Faut-il ouvrir les magasins le dimanche ?

Ça y est, on attaque le dernier rush des achats de Noël !

Shopping marathon et courses contre la montre en perspective pour les retardataires. Et si, faute de temps, on ne trouvait rien à mettre sous le sapin ? Pas de panique, les boutiques composent avec nos agendas et ouvrent leurs portes le dimanche. Des pratiques dérogatoires et exceptionnelles que certains voudraient voir généralisées. Sacrifier le sacro-saint repos dominical sur l'autel du mercantilisme ?

 

Un article publié par Jasmin, Décembre 2006

Quand, à quinze jours de Noël, on n'a pas commencé à acheter l'ombre d'un cadeau, on est à 200% favorable au shopping dominical. Mais le reste de l'année ? Il y a débat.

 

POUR

JP Grumberg,                                                                                   Pdt de l'association des commerçants d'Usines Center

Les mentalités et les modes de vie évoluent. Aujourd'hui, les gens courent toute la semaine, passent énormément de temps dans les transports. Pour beaucoup, le dimanche reste le seul jour pour faire des achats en famille, dans le calme. C'est particulièrement vrai en Ile-de-France, où 75 %de la population est, selon un sondage Ipsos d'avril 2006, favorable à l'ouverture. Les commerçants font un métier de service et doivent s'adapter à cette demande. Sinon, ils se feront tuer par Internet, qui permet d'acheter 24 h sur 24,7 jours sur 7. Les boutiques d'Usines Center ouvrent le dimanche depuis vingt ans, et les commerçants font entre 30 et 35 % de leur chiffre d'affaires ce jour-là. Mais cette ouverture a récemment été contestée, au nom de la loi. Il faut donc légiférer et laisser travailler tous ceux qui sont volontaires. Il faut de la souplesse !

Les textes en vigueur datent de 1906. Bilan, les dérogations ne cessent de pleuvoir, on en compte plus de 200 ! C'est bien le signe que l'interdiction est obsolète. En la levant, comme l'a proposé le député UMP Pierre Lellouche, tout le monde sera gagnant. Parce qu'elles attirent du monde, ces ouvertures profitent aussi aux petits commerces.

 

CONTRE

Joseph THOUVENEL,
syndicaliste,                                                                                  secrétaire général adjoint à la CFTC

La CFTC se bat pour le maintien du repos dominical. C'est un choix de société. Le dimanche constitue une mise entre parenthèses de l'activité économique, un temps de repos familial et personnel. Cette pause doit être collective si l'on veut favoriser le vivre-ensemble. D'ailleurs, quand on interroge les Français, trois quarts d'entre eux ne sont pas prêts à travailler le dimanche (ndlr : sondage BVA, juillet 2006). Ceux qui le font y sont contraints, la précarité de l'emploi ne leur donne pas le choix.

Ces ouvertures font en outre peser une menace économique sur les commerces de proximité, bouchers ou boulangers, pour l'instant seuls habilités à ouvrir ce jour-là. Si les grandes enseignes les concurrencent, elles phagocyteront la clientèle. Des centaines de milliers d'emplois pourraient disparaître. Même le ministre du commerce, Renaud Dutreil, le craint. Et puis, si les petits commerces meurent, que feront les personnes âgées, incapables de se rendre dans des grandes surfaces éloignées ? Et qu'on ne me dise pas que dans les capitales étrangères, tout est ouvert le dimanche ! D'une part, c'est faux et d'autre part, il est bon que nous conservions notre art de vivre.

Elisabeth Philippe/Agence Page 30

 

 

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