Union sacrée contre le travail du dimanche

La Vie – Laurent Grzybowski – publié le 29/02/2012

Non au travail dominical ! Syndicats, Eglises et parlementaires de tous bords, réunis au sein de l’Alliance européenne du dimanche, lancent le 4 mars la première Journée pour le dimanche sans travail. Chaque organisation est invitée à choisir son mode d’action pays par pays.

« Nous croyons que tous les citoyens de l’Union européenne ont le droit de bénéficier d’horaires de travail décents, ce qui, par principe, exclut le travail du soir, de nuit, des jours fériés et du dimanche. Seuls les services essentiels doivent fonctionner ce jour-là. » Au nom de ce principe, l’European Sunday Alliance, qui regroupe des parlementaires de tous bords, des syndicats et des organisations religieuses ou philosophiques de différents pays d’Europe, appelle tous ses membres et ses sympathisants à se mobiliser, le dimanche 4 mars, pour une Journée européenne du dimanche sans travail. Une première qui en dit long sur l’inquiétude de ses auteurs face à des législations nationales de plus en plus libérales. 

Dans un appel diffusé sur internet (à télécharger en PDF en cliquant ici), les membres de l’Alliance estiment que les pratiques en cours au niveau communautaire devraient « mieux protéger la santé, la sécurité et la dignité de tous, et promouvoir d’une façon plus affirmée la conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale ». Ils souhaitent aussi renforcer « la cohésion sociale des citoyens européens ». Lancée à l’initiative de députés allemands, cet appel à l’action a été signée par les représentants des Eglises, notamment par la Commission des épiscopats de la communauté européenne (Comece) et par de nombreuses organisations syndicales, parmi lesquelles Solidarnösc, pour la Pologne. En République tchèque ou en l’Italie, en Irlande ou en Autriche, chaque organisation est invitée à choisir son propre mode d’action.

Les deux syndicats français qui ont déjà rejoint le mouvement, Force ouvrière et la CFTC, ont prévu de manifester le 4 mars devant une grande surface parisienne (dont le lieu ne sera révélé qu’à la dernière minute), ouvrant le dimanche en toute illégalité. « L’ultra-libéralisme est en train de céder la place à l’ultra-consumérisme », regrette Joseph Thouvenel de la centrale chrétienne. « C’est la raison pour laquelle nous militons pour que l’Europe inscrive dans le marbre l’obligation du repos dominical. » « En ces temps de crise économique et financière, où l’emploi et les droits sociaux sont de plus en plus mis à mal, le dimanche chômé est une démonstration claire et visible que les personnes et les sociétés dans leur ensemble ne sont pas uniquement soumises au travail et à l’économie », écrivent dans leur appel les membres de l’Alliance.

Selon Alain Griset, vice-président de l’Union européenne de l’artisanat et de la petite et moyenne entreprise (UEAPME), « le travail dominical est une remise en cause de l’économie de proximité qui est aujourd’hui la seule à avoir la capacité de faire vivre les centres urbains et les espaces ruraux. Il y a donc là une véritable contradiction avec les politiques de réanimation des centres villes. » et avec les politiques de développement des zones rurales. Avec un risque d’accroitre les inégalités entre les territoires. Pour le collectif des Amis du dimanche, dont le site relais l’opération, aucun doute n’est permis : « A part Ikea, Confo, Leroy-Merlin, Casto, Jardiland, Le Grand Cercle, Family Village, Go Sports, Gemo, King Jouets, Planet Saturn, Plan de Campagne ou Usine Center, qui peut souhaiter la mort de la loi de 1906 instaurant le repos dominical ? »

Après les déclarations du président de la République, affirmant début janvier son intention d’étendre l’ouverture des magasins le dimanche à toutes les villes de France, le débat commence à s’inviter dans la campagne électorale. Ainsi, à l’instar de François Bayrou, candidat du Modem, le député UMP des Yvelines, Etienne Pinte, déplore, « qu’au nom d’un soi-disant modernisme, on ne propose à nos concitoyens qu’un idéal de vie centré sur toujours plus de consumérisme et qu’on fragilise la vie familiale, amicale et associative en ces temps de crise ». Une opinion partagée par le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon qui, dans un communiqué publié le 17 février, estime qu’en proposant de généraliser le travail du dimanche, Nicolas Sarkozy s’en prend une fois de plus aux conditions de vie de ceux qui n’ont pas la possibilité de refuser le pire ».

Laisser un commentaire