Daniel Cohn-Bendit soutient le repos dominical

Blog de Daniel Cohn-Bendit 25 mars 2009

Guillaume me demande dans un commentaire à mon précédent billet ce que je pense du projet du gouvernement de travail le dimanche. Je ne fais pas du travail ce jour-là un tabou ou une religion. Mais j’ai toujours pour principe politique de ne pas prôner pour les autres ce que je ne souhaite pas pour moi-même, et comme toi j’imagine, je suis très heureux quand je peux profiter de cette journée pour la consacrer à ma famille, les proches et mes amis. Je suis donc contre ce projet. 

Je comprends qu’il existe une demande ou un besoin pour certaines activités ouvertes le dimanche, mais je trouve l’actuel projet du gouvernement Fillon plus motivé par un souci de répondre à un certain lobby des grandes entreprises de la distribution que par une volonté juste et équitable de répondre à un besoin social. C’est toujours ce stupide slogan du « travailler plus pour gagner plus » qui est derrière cette nouvelle volonté de dérégulation flagrante du marché du travail. Promettre une rémunération double pour le travail dominical  est une sombre farce dans une période de crise et de chômage croissant, d’autant plus qu’on sait que ce ne sera pas vrai. Aujourd’hui, le travail dominical est rémunéré environ 5% de plus que les jours de semaine !

J’ai conscience aussi que pour toute une partie de la population, le travail du dimanche est déjà aujourd’hui une obligation, sinon une nécessité. Je pense notamment (mais pas seulement à eux) aux étudiants, dont plus de la moitié travaillent pour payer leurs études. Le travail le week-end, faute de bourses suffisantes, est pour eux une des seules possibilités de revenus. 

Mon sentiment est que, lorsqu’il s’impose, il doit être payé bien plus du double du salaire normal et qu’il doit faire l’objet d’une protection et d’un contrôle nettement accru. Je pense notamment qu’il doit être véritablement créateur d’emplois, c’est-à-dire faire l’objet d’une embauche et d’un contrat de travail spécifiques (et non pas être un instrument de flexibilité abusive du temps de travail). Comment peut-on faire face à la crise durable de l’emploi et à la nécessité de changer les rapports sociaux en refusant de poser la question du partage du travail?

Par ailleurs, cette question pose celle des activités bénévoles, associatives ou citoyennes : ne convient-il pas, sans leur retirer leur caractère gratuit, de prévoir une rémunération pour de telles activités, qu’elles aient lieu le dimanche ou non ? Après tout, elles sont créatrices de lien social, elles participent de ce que j’appelle dans mon livre la pollénisation de la société. Les prendre en compte, d’une manière ou d’une autre, me paraît indispensable.
 
Dany

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