Selon l'auteur de l'amendement ConfoKea : le travail dominical n’est pas une régression sociale.

Groupe UMP du Sénat, février 2012.

Le travail dominical n’est pas une régression sociale !

Force Ouvrière annonce fièrement, dans son hebdomadaire daté du 18 janvier 2012, la condamnation de l’enseigne de bricolage Bricorama par le tribunal de grande instance de Pontoise pour l’ouverture dominicale de ses magasins en Ile-de-France. Une trentaine de magasins sont concernés par ce jugement et condamnés à une astreinte de 30 000 euros par ouverture constatée.

Qui peut, avec autant de légèreté, afficher sa satisfaction que trente entreprises soient du jour au lendemain contraintes de fermer leurs portes le dimanche, mettant en difficulté leurs salariés, tant sur le plan financier que dans l’organisation de leur vie quotidienne ?

Qui peut, avec autant d’irresponsabilité, s’en prendre aux emplois de salariés, souvent étudiants, volontaires pour travailler le dimanche, à l’heure où le Président de la République décrète la mobilisation générale en faveur de l’emploi et de la création d’activités ?

 

Qui peut, à contre courant des autres centrales syndicales, se réjouir de vouloir faire condamner de nouvelles enseignes au mépris de l’intérêt des salariés concernés, sans les avoir consultés.

Le travail dominical n’est pas une régression sociale s’il est accompagné d’avantages clairs et significatifs au bénéfice des salariés volontaires. Il permet d’abord à de nombreuses familles d’accroître leurs revenus. Il permet aussi à des étudiants de financer leurs études. Enfin, il répond à un vrai besoin des consommateurs : les enseignes n’ouvriraient naturellement pas le dimanche si les clients n’étaient pas au rendez-vous ; c’est là le vrai baromètre de l’utilité de l’ouverture dominicale, en particulier dans le secteur du bricolage largement pratiqué par les Français durant le week-end.

Il faut cesser de considérer le travail dominical avec dogmatisme : la question n’est ni de droite ni de gauche : des élus de tous bords, comme par exemple le maire communiste de Gennevilliers dans mon département, ont montré leur pragmatisme à ce sujet.

De façon générale, nous oublions trop souvent le nombre et la complexité des lois, réglementations ou normes qui pèsent sur nos entreprises. Il convient de les clarifier et de les simplifier.

Je suis convaincue qu’en donnant plus de liberté aux consommateurs, aux salariés et aux entreprises, chacun y gagnera.

Isabelle Debré,
Sénateur des Hauts-de-Seine,
Vice-présidente de la commission des affaires sociales

Quelle belle leçon de responsabilité notre jolie sénatrice – Isabelle fut actrice et mannequin, dans une jeunesse qui n’est pas si éloignée, [cette mention, sans doute par humilité, a été effacée de sa page actuelle Wikipédia, mais il est possible de la retrouver dans les versions archivées]- donne-t-elle à ces syndicalistes de FO, qui ne connaissent décidément rien au monde du travail.

Comment peut-on se réjouir, s’enflamme la bêle Isabelle, du fait que des entreprises « soient contraintes de fermer leur porte » ? (Pour aider le lecteur, la rédaction s’empresse de préciser que les entreprises dont l’ex-mannequin-sénatrice parle, ce ne sont pas les nombreuses entreprises qui ont du fermer leurs portes à cause de la concurrence des grands groupes, elle ne pouvait pas les connaître, la pôvre, mais ces belles grosses entreprises respectables et respectueuses des droits de l’homme, qui font si bien travailler les chinois en Chine, et n’hésitent pas à aider de leur porte monnaie au rétablissement de l’équilibre budgétaire de la France, en payant volontairement, oui madame, les amendes qui leur sont aimablement proposées sous formes d’astreintes, au cas où elles ne respecteraient pas la loi républicaine sur le repos dominical des salariés).

Oui, nous le proclamons hardiment, avec la brêlle Isabelle, le travail du dimanche est une vraie avancée sociale ! (Pour aider le lecteur, la rédaction s’empresse de préciser que l’avancée sociale dont la comédienne-sénatrice parle concerne plutôt les dirigeants des grandes enseignes, que les dirigés, qu’elle fréquente d’ailleurs assez peu). Oui, il faut que les Français, tous, sans aucune distinction de race, de religion, de sexe, de niveau de revenu, ou d’opinion politique, puissent avoir accès, enfin, au bricolage universel du dimanche, une avancée significative qui marquera notre siècle, et dont nos petits-enfants pourront être fiers. La France, porteur de ce flambeau, donnera encore au monde une leçon de progressisme. Et pour cela, ouvrons les magasins de bricolage, en commençant par les magasins de meuble, et en continuant par les magasins de cannes à pèche. Quel plus beau divertissement familial, quelle activité est-elle propre à mieux élever l’âme si vulgaire du français moyen, que d’aller acheter un canapé chez ConfoKea le dimanche, avec toute sa famille ?

Oui, ouvrons les, ces magasins, chaque dimanche, et même la nuit s’il le faut : ainsi, nos chères têtes blondes arriveront-elles enfin a payer leurs études, et nous pourrons, dans un grand élan de solidarité nationale, affecter les bourses d’études dont elles étaient titulaires, aux chefs de famille qui auront été mis au chomage par manque de compétitivité face aux petits salaires des étudiants précaires, et aux mères célibataires obligées de démissionner pour pouvoir être présentes auprès de leurs enfants le dimanche. Quelle génie politique !

Oui, avec Madame l’actrice-mannequin-sénatrice, engageons nous enfin résolument dans la voie de la simplification législative ! Elle même ouvre ce chemin radieux et nous donne l’exemple : sans l’action résolue qu’elle a mené d’elle-même à la demande des intérêts qui étaient en jeu,  sans les informations inexactes (les mauvaises langues disent mensongères, mais la fin justifie les moyens) qu’elle a présenté au Sénat, avec le renfort bienveillant de Monsieur Chatel, l’amendement dit « ConfoKea » n’aurait jamais pu être ajouté in extremis à la loi de modernisation de l’economie du 3 janvier 2008, la simplifiant grandement. Cette loi serait ainsi demeurée tragiquement obscure pour l’éternité.

Monsieur Mallié, son fils spirituel, ne s’y est d’ailleurs pas trompé, puisqu’il a immédiatement disposé au service de Monsieur Sarkozy sa grande compétence à raconter des carabistouilles. Travaillant jour et nuit d’arrache-pied, lui qui avait l’habitude d’arracher des dents,  s’appuyant sur des sondages bidonnés et des pétitions fantaisistes, il a donné à la France cette loi sublime du 9 août, dont chacun peut voir aujourd’hui combien elle simplifie la législation française et aboutit, dans la paix et la justice, à une situation enfin clarifiée !

Merci, Madame Debré, combattante de la liberté humaine et du droit des peuples à devoir bricoler le dimanche en allant acheter des canapés, pour ce nouveau soutien que vous apportez à un débat qui, on le sait, vous tient tant à coeur, et pour ce billet dans lequel éclatent vos talents théatraux et de docilité.

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