La réalité complexe du travail dominical

France Info LE LUNDI 7 OCTOBRE 2013 À 07:15

Leroy Merlin et Castorama ont relancé le débat sur le travail dominical. Condamnées par la justice à 120 000 euros d’astreinte par jour et par magasin, les deux enseignes de bricolage continuent tout de même d’ouvrir leurs magasins, principalement grâce à des dérogations. Au delà de la question du « droit de travailler » le dimanche brandit par les employés des deux marques. Il y a une réalité légale et humaine complexe pour les 30 % de salariés qui travaillent d’ores et déjà le dimanche.

Malgré sa condamnation en justice, Leroy Merlin continue d’ouvrir les portes de ses magasins le dimanche © Maxppp

Pancarte en main, tapant sur des pots de peinture, on les a beaucoup vu ces derniers temps, les « bricoleurs du dimanche », ce collectif de salariés de Castorama et Leroy Merlin.

Malik a été de toutes les manifestations pour défendre ce qu’il considère comme un droit :  « travailler le dimanche, c’est etre payé à 50%, ça me fait 300 euros de plus par mois. J’ ai l’opportunité de le faire et de le choisir. Je choisis les dimanches où je veux travailler« . 

Sauf dérogation accordée par le maire, les magasins de bricolage n’ont pas le droit d’ouvrir le dimanche à la différence des jardineries et des enseignes d’ameublement. Mais dans ces secteurs, la majoration salariale n’est que de 25%.

Un collectif réclame « la liberté de pouvoir travailler le dimanche » © Radio France Isabelle Chaillou

Une règle… de multiples exceptions

Le repos dominical a presque autant d’exceptions que de corps de métiers. Et des exceptions, il y en a encore plus depuis la loi Maillé de 2009. Un texte qui créé ce qu’on appelle des périmétres d’usage de consommation exceptionnelle, des Puces.

Il s’agit de grandes zones commerciales où les magasins ont le droit d’ouvrir le dimanche, en contreparties d’accords salariaux. Or cette loi est venue se superposer à une réglementation déjà complexe puisque dans d’autres secteurs comme les transports, les hôpitaux ou encore les entreprises de presse où la police, le travail dominical est là règle. 

C’est aussi le cas des commerces de bouche. Martin, employé d’une charcuterie, n’a « ni salaires double, ni repos compensatoire, dans nos métiers le dimanche c’est une journée comme les autres« . Autre cas où les salariés n’ont pas de compensation salariale en cas de travail dominical : les zones touristiques. On ne gagne donc pas forcément plus en travaillant le dimanche.

« Quand est-ce qu’on voit sa famille ?« 

Quant au volontariat, cela peut aussi etre une notion tres relative. Une employée d’un magasin parisien raconte : « quand j’ai été récruté, travailler au moins deux dimanches par mois n’ etait pas une condition. Il fallait accepter pour avoir le boulot. Puis c’est devenu tous les dimanches, tous les jours fériés, payés comme un jour normal. Au bout d’un moment quand est ce qu’on a une vie ? Quand est ce qu’on voit sa famille ?« 

Et la situation s’est empirée quand la jeune femme a fait savoir qu’elle ne souhaitait plus travailler le dimanche. « Mon patron me menace de me licencier, me dit que si je suis pas contente, il y a la porte. Je suis allée plusieurs fois à l’inspection du travail mais rien ne se passe.« 

Malgré les condamnations retentissantes, l’inspection du travail ne dresse qu’une dizaine de contraventions par mois à Paris contre des  magasins qui ouvrent illégalement le dimanche : 1.500 à 3.000 euros par salarié travaillant ce jour-là.

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