Travail du dimanche : du volontariat au STO !

PaperBlog – Publié le 09 juillet 2009 par Kamizole

Pour les jeunes générations, je préciserais que le STO (Service du travail obligatoire) consista, lors de l’Occupation allemande, à envoyer de force en Allemagne des travailleurs français pour qu’ils y remplacent les Allemands enrôlés dans l’armée. Nombre de réfractaires rejoignirent alors les rangs de la Résistance.

Je vous le jure : je n’étais nullement d’humeur atrabilaire avant-hier soir ! Bien au contraire, nous prenions l’apéritif chez ma voisine et avant de passer à table nous avons suivi les infos sur France 2… Or, qu’entends-je ? Que le refus de travailler le dimanche serait sanctionné ! Considéré comme une faute grave… donc : même pas droit à des indemnités de licenciement

C’est d’ailleurs confirmé par un article de Libération Le retour en force du travail dominical : «tous les commerces de détail des «communes touristiques» pourraient, de droit, sans plus avoir à demander d’autorisation individuelle, obliger leurs salariés à travailler le dimanche dans les mêmes conditions que les autres jours de la semaine, sous peine de sanction pouvant aller jusqu’au licenciement»

Alors que jusqu’à présent, et sous l’empire de la loi de 2006 sur le tourisme, une telle dérogation – dont peu bénéficier uniquement un commerce lié au tourisme, précision très importante ! – «peut être»décidée mais n’est pas «de droit»

Le moins que l’on en puisse dire est que la proposition de loi du député UMP Richard Mallié est loin de faire l’unanimité y compris au sein de son propre parti. Ce fut d’ailleurs une des raisons pour laquelle l’examen d’une précédente mouture de ce texte avait été reporté le 17 décembre 2008, à la grande fureur de Nicolas Sarkozy selon Libération L’affront de l’UMP à Sarkozy : «Il faut qu’ils travaillent», s’est-il énervé… Bien entendu, le Troll de l’Elysée ne pouvant jamais être responsable d’un échec, il avait reporté la faute sur la gauche : «Les injures, le blocage systématique, empêcher des réformes pour le seul plaisir d’empêcher des réformes, inquiéter des jeunes pour le seul plaisir d’inquiéter des jeunes, ce n’est pas la démocratie, ça, c’est la pagaille (…) Une manière pour lui de ne pas perdre la face vis-à-vis de ses troupes, mais aussi de tenter de resserrer les liens avec elles»

Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy essaie de «mobiliser ses troupes» selon Libération. Petit doigt sur la couture du pantalon. «Si c’est si mal de travailler le dimanche, il faut que ceux qui défendent cette idée aillent jusqu’au bout de leur logique» (…) Ils doivent alors demander l’interdiction totale de l’ouverture des magasins le dimanche à Paris»… c’est paraît-il rapporté par Frédéric Lefebvre ! Celui-là, du moment qu’il peut passer un message dans les médias, n’est jamais à une sarkonnerie près !

Le clou de la manœuvre sarkoïdale est lâché par Richard Maillé lui-même, grâce à un savoureux lapsus : «Nous étions déjà convoqués… conviés pardon, en fin de session la semaine dernière (…) et ça a été repoussé». Que l’UMP ne soit pas exactement à l’unisson sur ce texte ne fait pas de doute. Jean-François Copé peut bien affirmer que cette réception était prévue de longue date et devait représenter «un moment de partage et de dialogue avec le Président de la République sur tous les chantiers en cours» et que «Le consensus au sein du groupe UMP serait aujourd’hui «quasiment total» et les craintes dépassées»

D’abord, l’on ne connaît que trop le sens du dialogue et de l’écoute deNicolas Sarkozy ! Ensuite, il est contredit par Hervé Mariton (pourtant UMP) : «Il faut s’assurer que les dérogations au repos du dimanche restent limitées. Le diable peut se loger dans les détails d’un texte, il faut faire très attention à ce que l’on vote. Je ne veux absolument pas que cela devienne notre nouveau modèle social»..

