Les magasins de bricolage bientôt autorisés à ouvrir le dimanche

DECRYPTAGE Le décret est imminent. Bientôt Castorama, Leroy-Merlin ou Bricorama pourront ouvrir le dimanche. Une décision qui est loin de faire l’unanimité. Et qui repose la question du travail dominical.

C’est presque fait. Il ne reste que le texte de décret à écrire. Ou presque. Bientôt, les enseignes de bricolage auront le droit de faire travailler leurs salariés le dimanche. Et ce, dans toute la France, à l’instar des autres activités comme les hôtels, les fleuristes, le dépannage…

A l’origine cette initiative, Xavier Bertrand. Le 13 mars 2012, le ministre du travail envoie une lettre aux partenaires sociaux pour les prévenir « J’envisage d’inscrire, par décret en Conseil d’Etat les établissements de vente au détail du bricolage sur la liste des secteurs pouvant déroger de droit au repos dominical« . Le ton est donné. Et la concertation limitée à quelques échanges.

A quelques jours des élections, Xavier Bertrand remet donc sur le tapis, sans grande publicité, l’épineuse question du travail du dimanche. En 2009, après moultes discussions, la loi Maillé avait pourtant statué. Et élargi les possibilités d’ouverture des magasins le dimanche dans certains endroits, notamment les communes touristiques et agglomérations de Paris, Lille et Marseille. Elle a ainsi permis de légaliser des pratiques en vigueur comme à Plan-de-Campagne, près de Marseille. Mais hors de ces zones, les ouvertures dominicales restent limitées à cinq par an, à l’exception des commerces de bouche.

Xavier Bertrand promet que la règle du volontariat sera respectée

Cette fois-ci, le raisonnement de Xavier Bertrand ne se ferait plus par zone, mais par secteur. Le ministère du travail invoque une évolution des habitudes de consommation, notamment dans les grandes agglomérations. »Répondre à la demande des consommateurs le dimanche constitue un facteur important de développement pour ces enseignes au service de l’emploi », écrit le ministre dans son courrier du 13 mars.

L’argument est loin de convaincre les syndicats. Longtemps en pointe sur le sujet, FO et la CFTC estiment que la vie de milliers de salariés va être dégradée. La question du volontariat déguisée est de nouveau pointée. En période forte de chômage, les salariés ont-ils réellement le choix ? Xavier Bertrand promet le respect du volontariat. Le ministre assure aussi qu’une rémunération revalorisée sera mis en place.

Côté patronal, l’accueil des fédérations est mitigé. Elles sont plusieurs à être vent debout, dénonçant une démarche qui consiste à régulariser déjà nombreux centres commerciaux qui ouvraient illégalement. En effet, après Castorama, et Leroy Merlin, en janvier dernier, c’était au tour de Bricorama d’être condamné pour avoir ouvert sans autorisation 3 magasins parisiens et 27 en Ile-de-France. Saisi par Force ouvrière, le juge, a ordonné le groupe de les fermer, sous peine d’une astreinte de 30.000 euros par infraction et par établissement.

Les fédérations représentant le petit commerce s’inquiètent surtout de la création d’une distorsion de concurrence et au final d’une menace sur l’emploi. Elles craignent des licenciements après des pertes de chiffre d’affaires des entreprises de petites tailles.

« Dans certaines zones, les petits grossistes confrontés à l’ouverture dominicale des grandes surfaces vont perdre une partie de leur clientèle, qui ira se servir dans les grandes enseignes. Elles seules ont les moyens d’ouvrir le dimanche, les autres ne le pourront pas » explique Hugues Pouzin, directeur général de la CGI, la confédération française du Commerce interentreprises qui regroupe les secteurs de négoce d’approvisionnement du bâtiment – négoce de sanitaire, chauffage, quincaillerie, négoce de matériel électrique…etc.

Un sujet de clivage entre la droite et la gauche

La CGI vient d’adresser une lettre à l’Elysée. Mercredi 4 avril, ses représentants seront reçus par les conseillers de Nicolas Sarkozy. De là, à être entendus ? C’est une autre histoire. Au nom de la liberté d’activité, le travail du dimanche est une demande classique de l’électorat de droite.

Pourtant, dans cette campagne, le président-candidat n’est pas très clair sur le sujet. Début février, aux états généraux du commerce, Nicolas Sarkozy annonçait vouloir encore assouplir les règles d’ouverture dominicale des commerces. Avant de reculer, et d’indiquer, mi-mars, qu’il ne souhaitant pas « généraliser le travail du dimanche ». De son côté, le PS y est traditionnellement opposé.

Fanny Guinochet

NDLR : a contrario de ce qu’écrit Fanny Guinochet, le travail du dimanche n’est pas « une demande classique de l’électorat de droite », aucune étude ne le confirme. Jusqu’à preuve du contraire, il s’agit d’une demande émanant depuis longtemps de certains courants d’idées, et de certains intérêts commerciaux, actuellement portée par certaines personnes (Sarkozy, Bertrand, Lefebvre, etc). Il est à noter que François Hollande ne s’y est pas formellement opposé, au contraire de Nicolas Dupont-Aignan, ou de Mélanchon.

 

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