Travail le dimanche : Hidalgo revendique un droit de veto

Alors qu’Auchan, à la suite d’autres grands distributeurs, a prévenu que le travail du dimanche ne créerait aucun emploi, la bataille pour le travail du dimanche se résume à peu de chose : l’intérêt particulier des magasins du boulevard Haussmann et du Marais. A ce demander ce qui arriverait à M. Macron si son projet de loi ne passait pas.

Les Echos, 9/2/15

La maire de Paris se dit ouverte à la création de zones touristiques internationales, mais selon des critères précis et avec avis conforme de la municipalité.

L’Hôtel de ville contre Bercy, Anne Hidalgo contre Emmanuel Macron : le bras de fer sur l’extension du travail dominical à Paris s’est poursuivi ce lundi, dans un climat tendu mais laissant espérer que ce duel de poids lourds débouche sur un compromis. Devant le Conseil de Paris, la maire de la capitale a ouvert la porte à la création de zones touristiques internationales (ZTI), mais en posant deux conditions au gouvernement. D’une part, que les futures zones reposent sur des critères « stricts » et « objectifs » de mesure de la fréquentation touristique, comme « le pourcentage de paiement détaxé » ou la densité en magasins de luxe. Et surtout, deuxième exigence, que la création de ZTI ne soit possible qu’avec l’avis conforme de la municipalité. En clair, la maire veut un droit de veto alors que la loi Macron confie au seul gouvernement le soin de définir ces ZTI.

C’est la réponse de la bergère au berger tant, depuis le départ, la manoeuvre ourdie par Bercy visait à se donner les moyens de passer outre l’opposition du Conseil de Paris pour étendre le travail dominical, et nocturne (jusqu’à minuit), en particulier sur le boulevard Haussmann (Printemps et Galeries Lafayette) et les Champs-Elysées. « Prenons l’exemple du boulevard Haussmann qui serait classé en ZTI. La mairie doit pouvoir vérifier plusieurs sujets comme les compensations pour les salariés ou le risque d’encombrement le dimanche par les bus de l’entourage des magasins », justifie l’Hôtel de Ville, selon lequel « tous les parlementaires de la gauche parisienne nous soutiennent. » La mairie veut en outre instaurer des clauses de revoyure, avec possibilité de retirer l’autorisation de travail dominical en cas de non respect des engagements des enseignes, sur les créations d’emploi par exemple.

Des positions ambiguës

Avec cette négociation, Anne Hidalgo espère faire passer la pilule à sa majorité de gauche qui lui reproche – comme la droite – d’entretenir des positions ambiguës sur le sujet. Ce lundi, le Conseil de Paris a connu d’âpres débats autour du rapport rendu par la mission d’information et d’évaluation. Cette synthèse des positions des élus de Paris réalisées ces derniers mois confirme la forte opposition de la majorité municipale à l’extension du travail dominical. Le rapport montre notamment que 25 % des commerces sont déjà ouverts le dimanche à Paris. Le cabinet du maire promet à ses alliés que la maire se prononcera sur les ZTI une fois le cadre législatif connu, après le printemps.

A Bercy, on promet que des critères stricts pour les ZTI seront bien arrêtés, ce qui constitue un premier pas vers la position de la mairie. Et le droit de veto ? Officiellement, la réponse reste en suspens. Officieusement, Bercy a conscience de la nécessité d’aider Anne Hidalgo à faire passer une future extension en brandissant des gardes fous. Mais on y précise bien qu’il est « essentiel pour le gouvernement » qu’au final, les ZTI soient « effectivement » créées.

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