Or, ce sont bien les «détails» du texte qui posent problème ou plutôt ce que Libération pointe comme le «télescopage» des deux textes : d’une part la définition des «communes et zones touristiques» telle que retenue par l’article R133-33 du Code du Travail qui recense 500 villes touristiques et celle du Code du Tourisme qui en compte environ 1.500… selon la définition précise de ladite «commune touristique» adoptée par la loi du 14 avril 2006 sur le tourisme. Voire 5 000 à 6 000 communes, parmi les plus peuplées qui peuvent y prétendre suivant l’estimation du Conseil national du tourisme, émanation de Bercy…

Il y a donc tout lieu de redouter que ce texte ne conduise directement à la généralisation du travail dominical. Quid en cas de litige ? Même si théoriquement la justice prud’homale arbitre en fonction du Code du travail, de même que les chambres sociales des Cours d’appel ou de la Cour de Cassation…

Par ailleurs, comment régler les conflits qui ne manqueront pas en raison de la concurrence entre certaines communes ? Ce que souligne «20 minutes» dans deux articles Le travail dominical sème le trouble chez les parlementaires ; Les commerces ouverts le dimanche craignent la concurrence «Dans les communes qui ouvrent déjà le dimanche, on n’a pas envie de partager le gâteau…» et plus véhémentement encore L’Humanité : Travail du dimanche, un projet encore plus régressif

Même si Henri Guaino – que vient-il faire une fois de plus dans le débat politique ? il n’est rien d’autre que le Secrétaire général de l’Elysée… donc sans aucune fonction officielle dans l’Etat… mais j’oubliais : l’Elysée est un «Etat dans l’Etat» en Sarkoland où l’on a aucun égard pour l’ordre institutionnel – jure qu’il ne faut pas «laisser croire que l’on va faire travailler tout le monde le dimanche (…) reprenant la litanie de ceux qui expliquent que le texte présenté cette fois-ci aurait une portée “limitée”, ce que toute la gauche et les syndicats, ce que toute la gauche conteste»

Même son de cloche chez Richard Maillé, «il ne s’agit pas de remettre en cause le principe du repos le dimanche, ni de l’étendre à l’ensemble du territoire nationale», l’auteur de la proposition de loi dont l’Huma nous rappelle fort opportunément que, député d
es Bouches du Rhône, il défend bien évidemment la zone commerciale de Plan de campagne, bien connue pour être la championne des ouvertures dominicales illégales !

Peut-être quelque juriste devrait-il rappeler à celui qui est censé écrire les lois qu’en France – depuis la Révo-lution ! – le «mandat impératif» – représentant les intérêts particuliers d’une partie des électeurs ou d’une corporation – est interdit aux parlementaires, censés représenter l’intérêt général et celui de la totalité des citoyens…

Outre ce que Libé nomme le «télescopage» entre les dispositions du texte soumis à l’approbation des parlemen-taires – en «procédure accélérée»et donc après une seule lecture… – et les dispositions du Code du Tourisme relatives à l’ouverture dominicale des commerces qui ont été adoptées le 14 avril 2006, on voit apparaître un bien curieux «OLNI» – objet légal non identifié – dans la nouvelle mouture de la proposition de loi Maillé : les PUCE… autrement dits «Périmètre d’usage de consommation exceptionnelle» qui permettront des dérogations collectives ou individuelles et temporaires, valables 5 ans.

Ces dispositions ne devraient concerner que les agglomérations de plus d’un million d’habitants et en principe être limitées à la région de Marseille-Aix-en Provence et Lille – en tant que frontalière avec la Belgique – et la Région parisienne où selon Libération Travail dominical: les principaux points du texte Mallié «le Préfet de région peut autoriser les établissements de vente au détail à déroger au repos dominical dans une zone caractérisée par des habitudes de consommation de fin de semaine»… C’est – autrement dit – légaliser les pratiques illégales !

