Ouvrir les magasins le dimanche ?

Un débat sur le dimanche entre deux jeunes du CJD

Faut-il autoriser l’ouverture des magasins le dimanche ? Depuis plusieurs années, le débat revient régulièrement à la une de l’actualité et divise les Français.

En juillet dernier (2006-ndlr), un sondage de l’Ifop pour le journal La Croix révélait que 56 % des personnes interrogées étaient favorables à cette ouverture, contre 44 % qui s’y opposaient.

Le CJD est un mouvement patronal, né en 1938, qui rassemble 2500 chefs d’entreprise et cadres dirigeants animés par la commune conviction que l’économie doit être au service de l’homme.

D’accord

Marc Raiola, président de section CJD Nice Côte d’Azur, n’a pas d’hésitation : il faut autoriser l’ouverture des magasins le dimanche. «Je suis pour la liberté d’entreprendre, ce qui signifie qu’il faut laisser le libre-choix à un dirigeant entrepreneur. Aujourd’hui, il me semble possible de concilier les intérêts des uns et des autres. Nul ne doit être pénalisé parce qu’il refuse de travailler le dimanche, inversement, il n’est pas possible d’empêcher ceux qui le souhaitent, de le faire. Selon moi, c’est un choix de société, une réflexion à mener sur « le sacro-saint » dimanche. On peut imaginer le paiement en heures supplémentaires pour les collaborateurs souhaitant travailler le dimanche ou alors envisager de nouvelles embauches.

Aujourd’hui, il n’existe plus un parcours professionnel type et un seul tout au long de la vie. C’est une question de liberté. L’ouverture le dimanche doit être une opportunité et non une contrainte tant pour l’entreprise que pour son collaborateur qui sera gratifié en conséquence. Pour moi, ce n’est que la retranscription d’un concept cher au CJD, la diversité.»

Un point de vue partagé par Martial Carlier, CJD Annecy. « Si certains commerçants souhaitent ouvrir le dimanche, pourquoi ne le peuvent-ils pas ? Si les consommateurs ont envie de faire des achats ce jour-là, pourquoi les en empêche-t-on ? Selon moi, il ne faut forcer personne à travailler le dimanche mais laisser travailler ceux qui le souhaitent en les rémunérant en conséquence. Est-on certain que l’ouverture le dimanche ne favoriserait pas l’activité économique et ne contribuerait pas à la lutte contre le chômage ? C’est un vrai débat de société. Actuellement de nombreux secteurs d’activités travaillent le dimanche : les transports, la santé, les loisirs, les services… C’est un vrai débat de société. Dans mon entreprise par exemple, certains salariés réclament des heures supplémentaires que je ne puis, pour des raisons légales, leur accorder. Lorsque l’un ou l’autre de nos chantiers nécessite de travailler la nuit ou de s’éloigner, je n’ai aucune difficulté pour trouver des volontaires pourvu qu’ils soient payés en conséquence. L’ouverture des magasins le dimanche est me semble t-il une question de “rentabilité”, tant pour le salarié que pour l’employeur. »

Pas d’accord

Jean-Christophe Niclot, CJD Maine-et-Loire est commerçant (deux magasins à l’enseigne Dalbe) ; il est résolument contre l’ouverture des magasins le dimanche. « Cela constituerait une rupture de l’égalité entre les petits commerces et les grandes surfaces, créerait une concurrence déloyale et contribuerait à accentuer une déréglementation. En tant que commerçant, je ne crois pas qu’ouvrir mes deux magasins le dimanche me rapporterait quelque chose puisque le pouvoir d’achat de mes clients potentiels n’aura pas augmenté.

De plus, et cela m’agace profondément, ce débat est paradoxal. Le plus souvent, ceux qui voudraient que les magasins soient ouverts le dimanche ne souhaitent pas eux-mêmes travailler ce jour là.

Je ne pense pas que travailler le dimanche serait une liberté et rendrait service aux consommateurs. Nous risquons en effet d’arriver à des journées entières passées dans des galeries marchandes au détriment d’autres activités. Je ne suis pas certain que cette demande vienne des consommateurs, elle émane plutôt du patronat de la grande distribution. En ce qui me concerne, pas un seul de mes salariés ne souhaite travailler le dimanche ; tous veulent pouvoir se retrouver en famille ou avec des amis un jour de la semaine. Pour ma part, je suis partisan d’un libéralisme contrôlé. »

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