Le repos dominical face au Covid-19

Le repos hebdomadaire est donné le dimanche, « dans l’intérêt des salariés », indique le code du travail. Mais le Covid­19 a fait sauter ce verrou au nom de la santé, pour faciliter le suivi de la circulation du virus et le traçage des salariés malades et des « cas contacts », dit « contact tracing ». Durant le confinement, l’ordonnance du 25 mars avait énoncé la possibilité pour certains secteurs d’activité de déroger au repos dominical du salarié et d’attribuer le repos hebdomadaire par roulement, afin d’assurer la sécurité de la nation et la continuité de la vie économique.

Le décret du 15 mai ouvre une nouvelle dimension en l’autorisant au nom du suivi du virus, non pour le personnel de santé, mais pour les entreprises et les prestataires de services qui participent à la mise en place du système d’information sur les données des personnes malades : l’identification, l’orientation et l’accompagnement des personnes infectées ou présentant un risque d’infection et enregistrées sur le téléservice Contact Covid. […]

Ce qui tient du bon sens pour assurer la surveillance permanente destinée à éradiquer la pandémie donne au passage un nouveau coup de griffe au repos dominical. Le nombre de collaborateurs de la CNAM potentiellement concernés s’élève à 6 500, auxquels s’ajoutent ceux des ARS, non communiqués par le ministère. Ces salariés du dimanche viennent rejoindre ceux qui sont concernés par la dérogation permanente du repos dominical – commerces alimentaires, transports, pompiers, fleuristes, etc. –, la liste est longue. Et ceux qui ont été autorisés à travailler le dimanche par accord d’entreprise pour faciliter la reprise progressive de l’activité des entreprises depuis le 11 mai.

Avant le Covid­19, selon la dernière enquête Insee, en 2018, un salarié sur cinq travaillait au moins un dimanche dans le mois. La pandémie vient provisoirement de priver de nouveaux salariés de leur repos dominical. « Les dispositions sont mises en place sur une durée de trois mois, mais pourront être amenées à évoluer au regard du contexte épidémique », prévient la CNAM. L’ordonnance autorise cette pratique dérogatoire jusqu’au 31 décembre 2020.

Anne Rodier –  Le Monde du 29 mai 2020

Laisser un commentaire