Le régime devrait y être toutefois nettement plus favorable que celui prévu par la proposition Maillé pour les villes dites «touristiques» en général : obligation d’un accord entre les partenaires sociaux pour déterminer les compensations accordées aux salariés – chaque salarié travaillant le dimanche, sur la base du volontariat devant bénéficier d’un repos compensateur et d’une rémunération au moins égale au double de celle d’un jour de semaine. L’accord devra être écrit et aucune sanction ne pourra être exercée en cas de refus de travailler le dimanche non plus qu’une discrimination à l’embauche… en l’absence d’un tel accord, une mesure unilatérale de l’employeur devra être approuvée par référendum des personnels concernés…

Toutefois, il faut souligner que les salariés qui auront accepté de travailler le dimanche devront par la suite justifier de «l’évolution de leur situation»… Et s’ils en ont simplement marre ?

Le régime commun prévu pour les salariés des «communes et zones touristiques» est très nettement régressif (j’ai déjà souligné que le refus sera considéré comme une faute grave susceptible d’entraîner unlicenciement) et surtout, il ne donnera droit à aucune compensation : ni salaire double ou la moindre indem-nité, ni repos compensateur. Autrement dit, c’est la logique sarkoïdale du «travailler plus pour gagner moins» dans toute sa splendeur !

Cette question est en effet d’importance. Pierre Méhaignerie, président UMP de la commission des affaires sociales, – et opposé à la généralisation du travail dominical – considère que «faire croire que tous les salariés qui travailleront le dimanche seront payés double est une grosse bourde…»… C’était pourtant ce que promettaient naguèreNicolas Sarkozy, les ministres et les députés UMP favorables au travail dominical. Mais l’on sait ce que valent les promesses de Sarko : du pipeau !

La véritable raison ? La logique est purement écono-mique selon ce que je lis sur Libération Volontariat : les promesses non tenues de la loi«certaines communes touristiques (les stations de ski par exemple) avaient déjà le droit de ne pas payer double le dimanche. Pour la majorité, il n’était pas question de leur imposer désormais de le faire».

J’appellerais cela : le régime de l’exploitation maximum et aurais garde de m’étonner de «la question qui tue» posée par Jean-Philippe Cotis dans son fameux rapport : «comment se fait-il que les salaires aient si peu augmenté depuis 25 ans ?»

Un sacré traquenard juridique… dont l’UMP aura bien du mal à se dépatouiller. Maillé aurait paraît-il conscience du hiatus entre les deux définitions des «villes ou zones touristiques» selon les textes «Il avait bien vu le truc, mais soit il multipliait les dérogations, soit il alignait tout le monde sur le droit commun, il a choisi d’aligner tout le monde», confie un ministre…

Ben, non ! puisque précisément sa proposition de loi multiplie les régimes différents…

On aura beau assurer à l’UMP que «Le classement d’une commune en commune touristique au sens du code du tourisme n’emporte aucune conséquence sur le régime d’ouverture dominicale des commerces», c’est aussitôt démenti par l’essence même du texte de Maillé : «Sauf initiative des conseils municipaux et décision au cas par cas du préfet, les commerces d’une commune touristique au sens du code du tourisme sont soumis à la règle du repos dominical». Poker menteur, donc ! Les conseils municipaux des communes concernées multiplieront à l’évidence les demandes de dérogation.

Libération pointe une épineuse question sur le plan juridique : «un préfet peut-il accorder à une ville la dénomination de «commune touristique» au sens de la loi d’avril 2006 et refuser l’ouverture dominicale des commerces liée à cette même dénomination ? (…) On imagine mal, devant les tribunaux administratifs, la possibilité pour un préfet de défendre deux analyses divergentes en cas de recours d’une enseigne poursuivie pour avoir ouvert le dimanche», relève l’opposition».

Ils peuvent multiplier les arguties, j’attends avec impatience le sort que fera le Conseil constitutionnel à ce texte qui révèle bien des ruptures au principe d’égalité entre les salariés.

 
Sur le lien « Lire la suite » : Travail du dimanche : quelles justifications ?

Travail du dimanche : quelles justifications ?

