Pour l'ouverture numérique des magasins le dimanche !

Ci dessous un article d’une remarquable pertinence, sur la question de la prétendue "concurrence d’Internet", l’argument-massue répétée ad intoxeam par les tenants du travail domincal, dont le dernier en date n’est que Laurent Fabius.

Le Monde, 22/10/14

Le gouvernement a annoncé le mercredi 15 octobre un nouvel élargissement du travail dominical [le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, a présenté les grandes lignes de son projet de loi pour relancer l’activité].

L’ouverture physique des magasins le dimanche est un combat d’arrière-garde. Au XIXe siècle déjà, on avait imposé le travail du dimanche aux salariés au nom des mêmes contraintes économiques et de la lutte contre le chômage ! Rien n’accrédite la thèse selon laquelle l’extension de l’ouverture dominicale des commerces créera des emplois.

L’exemple de la Bourse de Paris est instructif. A la fin des années 1990, il a été décidé d’ouvrir notre place boursière tous les jours fériés où les places anglo-saxonnes fonctionnent au nom de la modernité, de la compétitivité et de la création d’emplois. Quinze ans après, les faits parlent d’eux-mêmes.

L’ouverture de la Bourse de Paris les jours fériés n’a permis d’atteindre aucun de ces objectifs. Elle n’a eu pour effet que de perturber la vie des salariés concernés et d’alourdir les coûts de fonctionnement des sociétés de bourse.

L’OUVERTURE DOMINICALE DES MAGASINS EST UN LEURRE

L’ouverture des magasins le dimanche ne suscitera aucun rebond de la consommation des ménages si les Français continuent à voir leur pouvoir d’achat stagner ou décliner. Quant aux ventes prétendument manquées auprès des touristes étrangers, elles sont trop limitées pour avoir un véritable effet sur l’emploi.

Ayons un train d’avance plutôt que de retard ! A l’heure du commerce en ligne, nos distributeurs doivent investir dans les dernières technologies permettant aux clients de réaliser les achats qu’ils souhaitent par Internet tous les jours de la semaine sans nuire aux repos dominical des salariés. Et s’agissant des visiteurs étrangers qui repartent par les vols du dimanche soir ou du lundi matin, une logistique adaptée permettra d’éviter toute perte de ventes.

Dans la lutte contre le chômage, l’ouverture dominicale des magasins est un leurre. L’Allemagne démontre au contraire qu’il n’y a nul besoin d’ouvrir les magasins le dimanche pour avoir un faible taux de chômage. Pour vaincre le chômage de masse à la Française, il faut s’attaquer à ses vraies causes : les rigidités du marché du travail, les 35 heures, les dépenses publiques non maîtrisées ou la crise de confiance qui paralyse le marché immobilier.

L’instauration d’un contrat unique pour l’ensemble des salariés comme le recommande notre nouveau prix Nobel Jean Tirole aurait beaucoup plus d’impact sur l’emploi. Il est d’autant plus important de ne pas céder à la facilité du renoncement au repos dominical qu’il serait lourd de conséquences pour notre société.

VALEURS ESSENTIELLES ET BESOINS LÉGITIMES

Dans une France déstabilisée et plus éclatée que jamais, il est crucial d’entretenir et de développer tous les moments de communion citoyenne. Le dimanche est le jour de la vie commune. Il est celui des fêtes, des repas et promenades en famille, du vote aux élections, des devoirs faits et revus avec les enfants, des rencontres sportives amicales, du culte et de la pratique de beaucoup d’autres activités sociales.

Remettre en cause le principe du repos dominical, c’est porter une nouvelle atteinte à cette cohésion nationale dont l’équilibre est aujourd’hui si fragile. Comme le disait le général de Gaulle, «la vie n’est pas le travail, travailler sans cesse rend fou ! ». L’élargissement du travail le dimanche n’est pas une libération. Invoquer la liberté du travail pour le motiver est une mystification.

A ce compte, on peut justifier toute les exploitations. Il y aura toujours des salariés prêts à travailler dans les pires conditions, à toute heure, 14 juillet, 1er mai et 1er janvier compris pour plus d’argent. Ne prétendons pas les libérer en les asservissant. C’est l’honneur de nos sociétés de fixer des règles et des limites pour éviter l’exploitation des citoyens les plus vulnérables.

La révolution numérique nous offre tous les moyens nécessaires pour concilier les valeurs essentielles qui fondent notre société et les besoins légitimes de consommation et d’activité. Utilisons-les plutôt que de nous battre avec les armes du passé !

François Vigne, président du Rassemblement républicain pour la France 

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