Bataille d’arguments à gauche sur le travail du dimanche

 
Le ministre de l’Économie Emmanuel Macron a annoncé la semaine dernière son intention de faciliter le travail le dimanche. Le sujet divise toujours dans les rangs du PS. Revue de détail des différents arguments échangés.
Il semble bien loin le temps où les députés PS s’élevaient à l’unisson contre le travail dominical, comme dans cette vidéo publiée en 2008 . Le ministre de l’Économie Emmanuel Macron a annoncé la semaine dernière son projet de loi pour l’activité. Il comprend notamment un élargissement de la possibilité de travailler le dernier jour de la semaine. Les commerces non alimentaires pourront ouvrir cinq dimanches par an sur simple demande, et jusqu’à douze dimanches par an au total. Emmanuel Macron a également expliqué que les salariés seraient mieux payés s’ils travaillent le dimanche.
Les arguments pour
Une réforme créatrice d’emplois
Emmanuel Macron a estimé dimanche que "simplifier le travail le dimanche va créer des milliers d’emplois". "Cela va aider des gens qui sont au chômage, qui ne touchent même un SMIC à gagner davantage", a-t-il assuré. Même constat du côté de Bruno Le Roux pour qui "il y a bien entendu des gisements d’emplois sur le travail le dimanche".  "Mais il faut que les zones soient bien identifiées et les choses simplifiées", a expliqué le chef des députés PS sur RTL lundi.
 
Commentaire CAD : non seulement il n’existe aucun argument macro-économique démontrant la création d’emploi par le travail du dimanche, mais en plus il existe des risques de destruction d’emploi net ! Si tout le monde sera d’accord pour que les choses soient simplifiées, la meilleure manière d’y parvenir est d’abroger la loi Mallié, qui est venue mettre un désorde kafkaien dans une législation qui était auparavant simple et équilibrée. Ce n’est pas ce qui se pépare dans les cartons du ministère. 
De nouvelles recettes liées au tourisme
Les défenseurs de l’extension du travail dominical insistent également sur la nécessité d’augmenter les dépenses des touristes étrangers en France. L’argument est notamment défendu par Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, en charge du Tourisme. "Il y a quelques années on pouvait discuter : est-ce opportun ou pas? Mais aujourd’hui, il nous semble que, compte tenu du flot de touristes qui existe et qui ne vont pas attendre le jeudi pour venir consommer; et d’autre part compte tenu du développement du e-commerce, il n’y a plus de choix", a-t-il plaidé en septembre dernier. 
 
Commentaire CAD : l’argument du e-commerce, régulièrement resservi, est d’une totale absurdité : en effet, les grandes enseignes, qui veulent ouvrir, ont déjà leur site Internet. Par ailleurs, toutes les enseignes peuvent ouvrir un site Internet. Enfin, la totalité des sites Internet vendant des produits physiques, même s’ils peuvent à titre dérogatoire travailler le dimanche, n’effectuent les livraisons qu’en jours ouvrés. Par ailleurs, la réflexion serait à différencier par segments : il ne viendrait à personne l’idée d’acheter un poisson rouge par Internet. En ce qui concerne les supposées transfert de touristes qui iraient acheter des parfums français à Londre sous prétexte que le Séphora des Champs n’est pas ouvert jusqu’à minuit, il s’agit d’une affirmation purement fantaisiste, comme les "milliers d’emplois" promis par le député-dentiste Mallié,  jusqu’à ce que le Ministre veuille bien nous montrer d’où il tire ses informations.  
 
Les arguments contre
Une mise en danger des petits commerce
Certains élus PS insistent sur la menace que constitue l’extension du travail le dimanche pour les petits commerces. C’est le cas d’Anne Hidalgo,qui considère, qu’une "négociation sociale et territoriale" est nécessaire avant une telle réforme. "Je continue à le dire : si on avait autorisé le travail du dimanche dans les grandes surfaces alimentaires autour de Paris, nous n’aurions pas maintenu un commerce de centre-ville qui est très générateur d’emplois", a expliqué la maire de Paris en avril.
Un choix de société
Certains socialistes mettent enfin en avant l’importance de maintenir un jour dans la semaine qui ne soit pas dévolu à la consommation ou au travail. "Je suis opposée au travail du dimanche, mais ce n’est pas une question d’acquis des travailleurs. Pour moi c’est un choix de société", a ainsi expliqué Martine Aubry lundi sur RTL. "Est-ce que notre société consommer 24 heures sur 24? Est-ce qu’on n’ a pas une journée que l’on peut passer en famille avec des amis, pour la culture, le sport, rêver?", a-t-elle ajouté.  

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