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Tonton Carabistouille, Richard MalliéRichard Maillé ne manque pas d’air quand il soutient que sa proposition de loi «vise à réaffirmer le principe du repos dominical» alors que c’est précisément le contraire ! cf. mon précédent article travail du dimanche : du volontariat au STO ! et qu’il appelle la gauche à ne pas «caricaturer le texte»

Non plus que Xavier Darcos – qui sera sans doute un aussi calamiteux ministre du Travail qu’il l’a été de l’Education nationale ! – quand il défend un texteL’examen du texte sur le travail du dimanche a débuté à l’Assemblée qui «protège les salariés»«soutient les entreprises» et «répond aux attentes de la très grande majorité des Français», appelant les députés à ne pas«remettre en cause les équilibres de la proposition de loi»… Mieux vaudrait en effet parler de «déséquilibres importants» !

L’intelligence manque cruellement à Xavier Darcos. Il aura beau soutenir que la proposition de loi de Richard Maillé repose sur le bon sens… Travail dominical : un texte de “bon sens” selon Darcos, titre Libération, il ne saurait convaincre que les abrutis ! Ses arguments sont d’une ineptie totale, une belle resucée de l’antienne ultralibérale, qui vise à nous «adapter» à ce qu’il y a de pire, sans égard pour la vie des salariés et de la popu-lation en général.

«Quel bon sens y aurait-il à ce que dans une zone touristique ou dans certaines zones commerciales à la frontière de la Belgique ou du Luxembourg, on n’ouvre pas le dimanche ?»… Traduire : puisque les autres le font, il faut le faire… C’est beau comme l’harmonisation sociale de cette Europe de m… ! Il ose appeler «Ça»«principe de réalité» ! qui obligerait à évoluer : «il ne serait pas raisonnable de rester complètement bloqué parce que les choses ont changé»…

Pour plagier Bourdieu sur un tout autre sujet – l’orientation scolaire – je dirais que Darcos cherche à nous faire prendre la réalité qu’il nous prépare pour nos désirs !

J’aimerais bien qu’il reconnût aussi le «principe de plaisir»… qui obligerait à respecter la vie des humains, qu’ils fussent travailleurs ou consommateurs. Car, s’il prétend que l’ouverture dominicale des commerces correspondrait à une attente des Français, il devrait prendre connaissance des résultats d’un récent sondage Viavoice-Libération Mon dimanche m’appartient : 55 % des Français sont hostiles à la proposition de loi de Richard Maillé.

Comme le démontre l’article, les réponses sont très différentes selon la question posée : «Quand on leur demande s’ils aiment bien voir des magasins ouverts le dimanche, ils répondent oui. Quand on leur demande s’ils veulent travailler le dimanche, ils répondent non. Ce n’est ni de la versatilité, ni de la schizophrénie. Mais selon que l’on s’adresse au salarié ou au client, la préoccupation n’est pas la même». CQFD…

J’ai suffisamment travaillé le dimanche – le plus souvent sans déplaisir – pour savoir ce que le travail dominical peut avoir de «déstructurant» pour la vie sociale et familiale… Comme le soulignent les propos recueillis par «20 minutes» Le travail dominical sème le trouble chez les parlementaires les observateurs de gauche – Elizabeth Guigou, notamment – «On va pousser la société vers encore plus d’individualisme» : «il faut un jour dans la semaine qui soit réservé aux échanges fami-liaux, amicaux et sportifs» – ou de droite, comme Hervé Mariton : «je travaille le dimanche et je ne veux absolument pas que cela devienne un modèle social», le travail dominical est loin de faire l’unanimité parmi la classe politique française.

Non plus d’ailleurs que dans la population car s’agissant de la «qualité de la vie» qui semble si peu compter pour Xavier Darcos, les sondés sont 86 % à répondre que «le dimanche est un jour fondamental pour la vie de famille, sportive, culturelle ou spirituelle»

Le dimanche chômé est profondément ancré dans notre histoire depuis 2000 ans. Certes, l’on dira qu’il s’agit d’un héritage culturel de nature religieuse dont la République laïque n’a pas à tenir compte, d’autant que d’autres pourraient revendiquer le samedi (les Juifs) ou le vendredi (les Musulmans).

