Ikea, clients du dimanche contre manifestants

Nantes ma ville, 07/12/09, Jacques Sayagh

Le magasin nantais a ouvert ses portes un dimanche pour la première fois hier. 300 manifestants ont empêché les clients d’entrer. Bousculade. Le magasin a dû fermer avant de rouvrir.

Le vent et la pluie agitent les drapeaux des militants syndicaux. Ikea ouvre ses portes pour la première fois un dimanche à Nantes. Les premiers clients sont accueillis par une bronca. Une jeune femme, un enfant dans la poussette, un autre debout à ses côtés, veut entrer. « C’est ma liberté », hurle-t-elle, pas impressionnée par la manif’. « La nôtre est de préserver la vie familiale des salariés », répliquent les opposants à l’ouverture des magasins le dimanche : syndicalistes, militants associatifs, élus de gauche.

Ils s’engouffrent à l’intérieur. Bloquent l’accès aux escalators. « Je veux conserver le droit d’être avec mon compagnon et ma fille le dimanche, et pas au travail », lance une employée de Conforama, qui fait barrage avec deux de ses collègues. « Je travaille déjà trois samedis sur quatre, ajoute l’une des rares salariées d’Ikea à manifester aujourd’hui.Le dimanche en plus, ça fait beaucoup. »
Une cliente veut passer. On l’en empêche. Son mari intervient. Il se retrouve par terre. Des noms d’oiseaux sont échangés. Ça frotte, ça se bouscule. Effrayée, une famille vendéenne rebrousse chemin. 
Tels les habitants d’un fameux village gaulois, les manifestants grimpent en un éclair les escalators. Ils trouvent grille close. Pour calmer les esprits, la direction a préféré fermer le magasin, une demi-heure après son ouverture.

Les manifestants campent devant l’entrée du magasin, les clients persévérants attendent la fin du blocus. « J’ai pas le choix, dit un jeune homme. J’emménage demain. J’ai pas de meubles. »

Marylène Laure, la déléguée CGT d’Ikea, cheveux prune ébouriffés et pile de tracts détrempés à la main, interpelle des clientes. « Un dimanche chez Ikea, dans le bruit, vous croyez que c’est un loisir pour des enfants ? »

Plus loin, un client s’emporte. « Enquiquinez pas les gens. C’est juste qu’on a des courses de fin d’année à faire et ça nous arrange de venir aujourd’hui. » Pas convaincu, Yvan Ricordeau, de la CFDT : « À Nantes, on peut faire ses courses du lundi au samedi, jusqu’à 21 h. Pas besoin du dimanche. »

Les rangs des clients gonflent. Le rapport de forces devient défavorable aux manifestants. Peu après midi, ils se replient. Le magasin rouvre immédiatement. Place aux achats.

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