Un article excellent publié sur le blog du Conservateur.
Où l’on reparle, à l’occasion du 11 novembre, de l’ouverture des magasins les jours fériés en Alsace Lorraine …
Le problème se pose de façon similaire en ce qui concerne l’ouverture le dimanche …
D’un côté ses partisans soulignent que ceux qui travaillent ne peuvent faire leurs courses en semaine. De l’autre, les opposants défendent un statu-quo fondé sur la tradition culturelle et … syndicale.
Je relève pour ma part deux arguments contre l’extension des jours ouvrés…
Les jours chômés communs – dimanche ou jours fériés, sont une convention bien utile. Bien que de nombreux français travaillent en ces occasions, il permettent néanmoins à tous de se retrouver, en famille ou entre amis. Imaginez que cette convention disparaisse, que les uns prennent leur congé en fonction de leur religion, et les autres en fonction du choix de leur patron ou de l’institutrice de leurs enfants … c’est l’anarchie dans les entreprises et la mort du « vivre ensemble ».
L’intérêt économique de l’ouverture étendue n’est pas aussi évident qu’on le dit. L’ouverture entrainera un transfert au dimanche ou au jour férié du chiffre d’affaire réalisé en semaine, car elle n’apporte pas de pouvoir d’achat supplémentaire aux français. Le gateau reste le même, mais il est partagé en plus de journées. Or, plus de journées, c’est un accroissement des coûts. Cela va donc contre l’intérêt des commerçants, qui verront leur productivité par salarié chuter. Pour compenser cette baisse, les commerçants seraient tentés de fermer une heure plus tôt en semaine (ou bien d’ouvrir une heure plus tard, ou d’allonger leur pause déjeuner). Quel intérêt pour le consommateur ?
En pratique, les commerçants ne seront pas tous égaux : certains n’ouvriront pas plus, et perdront une partie de leur business. Ceux qui ouvriront plus seront contraints de baisser leurs coûts pour compenser la baisse de productivité. Les commerçants utilisant une main d’oeuvre peu qualifiée y trouveront leur avantage. Les grandes chaînes également. Pour être complet, il convient de ne pas oublier la consommation touristique. Certains touristes pourraient bien consommer seulement le dimanche. Mais la fermeture du mois d’août, pourtant très touristique, ne semble pas empêcher de dormir les commerçants.
Le lien avec les soldes est évident : ceux ci sont tellement installés dans la vie française que les consommateurs ont pris l’habitude de différer leurs achats et de les concentrer pendant cette période. Le gateau de la consommation reste le même, mais fait l’objet d’intenses jeux d’influence car son partage est décidé par les pouvoirs publics.
L’intérêt du consommateur a donc peu à voir dans l’affaire. Le « débat » sur l’ouverture des magasins est alimenté par les gros distributeurs qui en seraient les principaux bénéficiaires – probablement au prix d’une baisse de la productivité de leurs facteurs.
Je pense qu’abandonner ces conventions, à une époque où la cohésion sociale est à reconstruire serait une gravissime erreur. Je ne crois pas que les consommateurs ou les petits commerçants y trouveraient grand avantage. Gardons en tête que le semblant de débat médiatique sur ce sujet est largement influencé par les grands distributeurs.
Article original publié sur ce lien