplois dans les deux premières années.
L’inévitable désorganisation de la gestion du personnel dans nos boutiques
La plupart de nos magasins compte en moyenne 2 salariés ce qui rend impossible un roulement dans l’entreprise sur 7 jours.
L’emploi occasionnel du dimanche, c’est un personnel qui n’est pas formé aux métiers de la vente, pas motivé et en perpétuel renouvellement.
Le volontariat « forcé » des salariés… et des employeurs
Le volontariat n’est pas une notion objective dans le cadre d’une relation de subordination entre employeur et salarié.
Si l’emploi de salariés le dimanche devient une règle générale, il n’y aura plus lieu de distinguer le dimanche des autres jours de la semaine. Pour l’employeur et ses salariés, obligés de travailler ce jour-là, c’est du « perdant/perdant » !
La certitude d’une augmentation des prix
La généralisation de la commercialisation des produits 7 jours sur 7 entraînera pour les consommateurs un surcoût quasi immédiat chiffré à 3 % minimum, qui s’explique par une hausse des charges de l’entreprise d’environ 19 %.
Le transfert de l’acte d’achat de la semaine vers le dimanche n’augmente pas les ventes
Parce que le pouvoir d’achat du consommateur n’est pas extensible, les parts de marché prises le dimanche se traduiront par une diminution de la rentabilité des jours de semaine.
La fragilisation de l’équilibre économique
Ouvrir tous les dimanches est humainement impossible pour plus de la moitié des commerces indépendants. Cette impossibilité engendrera un déplacement des parts de marché et un déséquilibre économique.
La remise en cause de la vie familiale, personnelle, culturelle et associative…
Le dimanche est le seul jour de repos où chacun peut être libre de penser à soi, d’être en famille, avec ses amis…. Il est notre dénom
inateur commun indispensable à l’équilibre social et un temps de pause.
Au niveau européen et international, de nombreux textes consacrent le droit au respect de la vie privée et familiale, et le repos dominical avec pour principe la fermeture des commerces le dimanche, assortie d’aménagements comme en France.
Les répercussions sur l’ensemble des secteurs d’activité
Vouloir que plus de deux millions de personnes travaillent le dimanche impose de tenir compte des nouveaux besoins qui seront induits par ce changement.
Il faudra penser aux crèches, aux restaurants d’entreprises, aux banques, aux administrations et bien d’autres activités qui devront ouvrir par « effet domino »…
Les risques d’une désertification des centres-villes
Les commerces de centres-villes et de villages, dans une large proportion, n’ouvriront pas les dimanches. L’ouverture le dimanche des grands distributeurs situés en périphérie entraînera un déplacement de la population hors de la ville et renforcera le risque de voir des villes dortoirs insécurisées.
UN CHOIX DE SOCIETE PARTAGE PAR LES SALARIES
(Sondage BVA – extrait, « Les français et le travail le dimanche », juillet 2006)
C’est un OUI en faveur du dimanche comme jour commun pour la vie familiale, personnelle, culturelle et associative, pour :
• près de 90%, entre 25 et 50 ans (85% après 60 ans)
• près de 87%, hommes et femmes
• plus de 90% pour les cadres et les employés
• près de 90% pour le secteur public (86% pour le privé)
• plus de 80% des franciliens et près de 95% pour les méditerranéens
• près de 90% des salariés percevant – de 1500 € / mois
C’est un NON des salariés en activité contre toute activité professionnelle le dimanche pour :
• plus de 75%, entre 25 et 50 ans
• plus de 80%, entre 50 et 60 ans
• plus de 80% pour les ouvriers
• environ 75% du secteur public et privé
• près de 70% des franciliens
• plus de 75% pour les salariés percevant – de 1500 € / mois
UN CHOIX DE SOCIETE PARTAGE PAR LES ENTREPRISES
(Enquête Cgpme – extrait, « Ouverture dominicale des commerces », décembre 2006)
• 90% des commerçants souhaitent que le repos hebdomadaire reste dominical.
Ce taux est de 94% pour les commerces non alimentaires et de 96% dans l’équipement de la personne.
• 80% souhaitent le maintien des 5 autorisations d’ouverture collective données par le maire.
Cet engouement pour les autorisations municipales trouve son origine dans le caractère exceptionnel de ces ouvertures dominicales qui, à ce titre, sont génératrices d’une hausse de chiffre d’affaires.
• 58% considèrent que le nombre de 5 autorisations suffit et 27% souhaitent le voir réduit.
• 79% estiment que, s’ils devaient ouvrir leur commerce le dimanche, leur activité ne leur permettrait pas de remplacer les membres de leur personnel.
Le commerce de proximité se place sur le créneau de la qualité et du conseil. De fait, le personnel est généralement plus qualifié et tout remplacement nécessite une formation ad hoc du nouveau salarié.
• Quant à l’approvisionnement des magasins, 71% considèrent que les transporteurs routiers devraient, dans se cas, circuler le dimanche.