Les réformateurs ringards

L’Huma, Mardi, 21 Octobre, 2014 L’éditorial de Maud Vergnol
 
Il y aurait donc d’un côté les «modernes» Valls, Sapin et autres Macron, réformateurs au sourire impeccable.
Il y aurait donc d’un côté les « modernes » Valls, Sapin et autres Macron, réformateurs au sourire impeccable. Ceux qui n’ont pas peur d’user les semelles de leurs chaussures Louboutin à arpenter les couloirs de Bruxelles pour leur « opération séduction », nous dit-on. Et de l’autre, la « vieille gauche », « la gauche archaïque », celle des « sans-dents » et des « illettrées », celle qui ose croire encore au progrès social et qui refuse le grand bond en arrière. Pourtant, ceux qui se présentent comme les chantres de la modernité prennent la route de l’histoire en sens inverse. L’incurie du gouvernement face au chômage de masse en est l’illustration parfaite. Ainsi, il faudrait « libérer » l’activité, en généralisant le travail du dimanche, casser les derniers droits des salariés, baisser l’indemnisation des chômeurs et les transformer en travailleurs pauvres. Qu’importe, pour les « modernes », que le problème du chômage soit ailleurs, dans les trois vraies maladies du pays que sont l’austérité, le pompage des richesses par le capital et l’affaiblissement de l’État, pourvu que l’« armée industrielle de réserve » continue de permettre aux financiers de regonfler leurs marges. Après deux ans de silence, Martine Aubry impose depuis deux jours une autre musique en critiquant durement l’orientation politique du gouvernement Valls. « Détricoter au XXIe siècle les progrès du XXe siècle est une étrange option pour la modernité », dénonce celle qui avait recueilli 30 % des voix à la primaire socialiste de 2011, loin devant l’actuel locataire de Matignon. « Il serait assez curieux, avec la crise sous les yeux, de s’amouracher à contretemps d’illusions qui démoralisent notre pays. Les tentatives de Tony Blair et de Gerhard Schröder sont derrière nous », estime la maire de Lille, qui a finalement consenti à venir renforcer les voix qui s’insurgent à gauche, depuis le début du quinquennat, contre les orientations suicidaires de François Hollande.

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