Courses le dimanche ?

Et si on pouvait faire ses courses le dimanche ?

 
Shopping illimité sept jours sur sept ? En région parisienne, faire ses courses le dimanche intéresse trois habitants sur quatre. L’idée est soutenue par l’UMP qui voudrait légiférer en ce sens. Mais la question est loin de faire l’unanimité chez les syndicats et l’opposition.
 
Un article paru sur AOL le 4/12/06

 

Et si on pouvait faire ses courses le dimanche ?
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Vidéo : Pierre Lellouche (UMP) défend son projet

Paris, 24 novembre (AOL / PLUSnews.fr) – L’idée a ressurgi l’été dernier, ce qui a permis à l’UMP de tester les réactions de l’opinion. Quatorze sénateurs UMP, dont Roger Karoutchi, Serge Dassault, Jean-Pierre Fourcade ou encore Charles Pasqua avaient alors déposé une proposition de loi visant à libéraliser l’ouverture des commerces le dimanche.

A l’Assemblée Nationale, c’est Pierre Lellouche qui s’est chargé de l’affaire (voir son interview vidéo). Lui aussi a déposé une proposition de loi, début juillet, prônant la possibilité de déroger au repos dominical pour toutes les  » activités de service en relation directe avec le public « .

Les Français de plus en plus favorables

(* favorable à l’ouverture, mais pas au travail du dimanche – ndlr)

L’idée est de plus en plus populaire. Selon un sondage Ifop pour La Croix, 56% des personnes interrogées seraient favorables à un assouplissement de la loi, contre 46% il y a deux ans. En Ile-de-France, ce sont même 75% des habitants qui déclarent aujourd’hui qu’ils souhaitent trouver des magasins ouverts le dimanche !

 » Si les salariés sont volontaires, les maires pourront autoriser l’ouverture des commerces le dimanche  » : pour la première fois, l’UMP inscrit noir sur blanc cette mesure à son programme législatif. C’est le dernier coup en date au principe de repos hebdomadaire, inscrit dans la loi il y a tout juste 100 ans, le 13 juin 1906.

Un moyen de lutter contre le chômage ?

Pour ses promoteurs, l’ouverture des magasins le dimanche permettrait un regain d’activité favorable à la croissance et donc créateur d’emplois. Pour Christain Liagre, de l’association Le dimanche qui s’exprimait pour le magazine 60 millions de consommateurs, « qui peut prétendre que l’ouverture le dimanche ne favoriserait pas l’activité économique et ne contribuerait pas à la lutte contre le chômage ? »

Par ailleurs, c’est le petit commerce qui fait les frais, selon lui, d’une telle réglementation. « Les grande surfaces de meubles ou de bricolage ouvrent le dimanche malgré la loi, quitte à payer amende sur amende ». Les petits commerçants qui ne peuvent se permettre de payer ces amendes sont obligés de baisser le rideau, en dépit du potentiel économique que représente ce jour ouvré supplémentaire.

L’opposition des syndicats et commerçants

Pour l’instant, les organisations salariales résistent. Et elles ont le renfort de certains commerçants. « Le chiffre d’affaire n’augmente pas sous prétexte qu’on est ouvert plus longtemps, mais les charges sociales, elles, augmentent » affirme Charles Melcer, le président de la Fédération nationale de l’habillement, qui rassemble des commerçants indépendants. « C’est donc inepte du point de vue économique » ajoute-t-il.

Le Parti socialiste manifeste aussi une hostilité de principe. « Notre position, c’est de ne rien toucher, déclare Alain Vidalies, le secrétaire national du PS aux entreprises. C’est une question de valeurs : notre ambition commune n’est pas de favoriser la société de consommation.  »

L’opposition souligne aussi la  » pression  » qui pèserait sur les maires s’ils étaient conduits à arbitrer l’ouverture des commerces le dimanche.  » Tout le monde se mettrait à craindre l’évasion de la clientèle dans la commune d’à côté « , ajoute Alain Vidalies.

Daniel Tournez, secrétaire général de l’Indécosa-CGT (l’Association pour l’information et la défense des consommateurs salariés) fait valoir pour sa part, l’intérêt des salariés : « Aujourd’hui, de nombreuses personnes travaillent déjà avec des horaires décalés, le soir, le dimanche ou les week-ends avec des conséquences négatives sur leur vie de famille. Il leur est difficile d’organiser des repas ou des sorties avec leurs proches, ce qui pose des problèmes relationnels ».

Par ailleurs, il bat en brêche l’intérêt des consommateurs : « S’ils se rendent dans les magasins ouverts le dimanche, ce n’est pas par nécessité, ils profitent simplement de l’occasion ».

Des effets économiques pervers ?

Dans la plupart des grandes capitales européennes, ou encore à New-York ou à Tokyo, les magasins peuvent déjà ouvrir le dimanche. Conséquence :  » Les tour-opérateurs à Paris quittent la France le samedi soir pour offrir une journée de shopping à leur clientèle… à Londres « , déplore Luc Migueres, avocat de commerçants parisiens.

Héloïse Lhérété / AOL

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