Le repos dominical n’est plus sacré à Intermarché

Sud Ouest, 5/11

Dès dimanche, l’hypermarché des Quatr’Ânes ouvrira le matin du septième jour.

Le patron d’Intermarché espère que l’ouverture dominicale fera boule de neige dans la galerie marchande.

Le patron d’Intermarché espère que l’ouverture dominicale fera boule de neige dans la galerie marchande. (PHOTO K. C.)


Au beau milieu de la polémique nationale sur l’ouverture dominicale des commerces, Intermarché met les pieds dans le plat en ouvrant le dimanche à compter de cette semaine. « Nous voulons éviter l’évasion de la clientèle », résume le propriétaire de l’hypermarché, Hervé Bonnifait. Car, outre les coops de quartier, qui ont toujours ouvert le dimanche en jouant un rôle d’appoint, les ouvertures dominicales se sont multipliées ces deux dernières années dans les grandes et moyennes surfaces. Quand d’autres vont à la messe, le chaland peut pousser son chariot dans lesSuper U d’Échillais, Fouras et Tonnay-Charente, sans oublier U Express, à Tonnay toujours, ou Monoprix, Carrefour City et Netto à Rochefort.

Alors pourquoi pas Intermarché ? « En deux ans, 3 000 m2 de surface de vente se sont ouverts en Pays rochefortais, ce qui représente 18 millions de chiffre d’affaires pris sur le gâteau. Notre part est forcément grignotée avec cette concurrence accrue », poursuit le président du conseil d’administration d’Intermarché.

Loi, convention et pétition

Malgré tout, ce dernier, propriétaire depuis trois ans, ne cache pas que son chiffre est en augmentation et qu’il est passé de 94 postes en équivalent temps plein à 110. « Mais il est freiné. » Du coup, la seule façon qu’il a trouvée pour consolider son entreprise, c’est l’ouverture dominicale. Bien sûr, il n’a pas pris ses salariés en traître, provoquant des réunions et réunissant le comité d’entreprise. « Au départ, les gens ont été déçus et mécontents, avoue-t-il, mais nous avons fait de la pédagogie pour rassurer et expliquer que la décision visait à améliorer la santé de notre entreprise. »

De toute façon, Hervé Bonnifait a le droit pour lui. « La convention collective du commerce alimentaire m’autorise à ouvrir le dimanche. Sans majoration de salaire, ni prime. C’est légal », explique celui qui a cherché quand même à convaincre ses employés.

Il le fallait, car sur le lot, une quarantaine de personnes se sont déclarées contre, notamment à travers une pétition à l’initiative de l’union locale de la CGT, syndicat opposé au travail du dimanche. « Ces salariés ont toutefois précisé que s’il fallait travailler le dimanche, c’était contre une majoration de 25 % des salaires », souligne Nicolas Roulin, secrétaire de l’Union locale de la CGT.

De 9 heures à 12 h 30

Comme il l’a fait lors de son entrevue avec Hervé Bonnifait, le syndicaliste – qui connaît la convention collective du commerce – a mis en avant la loi de 2009 autorisant les commerces situés dans une station thermale ou en zone touristique à ouvrir le dimanche. « Oui, mais sur la base du volontariat, précise Nicolas Roulin. Or cette notion, Intermarché semble l’oublier. Pourtant, une loi prime sur une convention, non ? »

Pour l’heure, l’hypermarché sera ouvert le dimanche, de 9 heures à 12 h 30, et les salariés travailleront un week-end sur trois. « Sur les lignes de caisse, on embauchera des étudiants qui ont déjà un contrat pour le samedi, afin d’éviter aux clients de faire la queue », annonce Hervé Bonnifait.

En discussion avec les syndicats, il s’est engagé à rédiger une note explicative interne. « Je vais la faire en précisant que l’on prévoit un bilan de l’ouverture dominicale pour voir si elle est opportune ou pas », explique le patron qui compte bien sur une augmentation de 7 à 8 % de son chiffre. Et si les affaires marchent, les employés peuvent-ils espérer une prime ? « Pour l’instant, il n’en est pas question, mais si les chiffres sont vraiment bons, la question pourra être inscrite à l’ordre du jour. » Pourtant la CGT avait compris que l’engagement était ferme…

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