Sondage IPSOS 2012 : intox en cours

Après le mémorable sondage bidonné par l’IFOP, c’est aujourd’hui l’IPSOS qui s’y colle, pour un sondage acheté cette fois ci non pas par Ikea, ni par Conforama, mais pas la radio NRJ, qui, comme chacun sait, est un acteur majeur en France de tous les débats sociétaux. Il est donc naturel qu’une société comme NRJ, notoirement indépendante de toute influence capitalistique, ait payé ce nouveau sondage, après ses illustres prédécesseurs… (étrangeté, l’article de Metro dit qu’il a été acheté par Metro, LCI et NRJ, mais le rapport IPSOS ne mentionne que NRJ. Financement occulte dévoilé par erreur ?)

Bien que placé sous le titre flatteur « Les Français et le travail du dimanche », ce sondage ne comporte qu’une seule question, dont l’IFOP estime curieusement qu’elle suffit à épuiser le sujet. Et comme dans le sondage bidonné du JDD, l’IFOP utilise une question d’une malhonnêteté intellectuelle manifeste. Manquant de créativité, l’IFOP ne fait qu’appliquer ici des recettes bien connues, le décryptage est facile, le voici.

D’abord, cette seule question est biaisée : le sondage demande aux consommateurs s’ils veulent que LES AUTRES travaillent à leur service le dimanche, sans jamais demander s’ils sont PERSONNELLEMENT VOLONTAIRES pour servir aussi le dimanche. Egoïsme générationnel et individualisme sociétal aidant, les réponse sont évidemment dans le « bon sens », décidé par avance par le sondeur.

Ensuite, ce sondage pose avec aplomb la question suivante : « D’une manière générale, êtes-vous favorable ou opposé à ce que les magasins qui le souhaitent puissent ouvrir le dimanche ». Or poser la question ainsi est un petit chef-d’oeuvre de malhonnêteté intellectuelle, au moins sur deux plans :

  • D’une part la réponse « oui » à cette question place le sondé dans la position valorisante du brave défenseur des libertés, tandis que le non enferme le sondé dans le camp des vilains rétrogrades. Subsidiairement, préfixer la question par « D’une manière générale », donne un ton dédramatisant à la question, propre à lever l’éventuelle méfiance du sondé.
  • D’autre part, elle laisse croire qu’il est interdit à tout magasin d’ouvrir le dimanche, ce qui est parfaitement faux. Ce qui est interdit, c’est, pour les employeurs, de faire travailler leurs salariés le dimanche : Si M. Kemprad souhaite, avec sa petite famille, ouvrir l’un des Ikea frontaliers de la Suisse le dimanche, il le peut parfaitement (M emprad est le patron d’Ikea, et il habite la Suisse, ndlr). Une question plus honnêtement posée aurait été celle ci : êtes-vous favorable au maintien de l’interdiction, pour les employeurs, de faire travailler leurs salariés le dimanche (sauf dérogations légales)

Le CAD réclame instamment la création d’une commission indépendante de déontologie des sondages, un peu à l’instar de l’AMF. La puissance acquise par ces instituts de sondage, leur influence, notamment en période électorale, ainsi que leur inféodation plus ou moins voyante à certains donneurs d’ordre, le justifie pleinement. Voilà une réforme de société qu’il serait important de réaliser, et qui aurait le mérite de réunir un large consensus du corps social, ce qui pourrait constituer un excellent sujet de sondage, n’est-ce pas, l’IFOP ? Chiche, on interroge un panel ?

Metro, 21/11

Ouverture dominicale : l’adhésion massive des Français

Une nette majorité des Français est favorable à ce que les magasins qui le souhaitent puissent ouvrir le dimanche, selon un sondage Ipsos pour Metro, LCI et NRJ.

Le dimanche, un jour (presque) comme les autres ? Pas si on en croit la législation française qui fait encore du repos dominical une norme, malgré l’existence de dérogations permanentes ou temporaires. Pourtant, 63 % des Français se disent favorables à l’ouverture des magasins qui le souhaitent le septième jour de la semaine, indique un sondage Ipsos pour Metro, LCI et NRJ.

Seulement un tiers de la population se dit opposée à l’ouverture dominicale des magasins. « Par rapport à il y a dix ans, il y a une plus nette majorité de Français favorable », souligne Federico Vacas, directeur de clientèle chez Ipsos.

Les jeunes et les personnes âgées très favorables

Il est vrai aussi que, dans l’intervalle, le travail dominical a progressé en France. Entrée en vigueur en août 2009, la loi Maillé a instauré de nouvelles exceptions pour les très grandes agglomérations, mais aussi pour plus de 500 communes ou zones touristiques. A Paris, Aix-Marseille et Lille, elle permet aussi au préfet de créer une « Puce », un périmètre d’usage de consommation exceptionnel.

Le sondage souligne par ailleurs l’attachement au sacro-saint repos du dimanche s’effrite nettement auprès des plus jeunes et des plus âgés, deux populations pas ou peu dans la vie active. Les 15-19 ans se déclarent massivement (85 %) favorables à l’ouverture des magasins ce jour-là tandis les deux tiers des plus de 70 ans approuvent le travail du dimanche.

D’abord dans les grandes villes

« Les populations actives sont un peu plus réticentes à l’idée de permettre aux magasins qui le souhaitent d’ouvrir le dimanche, sans doute parce qu’ils se projettent et se disent qu’ils pourraient être concernés par cette mesure si cela se répandait », analyse Federico Vacas.

A noter également que les deux-tiers des personnes vivant dans les grandes villes – et 78 % des franciliens – sont favorables à ce que les magasins qui le souhaitent puissent ouvrir le dimanche. En revanche, les personnes vivant en zone rurale sont très partagées (50% pour et 47% contre).

Télécharger le sondage IFOP

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