Marc de Scitivaux : "Tous les arguments contre le travail du dimanche ont un côté ringard et ancien"

Le rapport Bailly sur le travail dominical préconise plus de souplesse sans pour autant tout libéraliser. Quelle est votre sentiment ?

J’ai tendance à mettre ce rapport dans une problématique d’ordre général. Comme le disait Alain Madelin il y a quelques jours dans les colonnes d’un journal : Laissez-faire ! S’il y a des gens qui veulent travailler le dimanche, laissons faire. L’idée qui consiste à dire que les gens ne doivent pas trop travailler n’est plus valable, ce n’est plus l’urgence. Désormais, l’urgence c’est de pouvoir trouver du travail. Donc rien que le concept de faire une loi qui va nous dire à quel moment on doit travailler est ahurissant. Cette logique de réglementer le travail, c’est dans la même veine que les 35 heures : c’est-à-dire des responsables politiques ou syndicaux qui se croient autorisés à agir sur la volonté des gens de travailler, c’est franchement stupéfiant.

Pourtant, vouloir un jour consacré à la famille et dénué de toute activité de consommation est un argument recevable non ?

Dans une époque où la religion catholique c’est plus fondamentale pourquoi choisir le dimanche ? Pourquoi pas le samedi pour les juifs ou le vendredi pour les musulmans ? Reconnaissons qu’à une époque où l’on abandonne les racines chrétiennes de la France et que l’on essaie de reconnaitre le multiculturalisme, c’est amusant et c’est une certaine forme de contradiction. Un jour de repos oui évidemment, mais pourquoi le dimanche ? Je ne crois pas qu’aujourd’hui tous ceux qui s’opposent au travail dominical sur cet argument utilisent leur dimanche pour aller à la messe…

Finalement, n’est-ce pas plutôt une simple question d’idéologie où l’on considère qu’autoriser le travail dominical c’est trop libéral pour ce gouvernement ?

Je crois que ça se discute car une partie de la droite n’est pas forcement favorable au travail dominical. Le seul argument qui me parait recevable sur le sujet c’est celui qui consiste à dire que les petits commerçants n’ont pas les moyens de faire face à la concurrence d’une grande enseigne ouverte 7 jours sur 7. C’est un argument de valeur, en revanche, tous les autres ont un petit côté ringard et ancien. Il faut bien comprendre que nous ne vivons plus dans le même monde, nous ne vivons plus avec le même rythme où avant, nous avions des horaires définis, le matin, l’après-midi etc… C’était avant.Propos recueillis par Julien Gagliardi

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