Ouvrir les bibliothèques le soir et le dimanche

Cela fait quelques années que le CAD dénonce l’effet domino : après l’ameublement, les jardinerie. Après les jardineries, les PUCE. Après les PUCE, le bricolage. Après le bricolage, les bibliothèques. Et après ?

Cela fait quelques années que le CAD énonce que le volontariat d’un salarié est un concept purement fantasmatique. Cela fait des années que le CAD dit que les primes du dimanche ne sont qu’un piège grossier, mais temporaire.

Quand le travail du dimanche sera devenu une règle, volontariat bidon et primes misérables, tout cela disparaîtra, et c’est normal. Il sera simplement trop tard pour se rendre compte qu’un pan entier de notre modèle social aura disparu, miné par l’hypocrisie de la loi Mallié mise en place par l’UMP, et par la duplicité du rapport Bailly, exploité par le PS.

Pourquoi ne pas ouvrir en France les bibliothèques le soir, le dimanche et même la nuit ? Bibliothèques Sans Frontières lance jeudi une vaste campagne pour un accueil étendu du public quand il est le plus disponible, comme le font beaucoup d’autres pays.

Les horaires des bibliothèques en France sont «insuffisants et inadaptés», estime l’ONG qui met en ligne ce jeudi pour le grand public une pétition sur le site http://ouvronslesbiblio.wesign.it/fr.

Cet appel a déjà été signé par des personnalités parmi lesquelles l’ex footballeur Lilian Thuram, fondateur de l’association Education contre le racisme portant son nom, des écrivains tels Eliette Abecassis, Erik Orsenna, Geneviève Brisac, Arthur Dreyfus ou des historiens comme Benjamin Stora, Myriam Chopin ou Pascal Ory.

La pétition sera adressée aux ministres de l’Education, de l’Enseignement supérieur, de la Culture et de la Ville, ainsi qu’aux élus locaux et aux candidats aux municipales, précise l’ONG qui oeuvre en France et dans plus de vingt pays.

A 18h00, la plupart des bibliothèques municipales françaises sont fermées. Et des files d’attente interminables s’étirent devant les rares bibliothèques universitaires ouvertes le dimanche.

Ailleurs, en Europe, nombre de villes ouvrent leurs bibliothèques jusqu’à 22h00 et systématiquement le dimanche. A Copenhague, à Amsterdam, les bibliothèques publiques frôlent les 100 heures d’ouverture hebdomadaire contre 30 en moyenne en France, 40 dans les plus grandes villes. 

Aux Etats-Unis, les bibliothèques universitaires restent ouvertes 20 heures sur 24, voire 24 heures sur 24 en période d’examens !

«Situation scandaleuse»

«Il est important d’alerter sur la grande misère des bibliothèques en France, et particulièrement des bibliothèques universitaires. A Paris, la situation est scandaleuse», estime François Michaud, directeur de la Bibliothèque interuniversitaire Sainte-Barbe, à Paris.

«Aucune n’est ouverte dans la capitale le dimanche et la plupart ferment à 20h00», précise-t-il. Exception: la bibliothèque universitaire Sainte-Geneviève est ouverte jusqu’à 22h00. La situation est inégale en France en raison de l’autonomie des universités.

«J’avais proposé que Sainte-Barbe soit ouverte jusqu’à minuit en période d’examens, soit quatre mois par an. Cela n’aurait pas coûté très cher mais je n’ai pas été suivi», déplore M. Michaud, dont l’établissement compte 37000 inscrits et 800000 entrées par an, «avec des espaces saturés et de longues files d’attente».

La bibliothèque d’étude de la BNF (partiellement fermée pour travaux actuellement), est normalement ouverte du mardi au dimanche. C’est l’une des rares dans ce cas.

«Si internet a changé le paysage, en particulier pour les chercheurs, les bibliothèques restent des lieux de ressources mais aussi de concentration et de travail pour les étudiants, ce qui plaide pour leur ouverture le soir et le week-end», relève-t-il.

Du côté des bibliothèques municipales, en dépit de l’accroissement de la fréquentation sur tout le territoire ces dernières années, la moyenne des horaires d’ouverture n’a pas changé.

«Ouvrir le soir, ce n’est pas facile à gérer côté personnels», se défend une responsable de bibliothèque municipale à Paris, l’une des trois à proposer une nocturne hebdomadaire sur 58 bibliothèques parisiennes de prêt. «Par ailleurs, après 20h00, ce sont surtout des étudiants qui viennent lire et travailler», remarque-t-elle, laissant percer sa réticence.

Le réseau de la capitale enregistre plus de 8 millions d’entrées et 14,4 millions de prêts par an. Mais, reconnaît Bruno Julliard, adjoint à la Culture du maire de Paris: «Paris doit rattraper son retard en matière de bibliothèques et s’adapter aux attentes et au rythme des habitants». La capitale ne compte que trois bibliothèques ouvertes le dimanche, créées en 2008 et 2010. «Elles sont très fréquentées, ce qui nous encourage à poursuivre, mais les négociations sont difficiles avec les personnels». Des étudiants ont été recrutés pour compléter les effectifs. «Le succès de l’ouveture le soir est moins probant.»


Laisser un commentaire