Travail dominical : le bien-être des uns ne doit pas devenir l’esclavage des autres

 Le Salon Beige, 09/12

Mgr Robert Poinard, vicaire général du diocèse aux armées, revient dans un long texte sur ce que représente le dimanche pour les chrétiens. Extraits :

"« Le dimanche apparaît donc, dès les origines, comme une institution typiquement chrétienne, originale et autonome » (G. Jacquemet). Jésus s’était montré vivant à ses disciples un dimanche. Ils prirent l’habitude de se réunir ainsi les dimanches suivants, comme en attestent l’évangéliste saint Jean puis les Actes des Apôtres. Jésus ressuscité revint ainsi les visiter plusieurs fois les dimanches suivants jusqu’à son Ascension, durant quarante jours. Et l’effusion de l’Esprit Saint a bien lieu un dimanche au milieu de la communauté réunie pour fêter la Pentecôte. A partir de là on comprend que l’Eglise naissante ait voulu s’organiser autour de ce jour (…)

Contrairement à ce que certains ont prétendu, le dimanche, comme jour de fête chrétienne, n’est pas né d’une sorte de conflit entre le culte juif et le culte chrétien puisque les disciples du Christ ont continué à marquer le shabbat durant quatre siècles, parallèlement au dimanche ! Il n’y a donc jamais eu d’opposition entre le samedi et le dimanche mais un accent nouveau, et plus fortement marqué, sur le dimanche comme jour spécifiquement chrétien (…) Finalement, ce qui semble vraiment avoir donné le coup de grâce au samedi c’est la décision de l’empereur Constantin de promulguer le repos dominical pour tout l’Empire. Désormais le dimanche devient le jour officiellement chômé partout et il le restera en occident jusqu’à nos jours (…)

Pour le chrétien le dimanche est d’abord le jour du Seigneur : c’est le dimanche que le Christ a triomphé de la mort (…) Le dimanche est aussi le jour consacré à Dieu : héritiers de la tradition biblique, nous savons qu’il nous faut mettre à part des temps pour Dieu qui lui soient gratuitement consacrés (…) Le dimanche est le jour de l’homme : dans l’empire romain christianisé les esclaves travaillent jusqu’au vendredi soir. Le samedi et le dimanche ils appartiennent à l’Eglise qui en profite pour les catéchiser et humaniser quelque peu leur condition misérable. Le dimanche s’imposera dans l’Eglise comme le jour à consacrer aux plus petits, à inviter des pauvres à sa table par exemple, ou à leur porter un repas (…)

Le principe, depuis Augustin jusqu’à nos jours, est toujours le même. Le repos dominical ne peut être rompu qu’à une seule condition : la nécessité de pratiquer la caritas c’est-à-dire lorsque le devoir m’oblige à secourir mon frère, à lui venir en aide. Ainsi, toutes les professions qui sont vouées au soutien matériel, médical, moral de l’homme ne sont pas concernées par les obligations du repos dominical (…)

Le bien-être des uns ne doit pas devenir l’esclavage des autres…En toute chose c’est le bien commun qui doit primer. Or, le bien commun est de pouvoir se reposer le dimanche et se livrer aux activités que l’on a librement choisies.

L’ordre économique ne doit pas écraser l’homme sous des fardeaux qu’il ne puisse plus supporter. Or il y a un grave danger à rompre des équilibres que la sagesse divine et la sagesse humaine ont établis dans l’ordre naturel. En tout état de cause, un abandon quasi général du repos dominical qui viendrait totalement bouleverser l’ordre économique et social, pourrait causer une désorganisation profonde de la vie de nos sociétés et, en particulier, de la cellule familiale. On comprend que la polémique autour du travail du dimanche soit importante non seulement pour la vie chrétienne mais pour la vie sociale en général."

Philippe Carhon

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