Le combat de Bricorama pour l’ouverture du dimanche scellé la semaine prochaine

Sur un point, nous sommes bien d’accord avec M Bourrelier : il faut « que tout le monde ouvre, ou que tout le monde ferme« .  La loi Mallié a ouvert une inégalité – que nous pensons inconstitutionnelle – non seulement entre les enseignes, mais aussi entre les salariés, payés plus d’un côté mais pas de l’autre, et encore entre les Français. En effet, au nom de quoi un consommateur de la campagne, habitant par exemple le manoir de Beaucé ou le château de Bity, n’aurait-il pas le droit d’aller acheter un canapé chez Ikea le dimanche, ainsi qu’un marteau chez Bricorama (il n’est pas inclus dans les instruments de montage d’Ikea), et un tube d’aspirine à la pharmacie du village (si vous avez déjà acheté un canapé Ikea, vous savez pourquoi !), alors que ceux du château de Presles en auraient le droit ? M. Mallié, sur ce point, reste étrangement silencieux, pour un méridional…

Sur un autre point, nous trouvons que M Bourrelier est carrément gonflé, quand il demande à toute la profession de payer les amendes qui lui ont été infligées, amendes qui, rappelons-le, ne sont que des astreintes (c’est à dire des amendes qui ne sont dues que lorsque vous vous obstinez à ne pas respecter la loi. S’il avait décidé de respecter la loi, il n’aurait pas eu à payer ces sommes). Un peu comme si une élue verte, prise la main dans le sac, demandait au parti auquel elle appartient, d’assumer les condamnations personnelles auxquelles elle s’est exposée. Et ceci après avoir lobbyé à fond auprès de l’Assemblée, en leur envoyant des boites à outils de propagande pour « changer la loi sur le dimanche« . Un peu comme si la même élue verte faisait partie d’un groupe de pression pour la libéralisation des salles de shoot, ou que des fabricants d’éthylotests avaient participé à l’élaboration de la loi qui en impose la présence…

Bref, nous vivons une époque formidable.

LSA, 24/10/12

Le 30 octobre prochain, se tiendra le procès en appel qui oppose le syndicat FO à l’enseigne de bricolageBricorama, qui avait écopé de 19,5 millions d’euros d’amende en première instance pour avoir ouvert des magasins le dimanche, enfreignant la loi sur le repos dominical.

Jean-Claude Bourrelier, son président, espère toutefois que cette amende sera diminuée et qu’il pourra continuer à ouvrir ses magasins le dimanche. «Nous n’avons aucune chance de gagner mais nous espérons une amende symbolique, expose-t-il à LSA. Car il n’est pas normal que seuls les magasins qui sont en zone PUCE, c’est-à-dire les magasins Leroy Merlin et  Castorama aient le droit d’ouvrir le dimanche, alors qu’ils ont déjà 70 % du marché du bricolage. Ou d’autres, qui sont ouverts illégalement depuis 50 ans, mais qui devraient fermer parce que FO a décidé de mener une vaste campagne sur ce sujet. Pendant un certain temps, mes concurrents n’ont pas réagi car ils n’étaient pas mécontents que je sois seul dans les difficultés. Aujourd’hui que toutes les enseignes sont attaquées, nous sommes devenus plus solidaires, tout le monde se bouge. Il ne serait d’ailleurs pas anormal que toute la profession cotise pour m’aider à payer l’amende. Ce qu’il faut, ce que tout le monde ouvre, ou que tout le monde ferme, pas qu’il y ait un avantage pour les uns au détriment des autres ».

Plaintes tous azimuts contre les enseignes

Le syndicat FO a effectivement annoncé qu’il va déposer des plaintes contre Décathlon, Darty, Boulanger, Leroy Merlin, Castorama. Un Décathlon de la région parisienne vient d’être contraint par le tribunal de fermer, pour la première fois depuis ses 14 ans d’existence. Jean-Claude Bourrelier mène aussi le combat à l’Assemblée nationale – il a envoyé 200 boîtes à outils avec un manuel à l’intérieur pour changer la loi sur le travail dominical – et tient aussi le siège du ministère du Travail, afin que Michel Sapin signe un décret de dérogation nationale à l’ouverture du dimanche pour les magasins de bricolage, comme c’est le cas pour ceux du meuble (Ikea, Monsieur Meuble, Conforama) ou les jardineries (Truffaut, Gamm Vert).

François Hollande avait demandé une révision du décret

Le candidat à l’élection présidentielle, François Hollande, dans une vidéo transmise au Conseil du commerce de France, avait lui-même souhaité qu’une négociation avec les syndicats, concernant notamment les salaires, permette de régler le problème de l’ouverture du dimanche. Mais le dossier semble bloqué. Jean-Claude Bourrelier affirme que l’ouverture du dimanche n’est pas contestée par ses salariés, « au contraire, nous avons des problèmes avec les salariés à plein temps qui veulent travailler le dimanche pour gagner plus, car nous payons le dimanche le double, auquel s’ajoute un jour de récupération.  99 % de mes salariés sont pour l’ouverture ».

 

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