LCI : témoignages sur le travail du dimanche

Témoignages – Travail le dimanche : il y a débat !

LCI,  17/11/08

Les internautes de LCI.fr se passionnent pour la réforme du travail dominical. Liberté de travailler, laïcité, volontariat réel ou subi : le débat fait rage.

Voici un aperçu de vos témoignages.

Le gouvernement est pour, les syndicats tiquent, et… vous êtes partagés. Vous avez été plusieurs centaines à répondre à notre appel sur le travail le dimanche. Le ministre du Travail Xavier Bertrand est revenu à la charge lundi en estimant que la décision de deux magasins Castorama de renoncer à ouvrir le dimanche, en raison des astreintes qu’ils doivent payer, montrait la nécessité de changer une réglementation « à bout de souffle« . Alors que le président de la République a demandé un examen rapide du texte facilitant le travail du dimanche qui doit être présenté dès le début du mois de décembre, voilà un aperçu du débat sur LCI.fr.
 
Volontariat ? Mon œil!
 
C’est la question du volontariat qui a le plus souvent suscité votre hostilité au texte sur  lequel planche l’UMP. Mimi de Habas ne pense pas qu’à terme les employés auront un vrai choix : « Je suis employée dans une grande surface, les dimanches avant Noël sont ouverts. La direction demande un certain nombre de personnel. Que se passerait-il si ce nombre était insuffisant pour faire fonctionner le magasin ce jour-là ? Je pense qu’elle mettrait assez de pression pour qu’il en soit autrement… » « C’est vraiment de l’hypocrisie« , abonde  Anna3 de Guyancourt, « Il ne faut pas oublier que lors des embauches la question est posée : seriez-vous susceptibles de venir travailler le dimanche ? (…) mais de toute façon, nous n’aurons pas notre mot à dire : les lois sont votées soit le week-end, soit pendant les vacances en toute discrétion« .
 
« Je travaille depuis plus de 15 ans dans le commerce, au début c’était un, deux dimanches, aujourd’hui ce sont tous les dimanches de décembre« , se désole aussi Isabelle, de Reims, « Nous n’avons jamais ou quasi-jamais deux jours consécutifs, peu de vie de famille donc ». « J’ai travaillé durant 10 ans le dimanche« , témoigne  Jonathan de Lille,  « je peux vous affirmer qu’aujourd’hui, je suis contre. Je ne saurai vous dénombrer le nombre de semaines sans jour de repos que j’ai cumulées, sous couvert de raisons plus bidons les unes que les autres de mon employeur« . « Lorsque l’on parle de volontariat je peux vous dire que c’est de la foutaise. Dans mon entreprise un jeune qui refuse de travailler le dimanche n’est pas embauché ! « , conclut sévèrement Patrick du 44.
 
Le dimanche, un jour sacré?
 
Beaucoup d’internautes  souhaitent aussi conserver au dimanche son caractère particulier : religieux, ou tout simplement familial. « On ferait mieux d’inciter les gens et très particulièrement les jeunes à aller se cultiver le dimanche-  ils en ont un bien grand besoin – et s’aérer ou faire du sport au lieu d’aller se traîner, et même pas acheter, dans des horribles galeries marchandes avec des horreurs en vitrine« , s’enflamme Titi de Paris dans une diatribe anti-consumériste. Même écho en Martinique. « Les gens qui n’ont rien à faire devraient plutôt aller se promener ou s’occuper de leur famille« , pointe Jojo de Fort de France « dans le temps on réunissait les enfants, les amis, et on passait du bon temps…« 
 