Il n’empêche : nos pratiques sociales s’articulent bien autour du dimanche jour qui est parfois le seul jour de la semaine où les familles peuvent être réunies et où nombre d’activités associatives et sportives peuvent réunir le maximum de participants et c’est en cela que le dimanche est «fédérateur», bien au-delà des opinions laïques ou religieuses… Et je sais par expérience qu’il est souvent difficile de réunir des ami(e)s quand tout le monde n’a pas les mêmes jours de congé ou les mêmes horaires…

Je regrette mais le vrai progrès ne consiste nullement – bien au contraire ! – à bousculer sinon éradiquer les traditions multiséculaires quand elles sont favorables au bien-être collectif mais à y adapter le plus harmonieu-sement possible les changements sociétaux. Seules les dictatures – Terreur, nazisme et communisme – pensent nécessaires d’en faire tabula rasa ! Mais il est patent que Nicolas Sarkozy est un autocrate bulldozer.

De surcroît, il faut redire que le travail du dimanche, surtout s’il n’est pas compensé financièrement, occasion-nera des frais supplémentaires de garde dans les familles ayant des enfants en bas-âge, les crèches, haltes-garderies et les écoles étant bien évidemment fermées. Quand des membres de la famille ou des amis ne sont pas susceptibles de prendre le relais, encore faudrait-il trouver une nounou qui accepte de prendre un ou des enfants le dimanche ! Les plus pénalisés seront par ailleurs les familles mono-parentales qui sont souvent déjà les moins aisées. Travailler plus et perdre beaucoup d’argent ?

Nicolas Sarkozy peut bien prétendre «qu’il faut être raisonnable (…) qu’est-ce que ça peut bien changer? Quel principe républicain cela remet-il en cause ? Faut-il absolument que les magasins soient ouverts aux heures et aux jours où les gens ne peuvent pas faire leurs courses ?»… Je ne vois dans ce parti-pris rien de«raisonnable» !

Je répondrais déjà au petit boutiquier – ou VRP, dixit mon amie Clio – que les courses ne sont pas l’alpha et l’oméga de la vie sociale… Ce n’est pas pour rien que j’ai mis en exergue du blog cette citation de France Léa :«en ces temps difficiles, je vous souhaite d’aimer plus que jamais ce qui ne se vend ni ne s’achète»

Je dois par ailleurs être représentative de la grande majorité des Français(e)s : les courses sont une corvée certes nécessaire mais chiante au possible. Beaucoup de ceux qui travaillent toute la semaine les effectuent le samedi ou le soir, dans les grandes surfaces. Le dimanche, ils privilégient les commerces ou les moyennes surfaces alimentaires de proximité des centres-villes et les marchés. Si un jour toutes les grandes surfaces devaient obtenir l’autorisation d’ouvrir le dimanche, ce serait la ruine définitive du commerce de proximité !

Xavier Darcos ment assurément quand il ose affirmer que le projet de loi controversé porte sur des zones situées «dans de très grandes unités urbaines de plus d’un million d’habitants» et qu’il assure «qu’il ne s’agit pas de mettre en péril le commerce de proximité dans des villes moyennes»… alors qu’il est suffisamment démontré que la notion de «villes ou zones touristiques» vise à terme environ 5000 à 6000 communes selon l’estimation du Conseil national du tourisme qui dépend de
Bercy (voir Libération Le retour en force du travail dominical).

Je constate par ailleurs avec un certain effarement depuis déjà nombre d’années la tendance à vouloir toujours plus étendre l’amplitude d’ouverture des commerces, certains prétendant même qu’il faudrait les ouvrir la nuit. C’est faire bien peu de cas des cycles biologiques naturels, notamment, le «nycthémère» – pas «nique ta mère» ! – période de 24 heures corres-pondant à un jour et une nuit.

Je fus encore plus abasourdie de lire il y déjà assez longtemps dans un article du Monde que les Russes avaient le projet de déployer dans la stratosphère des paraboles géantes pour réfléchir la lumière du soleil pendant la nuit ! Du n’importe quoi… Comme si la planète ne souffrait pas déjà suffisamment comme ça… C’est tout le règne biologique que l’on fiche par terre, animal, végétal et… humain. Dénaturez, dénaturez : il n’en restera pas grand chose. Stop les conneries !

