Manuel Valls "vend" la France aux Chinois

On croit rêver !

M. Valls, en VRP ultralibéral, en train de vendre à la Chine les avantages de la France : les travailleurs français travaillent plus que les allemands, licenciement facile, et travail tous les dimanches, pour pouvoir faire ses courses le dimanche et visiter les musées le samedi, alors que les Chinois savent depuis longtemps qu’il est très simple de faire ses courses pendant la semaine et de visiter les musées le dimanche.

Si c’est là le modèle de société voulu par M. Valls, qu’il nous permette de nous en étonner… et de ne pas être d’accord. 

 
 

Dans un pays qui n’est plus vraiment communiste, le Premier ministre a tenu des propos qui ne sont plus vraiment socialistes.


Ces Français qui réussissent dans le business lui ont fait du bien. En écoutant le patron de la célèbre agence Fred & Farid, installé à Shanghai depuis des années, lui dire "on a besoin de sentir qu’on est des champions" ou la créatrice de l’émission télévisée Bonjour la France lui avouer que notre pays la "fait rêver", Manuel Valls était heureux. Il a senti des "ondes positives", un "vent d’optimisme", si loin du dénigrement de l’Hexagone contre lequel il lutte. Valls est venu, ici, dire en français (à peu près dix fois par jour et une fois en chinois) : "Les investissements chinois sont bienvenus en France." Pour vendre la France, le Premier ministre développe sa propre partition.

Un Premier ministre décomplexé
Dans cette Chine qui n’est plus vraiment communiste, Manuel Valls, lui, n’est plus vraiment s­ocialiste. Loin de Paris, le Premier ministre s’affiche décomplexé. Il suffit de l’écouter parler devant les chefs d’entreprise chinois pour s’en convaincre. Samedi matin, il s’adressait à eux au musée de l’Urbanisme : "L’image selon laquelle nous ne r­éformons pas le marché du travail et qu’il est impossible de licencier est fausse […]. La protection de l’emploi est plus forte en Allemagne qu’en France. On parle aussi beaucoup des 35 heures, mais ce n’est qu’une durée de référence. On travaille en moyenne davantage en France qu’en Allemagne."

Manuel Valls veut attirer les touristes chinois. Et il a des arguments à faire valoir. "Comme vous le savez peut-être, pour répondre à ce flux de touristes, nous sommes en train de faire voter au Parlement l’assouplissement de la réglementation concernant le travail du dimanche, afin que les touristes, notamment chinois, puissent faire leurs achats également ce jour-là. Le samedi, [ils] iront à Versailles et au Louvre, et le dimanche, ils feront leurs courses non plus à Londres mais à Paris."

La veille, à Pékin, devant des chefs d’entreprise français et chinois, dans le sublime building de Wangjing Soho, il avait délivré le même message : "La France est un pays qui vous attend […]. Ne craignez pas notre droit, ni notre droit social, ni ce qui est la réalité française. La France est un pays qui vous permettra de faire de belles affaires."Dans l’avion qui le conduisait à Shanghai, Manuel Valls s’étonnait que l’on soit surpris de ce discours, si loin de ce qui a fait la gauche française. " Selon le French bashing, on ne peut pas investir en France car le droit du travail est trop dur, il y a trop de grèves, trop d’impôts. Je fais de tels discours pour faire tomber les préventions, pas pour annoncer tel changement en France. Je veux dire que la France est attractive. Il ne s’agit pas de je ne sais quel message à l’égard de notre pays", confie le Premier ministre au JDD.

La majorité ne part plus battue
Le moment politique est singulier, il le sait : "Le rôle historique de la gauche, qui depuis des mois et des mois débat avec elle-même, est de se tourner vers les Français. Il faut utiliser ce moment si particulier comme effet de levier pour que les Français reprennent confiance."

La politique revient et avec elle son cortège de sondages sur la prochaine présidentielle. Marine Le Pen est très haut, Sarkozy se tasse et Hollande progresse. Manuel Valls sait qu’il est beaucoup trop tôt pour y voir clair. Tout juste souligne-t-il : "Le Président a retrouvé un socle." Pour lui, l’élimination de la gauche au second tour n’est plus une certitude. Manuel Valls se sent pleinement chef de la majorité, d’une majorité qui ne part plus battue d’avance aux batailles électorales. "Le climat a changé. Les types qui partaient la corde au cou se remettent à y croire, ils se battent", veut-il croire. Premier verdict ce soir, à Montbéliard. 

Cécile Amar Shanghai, envoyée Spéciale, Pékin (Chine) – Le Journal du Dimanche
dimanche 01 février 2015

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