Travail dominical : le retour de Germinal !

Boulevard Voltaire,6/10/13

En fait, tous ces philanthropes ne considèrent l’homme que comme un producteur ou un consommateur, une force de travail ou un tube digestif.

Après le travail de nuit, c’est le tour du travail le dimanche de revenir sur le devant de la scène. La musique est connue. Les méchants syndicats veulent empêcher les gentils patrons de permettre à leurs salariés volontaires de travailler la nuit ou le dimanche. La loi l’interdit, mais voyez ces pauvres étudiants qui peuvent ainsi payer leurs études, les braves employés qui peuvent ainsi améliorer leur pouvoir d’achat. Nous sommes au XXIe siècle et ces syndicats rétrogrades s’arc-boutent sur des positions issues du XXe siècle !

Tous ces commentateurs ont sans doute raison. Il faut abroger toutes ces réglementations qui entravent l’économie. Il convient sans doute de préparer les prochains combats, lorsque la coalition des obscurantistes, de la CGT à l’Église catholique, aura rendu les armes sur ces questions. Des lois héritées du siècle dernier empêchent les enfants de travailler. Pourtant, mon fils de 13 ans m’assure qu’il préférerait travailler qu’aller à l’école. Il gagnerait de l’argent, pourrait ainsi se payer un téléphone, ne dépendrait plus de moi pour s’acheter un livre. Bien des enfants seraient volontaires. Ce travail des enfants améliorerait le pouvoir d’achat des familles modestes. Sans compter que cela permettrait de relocaliser des fabrications assurées aujourd’hui par des enfants du tiers monde. L’économie française ne s’en porterait que mieux. Et pourquoi priver les enfants français d’une liberté dont bénéficient les enfants du Bangladesh ?

Il conviendra ensuite de cesser la stigmatisation de la prostitution. Les prostituées aussi sont volontaires, améliorent ainsi leur pouvoir d’achat, participent à l’économie. Et hâtons-nous d’autoriser la location d’utérus (autrement appelée GPA) : des femmes sont volontaires, ce qui améliorerait leur niveau de vie…

En fait, tous ces philanthropes ne considèrent l’homme que comme un producteur ou un consommateur, une force de travail ou un tube digestif. Et s’ils veulent abroger ce qu’ils estiment être des vieilleries du XXe siècle, c’est pour un futur qui ressemble au XIXe siècle.

Pierre Van Ommeslaeghe, professeur de philosophie

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