Mais à l’évidence, Nicolas Sarkozy pour nous entour-louper davantage et «faire peuple» – on remarquera au passage que «people» signifie «peuple» et non pas VIP – fait mine de penser aux «courses» du vulgum pecus dont il n’a rien à secouer alors qu’il s’intéresse uniquement au «shopping» des riches touristes sur les Champs-Élysées, notamment. Voire à Courchevel.

Je ne fréquente pas suffisamment ces hauts-lieux de la Planète fric pour savoir si les commerces y sont ouverts le dimanche. Il paraît que pour «les Champs» c’est en projet : d’un seul côté… Je pensais que c’était déjà fait, compte-tenu qu’ils sont déjà classés en «zone touris-tique». Or donc, pour faire avancer le schmilblick Nicolas Sarkozy a pris le prétexte de la présence de Michelle Obama pour rajouter une couche quant à la nécessité d’ouvrir les magasins de luxe le dimanche.

Quand Michelle Obama sert à défendre le travail dominical, reprenant au passage son lamento favori : c’est à moi de tout faire ! «Est-ce qu’il est normal que le dimanche, quand Mme Obama veut avec ses filles visiter les magasins parisiens, je dois passer un coup de téléphone pour les faire ouvrir ?». Nicolas Sarkozy n’étant jamais à un mensonge près (cf. la Constante de Sarkozy © mémé Kamizole) il a pu très bien suggérer à Michelle Obama de faire plutôt cette visite un dimanche – elle est restée à Paris après le départ de Barak Obama – histoire d’apporter de l’eau à son moulin…

Selon ce que je lis sur Le Figaro À l’Assemblée, la «bataille du dimanche» a commencé Nicolas Sarkozy aurait également un renfort de poids grâce président brésilien Lula, ancien syndicaliste de gauche, qui a déclaré à sa sortie de l’Élysée : «Je n’imagine pas une ville telle que Paris où un Brésilien ne pourrait pas faire ses courses le dimanche. Cela permet de créer des emplois»… Entendre les Brésiliens fortunés ! Sarko lui aurait-il fait la leçon ?

Mais j’aimerais bien savoir ce qui fait courir Nicolas Sarkozy pour tant tenir au travail dominical. C’est une véritable obsession… Au point que c’est la 4e version du texte qui est étudiée par le Parlement. Tactique éprouvée : Sarko l’obstiné finit toujours par avoir tout le monde «à l’usure» !

Que cela fasse partie de ses promesses électorales de 2007 est une chose.

Mais il en avait promis tant d’autres qu’il n’a pas tenues et n’envisage très certainement pas de tenir quelque jour que ce soit : il devait être le Président des droits de l’homme, avec les résultats que l’on sait, tant à l’égard de la Chine que dans sa fréquentation assidue de ce que toute la terre comprend de dictateurs ; il devait être celui du pouvoir d’achat – avec lui, «travailler plus pour gagner plus» s’est rapidement transformé en «gagner moins» et il n’est aucunement question d’augmenter le pouvoir d’achat de la «France qui souffre» notamment de l’inflation et de la crise – et quid ? de la croissance qu’il irait chercher avec ses dents… Le râtelier a sans doute cédé…

Cela s’inscrit bien évidemment dans son programme de détricotage du droit du travail. Tabula rasa. Mais il est archi-faux de penser que cela créera des emplois : les commerçants qui ouvriront le dimanche redéploieront leurs effectifs. Point barre. Aujourd’hui, les commerçants des zones touristiques qui ouvrent le dimanche tiennent seuls leur magasin, ou avec l’aide de membres de leur famille. Comme la nouvelle loi les y autorisera, ils institueront un «roulement» des salariés.

