Castelsarrasin. «Je suis contre l'ouverture des grandes surfaces le dimanche»

La Dépèche, 16/10/12

À 39 ans, Steeve Houliez, le nouveau PDG du Leclerc de Castelsarrasin, n’est pas l’héritier d’un capitaine de l’industrie. Son père mécanicien, sa mère secrétaire, le trentenaire, qui a racheté cette affaire qui pèse tout de même 30 millions d’euros de chiffre d’affaires par an (2 011), a commencé au plus bas de l’échelle.

Le poissonnier devenu directeur du magasin

Son BTS action commerciale en poche, le jeune Rémois est, en effet, embauché comme vendeur au rayon poissonnerie du Leclerc de Rouffiac-Tolosan, en banlieue nord-est de l’agglomération toulousaine. Un premier pas dans l’univers impitoyable des grandes surfaces qu’il avait déjà mûrement réfléchi. «C’est vrai qu’à 22 ans, j’avais déjà l’ambition, un jour, de devenir patron d’un centre commercial, assure-t-il. Un défi qui n’est possible, certifie-t-il, en dehors de l’enseigne Leclerc.»

Dirigeant de 180 salariés à seulement 28 ans

Après avoir enchaîné tous les postes, du simple employé à chef de rayon, Steeve Houliez obtient, à seulement 28 ans, son premier poste de direction à la tête du centre commercial où il a débuté comme poissonnier. «C’est sûr qu’avoir sous sa responsabilité 180 salariés, c’était très jeune… Durant mes deux premières années de direction, j’ai certainement plus vite découvert la vie», lâche-t-il avec un sourire nostalgique. Douze ans plus tard, l’entrepreneur toulousain a gagné en assurance, tout comme le Leclerc dont il a la charge, ce dernier ayant doublé le nombre de ses salariés. Une réussite qui n’est toutefois pas complète pour cet amateur de triathlon. L’annonce discrète, en 2 011, du futur départ à la retraite du patron du Leclerc de Castelsarrasin, Jean-Jacques Cocaign, sonne pour lui comme une aubaine. «J’avais fait sa connaissance à l’occasion de l’agrandissement du magasin, en 2000, où nous lui avions donné un coup de main pour l’installation. Durant des années, nos relations se sont renforcées lors des réunions hebdomadaires à notre centrale régionale d’achat, à Toulouse», confirme-t-il.

Des échanges privilégiés qui feront pencher la balance en sa faveur. «Le partant choisissant toujours son successeur», confirme Steeve Houliez.

Le montant de la vente ficelé – celui-ci, très confidentiel, serait proche des 17 millions d’euros – le futur PDG décidait de se familiariser avec son nouveau milieu avant de prendre les rênes de l’enseigne castelsarrasinoise. «Je suis arrivé en novembre (2 011), comme simple directeur, avant d’en devenir le patron le 1er août dernier.»

À la tête d’une superficie de 9 000 m2

Neuf mois de transition «pour une transmission dans les règles de l’art qui a permis d’éviter tout choc pour nos 135 salariés et aussi, pour moi, de mieux connaître cet hypermarché qui a trente ans d’histoire». À la tête d’un mastodonte de 9 000 m2 de surface, le manager et son épouse Chantal, son principal associé dans cette affaire, n’ont pas l’intention de s’endormir sur leurs lauriers. «On va déjà relooker la cafétéria qui devrait être baptisée Ô Berge du canal», confirmait S. Houliez, qui annonçait aussi un repositionnement de son enseigne sur les aides aux associations de la ville sous-préfecture. «Je reste sponsor du CAC rugby, à hauteur de 20 000 à 30 000 €. Cela me semble raisonnable et nous permettra de soutenir d’autres clubs ou associations de la commune…»


«Y compris les jours fériés»

Interrogé sur l’actuelle réglementation qui empêche encore les grandes surfaces d’ouvrir le dimanche, le nouveau PDG du Leclerc de Castelsarrasin a une réponse radicale et claire sur le sujet. «Je suis contre l’ouverture dominicale des enseignes de la grande distribution! Y compris les jours fériés. Il y a suffisamment de jours d’ouverture pour que nous puissions travailler et de petits commerces et de beaux marchés locaux ouverts ce jour-là. Cela n’empêche pas, confirmait le patron castelsarrasinois, de rester toujours connecté, via mon smartphone, et d’avoir ainsi un pied en permanence dans l’entreprise», y compris le jour du Seigneur.

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