Ajaccio : Ouverture des grandes surfaces le dimanche : les artisans disent non

Corse Matin, 24/3/12

Si c’était un référendum, ils voteraient non. Et sans états d’âme. L’Union professionnelle artisanale de la Corse-du-Sud (UPA) – qui représente pas loin de 300 artisans, sans compter les maraîchers et les forains – en a aujourd’hui ras-le-bol.

En donnant hier, dans ses locaux, une conférence de presse, elle a tapé du poing sur la table pour dénoncer – encore une fois – l’ouverture dominicale des grandes surfaces.

« Nous sommes la seule ville de France et de Corse à vivre cette situation, avec 20 200 m² ouverts 360 jours sur 365. Ces ouvertures dominicales mettent en danger l’activité des artisans, des commerces de proximité, des marchés maraîchers et des marchés forains »,ont expliqué Patrick Mias, président de la confédération générale de l’alimentation de détail, président du syndicat des bouchers de Corse-du-Sud, et Denise Fogacci, présidente de l’UPA et présidente du syndicat de la coiffure de Corse-du-Sud.

Selon eux, les créations d’emplois avancées par les défenseurs de cette mesure sont erronées, « car trois emplois sont détruits pour un créé. De plus, ces emplois sont créés le week-end au lieu de la semaine ».Plus généralement, ils mettent en exergue qu’« aucune étude sérieuse n’a démontré l’impact positif du travail du dimanche sur l’emploi. En temps de crise, et face à la volonté des employeurs, les salariés les plus précaires ne peuvent, évidemment pas refuser de travailler le dimanche. Ils comptent aussi gagner un peu plus mais au détriment de leur vie de famille, certains se retrouvant même sans solution pour garder leurs enfants. Enfin, l’impact environnemental d’une telle décision (coûts logistiques, d’entretien, de chauffage, d’éclairage et de transports) n’est pas à négliger ».

Un débat éminemment politique

L’UPA précise par ailleurs que les achats des consommateurs sont plus étalés sur l’ensemble de la semaine, sans être pour cela plus importants. « Il faut également rappeler que l’ouverture dominicale des grandes surfaces – situées en périphérie – vide les centres-villes. Ainsi, le marché central d’Ajaccio voit son chiffre d’affaires chuter le dimanche matin de 40 % depuis que l’ensemble des grandes surfaces ajacciennes est ouvert, c’est-à-dire depuis le début de l’année. Enfin, l’augmentation des coûts dus au travail dominical crée une augmentation des prix… »

Sachant que le sujet est éminemment politique, Patrick Mias souligne par sa part que le secrétaire d’État chargé du Commerce et de l’Artisanat, Frédéric Lefebvre, a été interpellé lors de la préparation des assises nationales de l’artisanat. « Et à ce jour, nous n’avons plus aucun contact ».

Devant la préfecture le 7 avril

Quoi qu’il en soit, pour marquer les esprits et enclencher une démarche plus fédératrice auprès des Ajacciens, l’UPA de la Corse-du-Sud organise le samedi 7 avril, à partir de 13 heures, une manifestation devant la préfecture à Ajaccio.

Elle souhaite ainsi faire du préfet un arbitre « impartial » de ce sujet de société.

« Nous savons bien que vis-à-vis de la loi, les grandes surfaces ont en effet le droit d’ouvrir le dimanche matin jusqu’à 13 heures. Nous espérons que le préfet entendra notre voix pour qu’il mette en place un arrêté préfectoral décidant de suspendre cette ouverture, notamment l’hiver. Car, durant la saison estivale, la situation est effectivement différente »,remarque Denise Fogacci.

Bref, pour l’UPA, il est temps désormais que « les gens sachent que laisser les grandes surfaces ouvertes le dimanche détruit des emplois qualifiés. C’est pour cette raison que nous invitons toutes les personnes touchées par cet état de fait à participer à cette manifestation. Un appel sera aussi fait aux syndicats salariés pour qu’ils prennent leurs responsabilités. »

L’UPA qui tient néanmoins à préciser que son combat « n’est pas une opposition systématique » aux grandes surfaces. « Nous souhaitons juste défendre nos métiers. car si rien n’est fait nous allons disparaître ».

Patrick Mias en sait quelque chose : il y a 25 ans, la cité impériale comptait 35 artisans bouchers. Aujourd’hui, seulement 12… « Bien sûr, d’autres facteurs expliquent ces disparitions. Mais l’ouverture dominicale est un coup de massue dont on ne se remettra pas ».

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