A moins qu’un(e) de leurs salariés préfère travailler tous les dimanches. Cela s’est déjà vu dans d’autres secteurs d’activité mais en règle générale en contrepartie d’avantages non négligeables en matière de salaire et de temps de travail hebdomadaire. Or, selon ce que je lis sur Libération Travail dominical : les principaux points du texte Mallié pour la plupart des commerces des «villes et zones touristiques» la règle est plutôt : pas de sur-salaire ni de journée de récupération… Sauf le régime plus favorable des «Puce» (Périmètre d’usage de consom-mation exceptionnelle) lesquels ne font que légaliser les pratiques illégales déjà existantes…

Or donc, il est archi-faux de prétendre que ces ouvertures auraient un effet bénéfique sur l’emploi ou la croissance comme le prétendent aussi bien Nicolas Sarkozy : «Il ne s’agit pas de dire que tout le monde va travailler le dimanche, je n’ai jamais dit ça» (…) «avec 80 millions de touristes par an, ça fera un jour de plus où, dans les zones de tourisme, il y a aura de la croissance»ou l’inepte Xavier Darcos qui «évoque le déficit accru de la branche vieillesse et le vieillissement des Français»

Comme il n’y aura ni embauche supplémentaire ou seulement de manière tout à fait marginale et moins encore de salaire payé double, cela relève de la pure désinformation et Bernard Thibault, secrétaire national de la CGT a bien raison de souligner que là réside «la faillite de l’argumentaire économique sur le sujet. Neuf mois de crise mondiale sont passés par là. Prétendre aujourd’hui que légaliser les ouvertures de magasins le dimanche va stimuler la consommation et créer de l’emploi, bref permettre de travailler plus pour gagner plus, apparaît au mieux comme de l’aveuglement, au pire comme une fumisterie»

Bref, encore une fois on enfume le bon peuple. Est-il réellement dupe ? C’est une toute autre histoire eût dit Rudyard Kipling…

Pourquoi cette précipitation ? L’été est certes propice aux mauvais coups… Mais Xavier Darcos ne frise-t-il pas une fois le ridicule quand il se présente comme «un facilitateur» et promet que «le gouvernement
se laisserait le temps pour consulter les partenaires sociaux»
… Pourquoi ne pas les avoir consultés au préalable ? Je vous fiche mon billet que ce sera comme à chaque fois une parodie de dialogue social et qu’en fait«d’entendre les arguments des uns et des autres» ce sera : «à prendre ou à laisser»

Avec Sarko, Fillon et leurs ministres : «on connaît la chanson» ! Le refrain peut varier mais la musique est toujours la même.

Toujours est-il que la gauche a pris heureusement le mors aux dents contre ce texte et notamment Jean-Marc Ayrault, président du groupe parlementaire socia-liste à l’Assemblée nationale qui a mené la charge en pointant – dans un courrier adressé à l’ensemble des députés – les incohérences et les dangers de la propo-sition de loi de Richard Maillé : «il estime que le texte, s’il était voté en l’état, opérerait dans les communes touristiques «une généralisation totale du travail dominical sans contrepartie pour les salariés». Il semble qu’il ait réussi à jeter le doute chez certains parlementaires de l’UMP…

Sera-ce suffisant pour contrer le véritable «forcing» de Nicolas Sarkozy à l’égard des députés de son parti ? Une«réception» des députés à l’Elysée, nous apprend LibéTravail dominical : Sarkozy mobilise ses troupes«destinée à leur rappeler les bienfaits du travail le dimanche» et surtout éviter un bis repetitas de «la débâcle parlementaire du projet Hadopi, la possibilité d’un nouveau raté pour la majorité hantant donc toujours les couloirs de l’Assemblée».

Il n’empêche, l’initiative de Jean-Marc Ayrault a fichu une fois de plus le brun parmi les députés de la majorité, à en croire Libération : La phrase… Ainsi, un «ponte» de l’UMP – resté anonyme – n’y va pas avec le dos de la cuiller : «Le texte sur le travail le dimanche est un gros paquet de merde. Avec son courrier, Ayrault a mis une bombe sous la ligne de flottaison de la majorité»

Si seulement Nicolas Sarkozy pouvait “boire la tasse” !

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