Bricorama bricole aussi les sondages..

Voilà Bourrelier qui se met à bricoler les sondages… (Bourrelier est président de Bricorama France)

Il est à bonne école : chacun se souvient du sondage bidonné de 2008, qui proclamait une « large majorité de français pour la travail du dimanche ». C’était le travail du JDD, journal d’Arnaud Lagardère, ami très proche de Nicolas Sarkozy, et diffusé à l’Assemblée par le député Mallié, qui y a gagné son surnom de Tonton Carabistouille.

En 2012, Bourrelier remet le couvert, et produit un sondage évidemment favorable à l’ouverture de ses magasins le dimanche. Il l’a acheté auprès d’Opinion Way – hasard – un institut de sondage réputé proche de l’UMP, et dont la crédibilité a souvent été remise en cause.

Nous proposons une expérience amusante à Bourellier : pour son prochain achat de sondage, qu’il interroge les français sur la gratuité des autoroutes. Il ne fait pas de doute qu’une large majorité y sera favorable. Puis, qu’il interroge un panel représentatif des sociétés d’autoroute : il ne fait pas plus de doute que la proportion y sera inverse. 

Le sondage bourellisé qu’il présente relève de la même imposture, puisqu’il consiste à interroger des personnes qui ne sont majoritairement pas concernées par l’inconvénient de la réponse, et qui ont tendance à naturellement oublier le vieux précepte : ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse.

Ici, donc, Bourellier demande aux sondés s’ils veulent que les autres travaillent à leur service le dimanche. Qu’il ait l’honnêteté de poser une question correcte : êtes-vous prêt, personnellement, à travailler le dimanche. Cette question a d’ailleurs déjà été posée en 2007 par le même JDD : 67% des sondés sont contre. Elle avait été posée par la SOFRES en 2006, avec les mêmes résultats. Elle est actuellement l’objet d’un débat sur NewsRing, avec les mêmes résultats. Et elle a fait l’objet de très nombreux autres sondages, avec les mêmes résultats.

Bourrelier, en plus d’être un contrevenant lourdement condamné par la justice républicaine, en plus de ne pas hésiter à recourir au chantage aux licenciements, en plus de ne pas hésiter à jouer au marchand de lessive auprès des députés en leur envoyant des boites à outils, de ne pas hésiter à demander à être reçu par les hautes instances ministérielles, n’hésite pas non plus à fabriquer des sondages bidons pour défendre ses intérêts personnels. Cela fait beaucoup pour un seul homme.

Nouvel Obs, 27/10/2012

Bricorama fait des sondages pour obtenir l’ouverture des magasins le dimanche.

PARIS (SIPA) — Jean-Claude Bourrelier, président de Bricorama, devrait être reçu ce lundi à 14h30 par Sylvia Pinel, ministre de l’Artisanat, du commerce et du tourisme, assure l’enseigne par communiqué. Le dirigeant de la chaîne des magasins de bricolage entend faire entendre sa voix à la veille d’une décision de la cour d’appel de Versailles attendue ce mercredi 31 octobre consacrée à l’ouverture de Bricorama le dimanche en Ile-de-France.

En première instance, le tribunal de grande instance de Pontoise (Val-d’Oise), saisi en référé par le syndicat Force Ouvrière, lui avait interdit d’ouvrir le dimanche, sous peine d’une astreinte de 30.000 euros par infraction et par établissement. Force ouvrière avait alors demandé la liquidation de l’astreinte. « Soit plus de 19 millions d’euros », avance un porte-parole de l’enseigne Bricorama. Depuis, dans l’attente de la décision de la cour d’appel de Versailles, les juges d’exécution des peines avaient décidé de sursoir à statuer.

Par voix de presse, cet automne, Jean-Claude Bourrelier a, alors, entrepris de dénoncer les incohérences de la législation française. Depuis la loi Mallié adoptée en 2009, les magasins d’ameublement bénéficient d’un régime dérogatoire qui leur permet d’ouvrir tous les dimanches. Les enseignes de bricolage qui, elles aussi, vendent des meubles de jardins ou de salles de bains ne sont, elles, pas autorisées à le faire. Les magasins Bricorama ne peuvent pas bénéficier, non plus, du régime accordée aux zones dites PUCE (Périmètre d’utilisation commerciale exceptionnelle) et aux zones touristiques. Aucun de ses magasins n’en relèvent.

53% des Français y sont favorables

Dans des pages de publicité publiées dans la presse, le patron de Bricorama avait appelé le gouvernement à réformer la loi. « C’est une nécessité », avait-il clamé, en assurant que, sinon, il procéderait aux licenciements de 500 de ses salariés. Cette fois, devant Sylvia Pinel, M. Bourrelier brandira les résultats d’un sondage OpinionWay montrant que « 53% des Français sont favorables à l’ouverture des magasins de bricolage le dimanche ». « Et 84% des Franciliens », renchérit ce lundi l’enseigne, par communiqué publié quelques heures avant l’entretien du patron avec la ministre.

En mars, à la veille des élections présidentielles, Xavier Bertrand, alors ministre du Travail, avait envisagé d’autoriser l’ouverture des magasins de bricolage le dimanche. Depuis l’élection de François Hollande à la présidence de la République, Sylvia Pinel a rappelé que ce dossier relevait du ministère du Travail. « La loi Mallié (…) a été votée en 2009 dans la précipitation, sans concertation suffisante. Il faut trouver un meilleur équilibre et veiller à ce qu’il n’y ait pas de distorsion de concurrence entre commerçants », avait-elle cependant fait valoir, le 24 juillet, dans une interview accordée au journal Le Monde.

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