Le repos dominical fête ses 200 ans

 
Supprimé après 1789, le congé du dimanche a été restauré par une loi du 18 novembre 1814. Issu de la tradition chrétienne, il a été successivement défendu et remis en cause. Récit.
 

La genèse
« Au jour vénérable du soleil, que les magistrats et les habitants se reposent et que tous les ateliers soient fermés », ordonne, en 321, Constantin, premier empereur romain à s’être converti au christianisme. À l’origine, le dimanche, jour du soleil ou « jour du Seigneur » en latin, est le premier jour de la semaine. Il commémore la résurrection du Christ.

Au Moyen Âge, comme à la Renaissance, conciles et ordonnances martèlent l’obligation d’aller à la messe dominicale. Néanmoins les philosophes des Lumières battent en brèche le congé de fin de semaine. Montesquieu le condamne au nom de la morale, Voltaire au nom de l’économie…

La Révolution de 1789 rebat les cartes. Le nouveau calendrier républicain supprime le dimanche ! L’année est divisée en douze mois. Les semaines, de dix jours, vont du primidi au décadi. Malmené, le repos dominical résiste. Une loi de 1800 l’impose aux fonctionnaires. Bonaparte maintient cette obligation, dès 1802.

Le tournant
La loi du 18 novembre 1814 « pour la sanctification du dimanche » le rétablit pour le plus grand nombre. Elle interdit les activités extérieures ainsi que le travail visible et audible des artisans et commerçants. En 1851, le repos dominical est laissé à la liberté de chacun. Selon le ministre de l’Intérieur de l’époque, il est « nécessaire à la santé et au développement intellectuel des classes ouvrières ».

Un avis qui divise. En 1879, un député radical propose d’abroger la loi de 1814. Colère des royalistes. Armand Fresneau, sénateur du Morbihan, s’insurge : « Le faible, le pauvre qui a besoin de protection, voilà la victime de la disparition des temps de repos. » L’abrogation est votée, en 1880. Seuls les fonctionnaires conservent un congé le dimanche.

Nouveau rebondissement, au début du XXe siècle : un député socialiste propose un « repos obligatoire » d’un jour par semaine. « Ouvriers et employés ne peuvent être occupés plus de six jours dans les usines, carrières, maisons de commerce »… Les débats durent quatre ans. Portés par le mouvement des employés des grands magasins et une campagne de la CGT, ils débouchent, en 1906, sur la promulgation d’une loi.

Celle-ci s’inscrit dans une perspective laïque et prend en compte la famille. Le repos hebdomadaire est fixé le dimanche. Il s’impose définitivement après la Grande Guerre.

Un petit air de déjà-vu…
Nicolas Sarkozy relance le débat, en 2009, avec une loi permettant de travailler le dimanche pour les salariés volontaires, dans certaines zones. En août 2014, le gouvernement annonce un nouvel assouplissement de la législation. Le projet de loi qui sera présenté mi-décembre prévoit notamment que les commerces non alimentaires puissent ouvrir jusqu’à douze dimanches par an. En contrepartie, la compensation des salariés serait améliorée. Plusieurs centaines de manifestants ont battu le pavé contre ce projet, vendredi, à Paris.

Charles Beigbeder, élu dans le VIIIe arrondissement de Paris, souligne, dans Le Figaro : « Le travail existe pour l’homme et non l’homme pour le travail. Le jour chômé vient nous le rappeler. »

Source : social-sante.gouv.fr

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