La question du travail dominical est de retour

Sud Ouest, 13/09/2012

Cet été, trois enseignes ont ouvert le dimanche matin, avec des résultats économiques et sociaux inégaux. Élus et syndicats saisissent le gouvernement.

Durant l’été, Carrefour, Géant Casino et Leclerc ont pratiqué l’ouverture dominicale (le matin), avec plus ou moins de bonheur économique. Pour Carrefour, l’expérience, prévue du 15 juillet au 19 août, a été abandonnée avant fin juillet. En effet, l’enseigne a appliqué la convention collective en matière de rémunération dominicale, soit une journée payée 300 %.

Selon nos sources, le 15 juillet, Carrefour Anglet aurait réalisé un chiffre d’affaires de 26 900 euros… Et déboursé 19 500 euros en frais de personnel et en frais généraux. Ces ouvertures dominicales sont intervenues dans un contexte de baisse du chiffre d’affaires (dont -6 % en juillet) de Carrefour Anglet, et sont de fait manifestes d’une volonté de la direction d’occuper le terrain face à la concurrence. La direction de Carrefour n’a pas souhaité s’exprimer sur la question.

40 salariés par rotation

Le travail dominical durant la saison touristique aura été certainement plus rentable pour Géant Casino. « Les deux derniers dimanches d’ouverture, le magasin a réalisé plus de 60 000 euros de chiffre d’affaires », mentionne Valérie Etcheverry, délégué syndicale CGT. La convention collective y est moins favorable aux salariés, où ceux-ci ont été rémunérés avec une majoration de 25 %. Géant Casino Anglet a ouvert du 15 juillet au 15 août, soit cinq dimanches. « Pour un salarié ayant travaillé trois dimanches, à raison de trois heures par dimanche, le gain sur la feuille de paie a été de 22 euros en juillet et de 24 euros en août », assure Valérie Etcheverry. Le travail dominical chez Géant Casino a concerné 40 salariés, par rotation, dont les saisonniers, selon la syndicaliste. Nous n’avons pu joindre de responsable de l’enseigne hier.

Pour Carrefour et Géant Casino, l’ouverture dominicale était une première cet été. En 2011, « nous avions réussi à faire reculer la direction », se souvient Valérie Etcheverry de Géant Casino. En revanche, chez Leclerc Anglet, on travaille le dimanche matin, en juillet et en août, depuis plusieurs années. Preuve en est que l’opération est rentable, même si les salariés y sont rémunérés 200 %, et que la journée est récupérable. « Cela se passe très bien, mais on ne le crie pas sur les toits. Nous sommes commerçants, pas révolutionnaires », ose un cadre du magasin.

Restituer le pouvoir au maire

En revanche, élus et syndicalistes se saisissent de la question. Viviane Dicharry (CFDT Carrefour) a écrit au Premier ministre, au ministre du Travail Michel Sapin, au préfet et au sous-préfet, au maire d’Anglet, et aux députées Sylviane Alaux et Colette Capdevielle. Elle dénonce une inflation du nombre de dimanches et de jours fériés travaillés : « En 2000, Carrefour demandait un jour férié, et en 2012, le magasin ouvre huit dimanches et six jours fériés ». La déléguée syndicale attend une prochaine réponse du ministre du Travail. Jean Espilondo, maire d’Anglet a également transmis cet été un courrier au ministère du Travail. En effet, selon la loi du 13 juillet 1906, le maire a la possibilité d’accorder cinq jours pleins d’ouverture dominicale. Jean Espilondo a choisi d’en accorder deux par an, depuis 2008. Mais Anglet fait partie des communes d’intérêt touristique, ou thermales définies par la loi du 10 août 2009, où tous les commerces de détail peuvent ouvrir le dimanche (jusqu’à 13 heures pour le détail alimentaire).

Enfin, le 24 juillet, la députée Colette Capdevielle a posé une question écrite au ministre du travail Michel Sapin pour lui demander « s’il envisage de limiter les ouvertures dominicales des grandes surfaces commerciales (hors commerce alimentaire) et de restituer aux maires des communes concernées le pouvoir de régulation dans un cadre défini par la loi ».

Laisser un commentaire