Comme son pseudo l’indique, le père de Saint-Jean-d’Illac, prend la défense de la spiritualité du dimanche. « Le dimanche est un jour de repos dominical, pourquoi faut-il toujours que l’argent devienne priorité sur tout, toujours plus pour l’économie ! Et l’être humain, qu’en fait-on ? (…) laissez les pratiquants pratiquer, c’est une atteinte au droit de culte, alors je dis stop ! « . « Mais qu’a donc le dimanche de si particulier si ce n’est qu’il est traditionnellement le jour de la messe pour les chrétiens pratiquants ? « , lui répond Liliane d’Alençon, « La France ne serait-elle pas laïque ? La religion y aurait-elle toujours une influence sur le législateur ? Si oui, alors pourquoi ne pas respecter également le sabbat et tout autre jour réservé à la prière ou la méditation par d’autres religions que la religion chrétienne ? »
 
TG de New York donne à son tour une leçon de laïcité et d’économie : « Le dimanche est un jour comme les autres pour de nombreuses personnes dont la religion ou l’absence de religion n’en fait pas un jour spécial ! A partir du moment où une personne a le choix et que son temps de repos hebdomadaire est respecté, tout le monde devrait avoir la possibilité de travailler le dimanche ! Il ne s’agit pas d’obliger les gens à travailler le dimanche, mais de leurs donner le choix avec une possibilité de revenus plus élevés ! La France a un système de protection de l’employé qui permet de s’assurer qu’il n’y ait pas d’abus. Le travail le dimanche sera un moyen de dynamiser l’économie en France qui en a bien besoin ! » Nicolas Sarkozy appréciera.
 
Liberté chérie
 
Les exemples à l’étranger vous inspirent. Coco de Dreux ne croit pas à cet « effet dimanche » sur la croissance et relève qu' »en Suisse, tout est fermé le dimanche y compris les boulangeries.Or, on est à près de 3% de chômeurs. M. Sarkozy pourrait il expliquer ce phénomène ? Une chose est sûre: j’ai un budget pour le mois : si je le dépense le samedi ou le dimanche, je ne dépense pas plus« . Bernard de Québec, se réjouit qu’ « au Canada, les magasins sont ouverts le dimanche et des milliers de famille magasinent (NDLR : font du shopping) ce jour-là. Ils sont en famille et heureux. Beaucoup d’étudiants peuvent travailler et gagner de l’argent pour payer leurs études. Ces jeunes apprennent ce qu’est le travail et ne sont pas dans les rues à casser ou à sniffer. Ce ne sont pas des assistés« .
 
C’est cette liberté de travailler dont témoigne Bernard que vous êtes nombreux à vouloir arriver de ce côté de l’Atlantique. Margat de La Ciotat rappelle la devise de la République. « Liberté, Egalité, Fraternité : il faut que ces principes soient respectés, chacun doit être libre de choisir de faire ou non des efforts pour sa propre vie. Ce n’est pas à une minorité de gens ne travaillant
d’ailleurs pas, comme des syndicalistes, à empêcher d’autres vrais travailleurs à faire ce qu’ils jugent bon pour eux« .
 
Elle appréciera cet avis de Gérard de Villeneuve-Loubet : « Cela fait 20 ans que je travaille le dimanche et cela ne me dérange pas. Dans mon entreprise, nous sommes 45 et personne n’est contre. Ce que j’apprécie le plus en bossant le dimanche c’est que je peux faire mes courses en semaine sans être bousculé dans les rayons« . Annie de Minet raille ceux qui « critiquent le travail du dimanche. En revanche, ils achètent tous leur pain, vont au cinéma, au restau, regardent la télé, écoutent la radio. Quand ils sont malades, ils sont bien content de trouver un médecin ou de se rendre à l’hôpital…. C’est le paradoxe français dans toute sa splendeur« .
 
Fred de Savigny préfère ouvrir le débat. « Ce n’est pas tant le travail le dimanche qui manque, ce sont plutôt des horaires aménagés. Par exemple, ma poste ouvre à 9 heures 30 et ferme à 17 heures 30. Je ne travaille pas à coté de chez moi donc impossible de venir chercher un recommandé ou un colis excepté le samedi matin. C’est franchement débile. Idem pour les banques fermées le lundi, pour la mairie… J’aimerais bien que les services publics fassent des efforts comme ouvrir beaucoup plus tard une journée en semaine ».