Travail le dimanche : les coups bas de Pierre Gattaz

Le blog d’HB, 3/10/13

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Un patron des patrons félicitant un gouvernement de gauche en passe de transformer l’essai d’ouverture des magasins le dimanche engagé sous un gouvernement de droite. Des medias globalement de gauche amplifiant pourtant une mise en cause des syndicats ou malmenant la décision des juges. Des enseignes orchestrant une pseudo-fronde des salariés à la faveur de la décision Sephora ultra-médiatisée. La défense du droit du travail et des droits sociaux aurait-elle, en pleine crise, du plomb dans l’aile ? Voici que le pot de fer donne de rudes coups au pot de terre sans qu’on s’émeuve plus que cela. Pire l’agresseur passe pour victime. La chose est admirable !

Revenons par exemple sur l’interview singulière que M. Gattaz a donnée à La Dépêche. N’est-elle pas choquante à plus d’un titre ? Le collectif des Amis du dimanche a réagi rapidement et classe « dans sa catégorie ‘carabistouilles’ les propos de Pierre Gattaz s’exprimant au nom du Medef sur le travail du dimanche. » Pour ce collectif très actif dans la défense d’un dimanche sans travail :

« Il aligne ici une série réjouissante de niaiseries, qui ne laisse pas d’étonner de la part d’un dirigeant de grande entreprise. Contre-vérités, truismes, arguments spécieux, morale à deux balles, mauvaise foi, et même insinuations malveillantes, tout y est. Une interview d’anthologie. Nous allons lui écrire, et publierons sa réponse. »

Comme le CAD, nous n’acceptons pas les insinuations malveillantes de M. Gattaz, cette attaque ad hominem de « l’avocat ». À la question de La Dépêche « Que penser de l’action des syndicats dans l’affaire Sephora des Champs-Élysées ? M. Gattaz répond en effet :

«  Je trouve surprenant d’aller à l’encontre des salariés volontaires au travail dominical. Dans cette affaire, un avocat s’est fait une spécialité d’aller réclamer des astreintes à la Justice pour financer des syndicats. Quand on instrumentalise à tel point la Justice, on est à la limite du système. »

Quelle tartufferie ! Le coup est bas. Comme si les entreprises, et particulièrement les grandes entreprises, n’étaient pas passées maîtresses dans l’art d’exploiter un système juridique finalement bien plastique. Ne le contorsionnent-elles pas à volonté en leur faveur ? jusqu’à la limite du système précisément ? Gattaz n’a là vraiment pas peur du ridicule. Le renversement est pour le moins osé. La parabole de la poutre et de la paille n’a pas pris une ride.

Plus question de l’intérêt des salariés, question de gros sous

Et pour montrer son bec jaune au patron du Medef, qu’on nous permette de nous arrêter sur la récente ordonnance de référé dans le dossier opposant Bricorama à Leroy-Merlin et Castorama rendue par le président du Tribunal de Commerce de Bobigny, un juge consulaire, un commerçant élu par ses pairs. Fascinant ! La lecture de sa décision vaut vraiment le détour. Que met en avant le juge ? Ni plus ni moins que la perte de parts de marché de Bricorama face aux mastodontes du secteur. Plus question ici du salarié et de son intérêt mais bien question de gros sous.

Mais que constatons-nous de tout aussi fascinant ? Maître Naquet pour Bricorama obtient 30.000 € au titre des frais de justice de son client alors que FO obtient péniblement 9.000 € devant la Cour d’appel de Paris après avoir défendu deux Questions Prioritaires de Constitutionnalité et bataillé à la fois sur le travail de nuit et sur le repos dominical puisque la Cour a confirmé la décision d’obliger Sephora à fermer le dimanche sur Bercy Village.

Bricorama obtient quant à elle une astreinte de 120.000 € par dimanche et par établissement là où FO avait obtenu seulement 40.000 € par dimanche et par établissement contre Bricorama.

Reste à savoir si Bricorama reversera les montants à ses pauvres salariés dont elle s’était solidarisée lorsqu’il s’agissait de lui permettre d’ouvrir ou si elle mettra en place le treizième mois demandé par FO. À moins que les astreintes n’aillent simplement dans les coffres de l’enseigne… La Dépêche posera-t-elle seulement la question ? Ou continuera-t-elle à monter la comm’ aussi complaisante que flagorneuse du Medef ? H.B.

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