Menace sur le repos dominical

 

Le magasin Gifi a ouvert ses portes mercredi, à Montceau. Une ouverture que les concurrents ne voient pas d’un très bon œil.
On m’a parlé d’un projet d’ouverture à Montceau en me proposant d’en être le gérant. J’ai tout de suite accepté. » Originaire de Marseille, Nicolas Berard travaille pour Gifi depuis huit ans. Anciennement responsable du magasin du Creusot, il est ravi de pouvoir gérer un magasin tout neuf : « Tout change, le design du magasin, les méthodes d’implantation… Ici, c’est beaucoup plus moderne. »

Seuls les volontaires feront le dimanche

En revanche, une chose n’a pas changé pour Gifi : les jours d’ouverture. Les magasins de l’enseigne étant tous ouverts 7 jours sur 7, celui de Montceau ne dérogera pas à la règle. « On a appris que Montceau était considérée « ville touristique », alors on va pouvoir faire travailler les salariés qui se portent volontaires. Tout le monde nous dit que ça va faire sortir les Montcelliens le dimanche. J’ai cru comprendre qu’il y avait peu de magasins, ici, qui pratiquaient l’ouverture dominicale ». Nicolas Bérard ne croit pas si bien dire.

À Montceau, faire travailler ses employés le dimanche n’est pas rentré dans les mœurs. Parmi les concurrents de Gifi, beaucoup n’apprécient pas ce non-respect de la coupure hebdomadaire. C’est par exemple le cas pour la responsable du magasin Marché aux affaires, Marie Moine. « On va être contraint d’ouvrir le dimanche après-midi maintenant, sinon on est mort. Mais à la base, ce n’est vraiment pas ce que je voulais, d’une part pour respecter mes salariés, et d’autre part parce que Montceau est quand même une ville de mineurs. Ici, les gens sont morts dans les tranchées et les syndicats se sont battus pendant des années pour justement permettre aux salariés de se reposer le dimanche. »

Pour la responsable du magasin Big Bazar aussi, la pilule est dure à avaler : « L’ouverture le dimanche, je suis absolument contre, à part si les gens veulent travailler ce jour-là, mais ce n’est jamais vraiment du volontariat », estime-t-elle avant d’ajouter : « Et puis neuf bazars à Montceau, ça commence à faire beaucoup. Surtout que ça ne risque pas de nous aider, car situé dans une zone déserte et placé juste à côté du magasin de bricolage qui vient de fermer. On est en chute libre en ce moment. »

Montceau, classé ville touristique

Si Gifi a le droit d’ouvrir le dimanche, c’est parce que Montceau est classée ville touristique. Une autorisation que Jean-François Fayard, le responsable de LogiBazar , a du mal à comprendre : « À part les mines, je ne vois vraiment pas ce qu’il y a de touristique à Montceau. C’est un comble. Cela fait 30 ans que je travaille 6 jours sur 7, et je ne pense pas que travailler le dimanche fasse rêver mes employés. Donc non, je n’ouvrirai pas le dimanche, mais qu’on ne s’étonne pas si les petits commerçants meurent à petits feux », déplore-t-il.

« Il ne faut pas se tromper de cible »

Un constat amer que Pierre Rémy, président de l’association Montceau Commerces, relève aussi : « Le problème, c’est que le petit commerçant, lui, n’a pas les moyens d’ouvrir sept jours sur sept alors au bout d’un moment il faut arrêter. Déjà qu’aujourd’hui, avec les grandes surfaces, on n’a plus de commerce de proximité alors là, qu’est-ce que ça va donner ? Ce n’est pas ouvrir les magasins le dimanche qu’il nous faut, mais plutôt du pouvoir d’achat. Il ne faut pas se tromper de cible. »

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