Travail dominical : l'UMP joue la montre contre la gauche

Le Figaro, 09/07/09

Le groupe majoritaire à l’Assemblée a choisi de ne pas utiliser son temps de parole pour accélérer les débats.

Le chronomètre est devenu l’arme majeure du président de l’Assemblée nationale pour éviter l’enlisement des débats. Les socialistes ayant demandé à disposer de cinquante heures de «temps programmé exceptionnel» pour débattre de la proposition de loi UMP sur les dérogations au repos dominical, Bernard Accoyer applique le nouveau règlement dans toute sa rigueur. Jeudi matin, le député UMP de Haute-Savoie a prévenu les députés qu’une fois leur temps de parole épuisé, leurs amendements seraient mis aux voix sans débat.

Pour ne pas avoir à siéger ce week-end, le groupe UMP a mis au point une tactique astucieuse : prendre la parole le moins possible, et attendre que le temps imparti à la gauche (19 heures 50 pour le PS, 8 heures 35 pour les communistes et les Verts) soit épuisé vendredi soir. Les feuilles jaunes du service de la séance comportent désormais un tableau, avec le temps attribué et le temps restant à chaque groupe. La lecture en est édifiante. L’UMP a 14 heures 55 de temps de parole, mais il n’avait utilisé que trois heures jeudi soir. Les députés du Nouveau Centre, qui avaient droit à 6 heures 40 de temps de parole, ne se sont exprimés qu’environ 1 heure 30. Alors qu’à gauche le PS a déjà tenu le micro pendant plus de 11 heures, le PC et les Verts plus de 7 heures.

Cette donnée arithmétique change complètement la donne parlementaire. «Face au choix délibéré du PS de demander cinquante heures de débats sur un texte en deux articles, on a adopté cette stratégie», explique Jean-François Copé. Le patron des députés UMP précise que cette position vient aussi du fait que «tous les problèmes ont été réglés en amont au sein du groupe UMP». Et il poursuit : «Pour les autres textes, la règle, c’est le débat.»

«Tout a été dit en commission»

«Nous ressentons l’inutilité d’intervenir sur des amendements de gauche répétitifs, et qui profèrent des contrevérités sur la généralisation du travail du dimanche à toutes les communes touristiques», confirme Patrick Ollier, le président de la commission des affaires économiques.

«La gauche fait de la surargumentation pour complexifier le débat. Les travaux en commission ont été particulièrement approfondis. Tout a été dit», estime Bernard Reynès, rapporteur pour avis du texte. Le juriste Philippe Houillon approuve ce choix d’en dire le moins possible : «Si on prend le maximum de temps pour répéter toujours les mêmes arguments, on ne va pas dans le sens d’une modernisation du Parlement. »

Le villepiniste Hervé Mariton parle, lui, d’une «tactique habile», mais il ajoute : «Il ne faudra pas en abuser, car cela ne doit pas empêcher de clarifier le débat.» Porte-parole du Nouveau Centre, Francis Vercamer est sur la même ligne : «J’interviens quand les propos sont d’ordre polémique. Je ne parle pas pour le plaisir».

À gauche, Jean-Pierre Brard (PC), qui se délecte dans la plaidoirie parlementaire, juge la tactique de l’UMP «très désagréable, car il n’y a pas d’échange. C’est la gauche qui parle avec la gauche.» Quant à Jean-Marc Ayrault, le patron des députés PS, il accuse Jean-François Copé de «refuser le débat».

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