L’ouverture d’Auchan le dimanche matin fait grincer des dents

Auchan sera dorénavant ouvert tous les dimanches matin. Une décision d’entreprise qui ne fait pas l’unanimité en interne. La CFDT monte au créneau.

Une lame de fond expliquait dans nos colonnes du lundi 22 janvier le directeur d’Auchan Blois-Vineuil, Philippe Lonjon, à propos de la tendance en cours qui voit de plus en plus d’hypermarchés ouvrir le dimanche matin. Il précisait même n’avoir eu aucune difficulté majeure à aboutir à un accord avec les représentants du personnel pour s’y mettre lui aussi à compter du 4 février.

“ Le dimanche est le seul repos qu’il nous reste ”

Mais les choses semblent en réalité un peu plus compliquées. A la CFDT, syndicat majoritaire, deux représentantes, Monique Girard et Sonia Ripouteau, membres titulaires du comité d’entreprise, ont décidé de monter au créneau, histoire de remettre quelques pendules à l’heure et d’exprimer leur plus complet désaccord avec la décision prise par Auchan d’ouvrir le dimanche matin.

Elles rappellent que le 1er décembre 2017, le comité d’entreprise mais aussi le CHSCT avaient voté contre le projet, la première instance par 3 voix sur 5 et la seconde à l’unanimité. Mais un avis seulement consultatif dont la direction n’a pas tenu compte. « Celle-ci a expliqué que l’objectif était de proposer un service complémentaire aux clients mais aussi de prendre des parts de marché aux concurrents. C’est très bien de créer 25 CDI à temps partiel destinés aux étudiants mais qu’en est-il de nos demandes sans cesse refusées d’avoir plus de personnel le soir pour que les rayons soient bien tenus ? Là, on ne comprend pas. »

Les mêmes représentantes redoutent que l’ouverture du dimanche matin n’ait de fâcheuses répercussions les autres jours de la semaine. « On a vu ce qui s’est passé avec le “ drive ” en 2011. Le poids des contrats étudiants grandit et il y a moins de temps complets. »

La direction d’Auchan a beau avoir assuré que le travail du dimanche serait uniquement proposé sur la base du volontariat, cela ne suffit pas à les rassurer. « Qu’en sera-il dans un mois, dans un an ? Qui nous dit qu’un syndicat ne signera pas un jour un accord pour travailler le dimanche ? Nous n’avons aucune garantie. »

Or le repos dominical constitue, soulignent-elles « le seul qu’il nous reste ». Car, rappelle Monique Girard, dans la grande distribution, les congés représentent souvent un véritable casse-tête. « Nous ne pouvons pas les prendre comme on veut. Par exemple, il est impossible d’avoir des jours pendant les fêtes de Noël et l’on ne connaît pas les ponts. Nous avons de grosses contraintes horaires. Les gens savent-ils que la majorité des salariés n’est pas en horaires fixes et que nos emplois du temps ne nous sont communiqués que quinze jours en avance ? Un jour, on vient le matin, un autre l’après-midi, un autre encore le soir. Alors quand arrive le dimanche, on n’est pas fâchés ! »

Et si le personnel acceptant de travailler le dimanche aura droit à un supplément de rémunération de 50 %, le coup de pouce ne suffit pas à convaincre Monique Girard. « On craint trop que nos conditions de travail n’en pâtissent. Sans compter que rien ne nous dit que l’on attirera de nouveaux clients. Si ça se trouve, il y aura juste un report des courses des jours de semaine au dimanche et le chiffre d’affaires ne bougera pas. Alors à quoi bon ? »

Source : Le Nouvelle République, 2/2/2018

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