Nord-Isère / Ouverture le dimanche Les supermarchés se multiplient, le petit commerce prospère

Le Dauphiné, 4/3/12

L’ouverture des commerces le dimanche demeure un sujet sensible, voire tabou, du côté des grandes enseignes, dont les responsables de magasins renvoient systématiquement au service communication de leur groupe. À peine apprend-on, sous couvert d’anonymat, que dans les supermarchés ouverts le dimanche matin en Nord-Isère, « de plus en plus de clients viennent faire leurs achats et le panier moyen est correct, ce n’est pas juste du dépannage ».

À Bourgoin-Jallieu, on n’est guère plus loquace dans les supermarchés et soumis au même devoir de réserve, comme chez Ed-Dia. Ce qui n’empêche pas Jean-Luc Jacob, responsable FO région Rhin/Rhône dans le groupe Ed, de rappeler l’hostilité des syndicats à l’ouverture dominicale.

« Tout ça pour 15 € bruts de plus »

« C’est une remise en cause des conditions de travail des salariés, qui n’ont plus de vie sociale. Tout ça pour 15 € bruts de plus ! Ça représente une majoration de 30  % des heures dominicales pour un salarié payé au smic horaire », explique le syndicaliste. Une majoration qui n’est pas obligatoire, mais négociée et donc variable selon les enseignes, voire chaque magasin.

Cela n’empêche pas « une généralisation des ouvertures de supermarchés le dimanche matin », constate Élisabeth Baudinat, responsable Rhône-Alpes du secteur services de la CFDT. Comme c’est le cas déjà à Morestel, avec deux enseignes, Casino et Intermarché, malgré le marché dominical qui regroupe 120 commerçants non sédentaires.

Ailleurs, le petit commerce prospère. Et pour cause. « On travaille en famille, il n’y a pas de problème de personnel », explique Patrick Mirabeau, le fils du gérant de Baffert Chaussures à Ruy-Montceau. Qui précise : « C’est variable selon la météo ou le match de rugby de l’après-midi, mais il y a une vraie clientèle du dimanche qui vient en famille. Et ce n’est pas négligeable, c’est une clientèle qui compte. »

Et qui ne compte pas pour rien. Pour le Magasin Populaire de Châtonnay, « la clientèle du dimanche représente 40  % du chiffre d’affaires », reconnaît-on. Mais il a fallu s’adapter. Jusqu’en 2010, le magasin ouvrait dix dimanches par an, mais la préfecture n’a pas reconduit son autorisation en 2011 par rapport à l’emploi des salariés. Du coup, le gérant s’est réorganisé en famille.

Le problème de l’emploi demeure dans les supermarchés. « Il faut que les salariés puissent avoir des garanties et des droits nouveaux, une véritable liberté de choix de travailler ou non le dimanche, sans un chantage sous-jacent à l’emploi déjà souvent précaire », revendique Élisabeth Baudinat.

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